Cela fait maintenant un an et dix jours que l’ex-avocat Ben Holiday est devenu le souverain légitime de Landover, et tout va pour le mieux dans le royaume. C’est lorsque d’étranges rêves viennent déranger la quiétude de Ben, Questor Thews et Salica que tout bascule. Certes, l’annonce qui vantait les mérites de ce monde magique affirmait « Tous vos rêves deviendront réalité », mais… si ces songes n’étaient que d’épouvantables cauchemars ?
Après le tome 1 de la série du Royaume Magique de Landover, Royaume magique à vendre, par Terry Brooks, c’est désormais le tour du tome 2, La licorne noire, d’être réédité par J’ai Lu.
Et à la vérité, je n’ai pas grand chose à en dire de plus que ce que j’ai pu dire du tome 1, puisque tant en termes de défauts que de qualités, il se situe dans la droite lignée de son prédécesseur. Il s’agit toujours de fantasy qui mêle un côté très classique à un côté original. L’univers de Landover, bien que petit, reste un minimum intéressant mais pourrait être plus fouillé, d’autant qu’il ne bénéficie plus ici de l’effet de découverte qui jouerait en sa faveur. Pas d’effet durable de nostalgie non plus pour moi, le premier tome ne m’a pas suffisamment marquée pour cela. J’aimerais donc un peu mieux comprendre sa construction et son système de magie notamment, mais aussi ressentir un peu plus vivement les enjeux narratifs.
Au niveau du bestiaire et des personnages croisés, rien de bien nouveau sous le soleil de cet univers parallèle à part la rencontre d’un chat fort sympathique, pédant et énigmatique (mais c’est normal, c’est un chat, avec un tel animal je suis forcément conquise). La construction reste relativement identique à celle du premier tome, avec le modèle d’un chapitre = une aventure, ce qui offre à l’ensemble un rythme soutenu et plutôt bien maîtrisé. Et heureusement, car au niveau des émotions, de l’attachement envers les personnages, ce n’est toujours pas ça… On est vaguement content de revoir les figures connues du premier tome, mais au final aucun d’entre eux n’a vraiment évolué ni n’évoluera d’ailleurs et il y a comme l’impression que le personnage principal se retrouve à nouveau au point mort dans ce tome. C’est très léger et toujours aussi immature.
De plus j’ai véritablement eu l’impression que ce second opus était rédigé sur le même modèle narratif que le premier : tout semble aller plutôt bien, plus rien ne va, on rencontre le Maître des Eaux, les gnomes, la sorcière, le dragon, illumination finale et rideau, merci vous pouvez rentrer chez vous le spectacle est fini. Et les personnages féminins, mieux vaut ne pas en parler. Bon, Salica n’est pas totalement une potiche, elle prend un peu deux-trois initiatives et fait quelques trucs vaguement par elle-même ; mais elle est si parfaitement-amoureuse-dévouée-superbement-canon que *soupir*… certes elle nous fait la grâce de ne pas être humaine, mais ça manque cruellement de vrais personnages féminins intéressants. Et de personnages intéressants tout court d’ailleurs. Bon, au moins, ils ne sont pas insupportables au point d’en devenir détestables : simplement clichés et inconsistants.
Si ces défauts ne sont pas un frein à mon plaisir de lectrice grâce au rythme vraiment prenant et à l’univers qui reste intriguant et sympathique, le manque de surprises risque de me lasser au tome suivant dont j’espère toujours un peu plus de profondeur ; ici j’ai eu l’impression d’un opus « pour rien », qui ne fait avancer que d’une mini micro pichenette les enjeux principaux : un peu comme un épisode hors série, et c’est vraiment dommage pour le second tome d’une saga. En règle générale, si le premier tome est un tome d’exposition, parfois avec une fin en soi mais qui laisse une ouverture, le second quant à lui ouvre bien plus large, laisse entrevoir de nombreux enjeux, développe plusieurs intrigues parallèles qui ne trouveront leur dénouement que bien plus tard, et ce même s’il traite d’une aventure spécifique avec un début et une fin qui lui sont propres. Il permet de commencer à percevoir une certaine complexité dans la trame narrative, même quand le ton général employé est plutôt léger. Ici, comme vous l’aurez compris, il n’en est rien.
Je critique je critique mais au final la recette fonctionne tout de même encore – j’ai pris un réel plaisir à la lecture malgré tous ces défauts – mais plus pour longtemps. J’attends vraiment le tome 3 au tournant.
Ma conclusion :
-Un second tome toujours aussi léger mais qui reste agréable à lire
-Un univers toujours relativement intriguant mais que j’aurais aimé voir un peu plus approfondi
-Un second tome qui ne corrige pas les défauts du premier et qui manque de profondeur ; et si je ne me fais plus d’illusions en espérant que le manque évident de maturité qui suinte par tous les ports de l’intrigue s’atténue, j’espère malgré tout un peu plus de consistance de la part du troisième tome
Le Royaume Magique de Landover Tome 2 : La licorne noire
Terry Brooks
Couverture illustrée par Johann Blais
Traduit de l’anglais par Frédérique Le Boucher
Éditions J’ai Lu
2019