Adrien Tomas est un auteur que l’on suit très régulièrement sur eMaginarock. Tout d’abord nouvelle sensation lors de la sortie de La Geste du Sixième Royaume chez Mnémos, il est devenu au fil des romans (Notre-Dame-des-Loups, La Maison des Mages, Le Royaume Rêvé) une des plumes confirmées de la scène imaginaire française. Avec Vaisseau d’Arcane, sa nouvelle série, il nous propose un univrs mêlant intelligemment Fantasy et Steampunk. C’est à mon sens LE roman de la rentrée de la fantasy que les lecteurs ne doivent pas louper.
Au Grimmark, la magie peut foudroyer en un éclair. Ses victimes, les Touchés, ne sont plus jamais les mêmes : ils possèdent une incroyable puissance, mais leurs esprits sont à jamais anéantis.
Lorsque son frère Solal est frappé par l’Arcane, Sof, infirmière raisonnable et sans histoire, décide de tout risquer pour le sauver du destin de servitude qui l’attend. Dans leur fuite éperdue à travers les steppes infinies et les forêts boréales, ils découvriront un monde sublime et redoutable.
Mais leur liberté est vue comme un affront, leur existence même comme un blasphème. Dans leur ombre, des factions s’affrontent, tissant autour d’eux un écheveau de machinations dont elles tirent les fils avec une virtuosité machiavélique.
La magie n’est pourtant pas une puissance qui se dompte…
Le réel talent d’Adrien Tomas réside dans son crâne, l’endroit où il parvient à échafauder des histoires aussi prenantes et complexes que Les Hurleuses. Ce premier tome est un petit bijou proposant à la fois une histoire globale, mais également un ensemble de petites trames qu’il fait se rejoindre pour créer une fresque étonnante. On retrouve ici un quatuor de personnages particulièrement intéressants : Sof et Solal évidemment, qui sont les héros de ce diptyque, mais également Nym et Gabba Do. Chacun d’entre eux possède son destin mais il est lié à celui des autres sans qu’il se sache au départ. La manière dont Adrien Tomas fait avancer son scénario est vraiment intéressante car au fil des pages il agrémente son écheveau global d’un ensemble de petits détails. Mêlant le destin des deux héros avec le futur du Grimmark, il va nous entraîner au Nord du pays, à travers les contrées sur lesquelles règnent les Orcs.
Mais c’est également là que se trouve le talent de cet auteur : il parvient à nous entraîner dans un monde de fantasy où les codes sont bouleversés. Ici les Orcs ne sont pas ceux des univers Donjons&Dragons que l’on connaît habituellement : proches de la nature, relativement pacifistes tant que l’on ne les cherche pas, chevauchant des rhinocéros laineux (oui, oui… cela surprend), et bien plus encore. Mais l’auteur vient en plus ajouter une pincée de steampunk avec pas mal de machines alimentées par l’Arcane. Cela correspond à la magie habituelle en fantasy, mais également à l’usage fait de la vapeur dans le steampunk. L’ensemble est vraiment bien amené et très très intéressant à découvrir.
Petite mention spéciale pour Gabba Do et les Abysséens, qui sont un des aspects qui m’a le plus surpris dans le livre. Ces poisson capables de se déplacer sur terre grâce à des appareillages complexes sont proprement impressionnants et j’ai trouvé cette idée proprement géniale. L’utilisation qu’en fait Adrien Tomas, et ce qui est promis dans le second tome, rend leur utilité au roman capitale.
La plume de cet auteur est également toujours aussi fluide, avec cette facilité autant dans les descriptions que dans les dialogues qui rend la lecture à la fois facile et littérairement impeccable.
Avec Les Hurleuses Adrien Tomas signe l’un des meilleurs romans d’imaginaire français que j’ai lu cette année. Innovant, inventif, surprenant, magnifiquement écrit et construit, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce livre, qui devrait devenir rapidement un indispensable de toutes les bonnes bibliothèques !