Bonjour, et merci de prendre le temps de me répondre. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Polarys ?
Douchan : Bonjour, je suis Douchan, guitariste-chanteur et fondateur de Polarys.
Sly : Bonjour, je suis Sly. J’ai rejoint l’équipage du Polarys en 2003, ce qui fait de moi, après Douchan, le plus ancien membre du crew.
Comment en es-tu venu au metal ?
Douchan : Par le classique et le rock ; le classique parce que j’ai eu une formation classique au conservatoire, j’ai commencé par le violon avant de m’intéresser à la guitare. En ce qui concerne mes goûts musicaux, ils se sont clairement dessinés à partir de mes 10 ans, lorsque j’ai demandé à mes parents mon premier vinyle, c’était Diesel and Dust de Midnight Oil. Puis très vite, le côté rock s’est confirmé avec Queen, U2. Et le groupe de metal qui m’a fait découvrir le style, ça a été Metallica, notamment au travers de leurs trois premiers albums. Et ensuite j’ai enchaîné.
Sly : Moi j’ai clairement senti l’appel. J’ai découvert le rock à l’âge de 10 ans et j’avais besoin d’une musique plus intense pour m’aider à canaliser le feu qui sommeillait en moi. Et puis comme j’avais tendance à rejeter tout ce qui était mainstream, je me suis trouvé des modèles plus à ma convenance, comme Steve Harris, qui m’a influencé dans mon choix de m’orienter vers la basse.
Comment est né Polarys ? Et pourquoi ce nom ? D’où est venue l’idée de ce black ésotérique qui fonctionne très bien ?
Douchan : Polarys est né lorsque j’avais commencé à écrire plusieurs morceaux, suffisamment pour m’entourer d’un bassiste et d’un batteur et d’enregistrer 7 titres, en 1997. Sur ces 7 titres, certains avaient déjà pour point commun le fait de se dérouler dans un futur assez lointain et j’ai alors eu l’idée d’écrire un concept album de type space-opera. Le groupe tire son nom de Stella Polaris, l’étoile polaire : voici notre référence à notre univers de prédilection : l’espace infini ! Par ailleurs l’étoile polaire a longtemps guidé les voyageurs nocturnes en leur montrant le nord, et c’est ainsi que je vois la musique : comme un voyage, une expérience immersive. Après je ne définirais pas notre musique comme du black ésotérique, même s’il y a quelques éléments dans notre musique qui peuvent s’en rapprocher, mais plus comme un metal très protéiforme, entre heavy, thrash, death, power, prog, doom, atmosphérique, bref une sorte d’agrégat entre plusieurs styles de metal que nous apprécions.
Cosmic Singularity est le nouvel EP du groupe. Comment s’est passée la composition ? Qui écrit la musique, qui se penche sur les paroles ?
Douchan : Contrairement à l’album précédent dont je suis l’unique auteur et compositeur, sur Cosmic Singularity il y a un instrumental, The Long Dark, qui a été entièrement écrit par Sly et le morceau d’ouverture Back To War, dont il a écrit la plupart des riffs et que j’ai complété avec mes idées et mes lignes de chant. En ce qui concerne les paroles, c’est moi qui les ai entièrement écrites, notamment dans le but de créer une histoire cohérente d’un morceau au suivant.
Sly : Même si les compos proposées par un des membres sont livrées dans une version assez aboutie au reste du groupe, l’apport de chaque musicien est très important. Nous modifions fortement les partitions et maquettes en fonction de nos essais en répète. Sur le prochain album, cette collaboration sera encore renforcée. Et Giovanni, notre lead, qui est un excellent compositeur et technicien, sera beaucoup plus présent dans la composition. Ses idées sont très novatrices et apporteront une nouvelle diversité à notre musique. Enfin, le rôle du clavier a aussi une grande importance pour donner la couleur Space Opera qui nous tient à cœur, et nous avons beaucoup d’idées pour développer son rôle. Ce sera un autre axe de travail.
