Légende ou réalité ? Comme nous l’explique l’auteur en préambule, le mythe d’Ann Bonny reste mystérieux, son existence même est incertaine. L’ensemble est revisité ici avec beaucoup de brio.
« Tu as la fièvre du pirate ma fille »
En 1718, Ann Cormack débarque à Nassau, sur l’île de New Providence, aux Bahamas. Arrivée de Caroline du Sud, cette jeune irlandaise qui fut élevée comme un garçon par un père procureur, rêve d’une autre vie que celle que sa condition de femme lui impose. Pour échapper à son destin, elle épouse un pirate de petite envergure, James Bonny, à condition de devenir son quartier-maître ! Grâce à cet accord Ann Bonny prend la mer. Travestie en homme, elle est prête à écumer les océans ! Mais, aux yeux de ce mari uniquement intéressé par l’héritage qu’il pourrait toucher, Ann reste une simple femme dans un monde d’hommes. Bientôt, elle s’aperçoit que son mari James œuvre en sous-main à la création d’une milice destinée à faire la chasse aux pirates aidé d’Ornigold. Elle décide de le quitter, mais James ne l’entend pas ainsi et cherche à la retenir pour la vendre comme prostituée à Cuba. Elle lui échappe et dès lors, trahie, abandonnée à son sort, elle va laisser libre cours à sa soif de liberté et de piraterie ! Elle commence à voler des navires avec un autre corsaire, Pierre Bousquet, avant de recruter son propre équipage et de faire la connaissance d’un des pirates les plus redoutés, le capitaine Jack Rackham alias Calico Jack ! À ses côtés, Ann Bonny va forger sa propre légende, celle d’une femme indépendante et sulfureuse qui se lancera à l’abordage avec audace et deviendra le fléau du gouvernement britannique…
Des pirates, des aventures et des coups bas !
C’est sur Nassau que se déroule majoritairement l’intrigue de ce récit. Ceux qui ont vu la série Black Sails ne seront pas dépaysés, car l’ambiance est très bien rendue. On y retrouve tous les ingrédients d’un bon roman de pirates : des combats en mer, des trahisons, des courses poursuites… Le tout porté avec un regard historique très appréciable. Saluons également les dessins colorés et réalistes, qui nous immergent très vite dans l’ambiance.
Un univers cruel et misogyne
Pas facile d’être une femme dans un tel contexte. Je ne sais si c’est par souci de féminisme, mais l’auteur dépeint particulièrement bien la violence vécue par Ann dans ce monde d’hommes où règnent les coups, les plaisanteries grasses et les viols. Cela n’en confère que plus de réalisme à l’ensemble.
Un personnage fort et attachant
Dans cet univers impitoyable, Ann se détache très vite comme un personnage fort et révolté. Refusant les contraintes que lui impose sa condition féminine, elle navigue avec ses propres armes : une bonne dose de détermination, beaucoup de séduction et un grand talent au combat. Plus qu’une légende, elle devient ici un symbole féminin puissant, luttant sans relâche pour faire valoir sa place et ses droits.
J’ai donc beaucoup apprécié cette relecture de la vie d’Ann Bonny !
Je vous remercie pour cette chronique et surtout d’avoir compris que ce récit dépasse le récit de piraterie, il est un document sur la condition féminine de l’époque, sans doute une des raisons qui a poussé Ann dans la praterie. Je voulais vraiment éviter le récit de chasse au trésor inévitable des récits de piraterie alors qu’à cette époque il n’y en avait déjà plus!