Quels sont les thèmes que vous explorez dans cet EP ?
Douchan : Comme pour l’album précédent, il a deux niveaux d’écoute, ou de lecture des paroles. On peut considérer l’histoire racontée par la succession des morceaux, et dans ce cas on est dans un récit de science-fiction de type space-opera dans lequel on suit les aventures d’un commando des forces spéciales terriennes à l’aube du XXVIe siècle. Mais chaque morceau a son histoire propre et aborde des sujets variés : Back To War, on aborde la notion de devoir, de responsabilité et et de libre-arbitre. Cosmic Singularity et The Long Dark abordent sous un angle un peu mystique l’acte de foi, et le sacrifice et l’espoir de retrouver la lumière. Trapped in the Hub évoque combien nous sommes, à chaque moment, confrontés à des décisions qui peuvent s’avérer cruciales dans notre vie. Et dans The Warrior’s Pledge, ce sont les valeurs de fraternité, de courage et d’allégeance à une cause qui sont mises en avant, même s’il y a un côté second degré totalement assumé.
Où trouves-tu l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?
Douchan : J’avoue que je travaille souvent sur une vue d’ensemble, notamment au moment de définir un concept. Beaucoup de choses m’inspirent, que ce soit des moments personnels comme des faits de société marquants. Ensuite je vais souvent commencer à écrire en jouant un ou plusieurs riffs ou progressions d’accords, et en collant très rapidement une ligne de chant dessus. Ce n’est que bien plus tard que je pose les paroles, en faisant en sorte de relier les morceaux entre eux.
Sly : Je fais partie de l’école du thrash où le riff est très central dans la composition et j’aime bien le concept de “un riff par jour”. Après, en ce qui me concerne, je nomme très vite mes idées avec un titre fort, susceptible de m’inspirer le reste du morceau. Back to War ou The Long Dark ont par exemple gardé leur nom de travail car ils étaient suffisamment évocateurs pour que Douchan les intègre au reste du concept. Par ailleurs, j’avoue que certaines de mes idées me sont inspirées par mes kifs du moment, comme des lectures, BDs, films, séries, animés ou jeux vidéo…
Comment est-ce que vous avez bossé sur l’artwork de cet album ? J’ai beaucoup apprécié le côté spatial, raccord avec l’album.
Sly : C’est le fruit d’une collaboration avec SLO (https://slo-artwork.blogspot.com), excellent illustrateur, notamment auteur de la BD Metal Maniax ainsi que de nombreuses pochettes d’albums. Il avait réalisé la couverture de mon premier roman La coulée verte, qui est une histoire spatiale se passant dans l’univers de Polarys.
Douchan : En fait, nous avons soumis à SLO le concept de Cosmic Singularity, qui évoque une anomalie cosmique à savoir un trou noir, associé à une représentation stylisée du dieu hindou Shiva Nataraja pendant Tandava, à savoir la forme violente et destructrice de la danse cosmique de Shiva.
Quelle est ta piste préférée de l’album et pourquoi ?
Douchan : C’est toujours difficile de donner une piste qu’on préfère, je dirais peut-être Cosmic Singularity, j’aime beaucoup ce qui s’en dégage.
Sly : Cosmic Singularity est un morceau incroyable par les influences qu’il mélange. Il est très représentatif de notre façon d’approcher le monde du progressif, c’est-à-dire une grande part de narration et d’ambiances, mêlée à quelque chose de plus sombre et agressif. C’est aussi une musique en apparence accessible mais qui, quand on creuse, révèle un peu plus de richesse qu’il n’y paraît.
Un clip est sorti pour Cosmic Singularity. Vous avez d’autres choses dans les tuyaux ?
Sly : En mars prochain, nous tournons un deuxième clip mais dans un format différent du premier. On préfère laisser la surprise. Ensuite, notre actualité, c’est vraiment la promo de notre EP, les concerts, et le travail sur le prochain album, dont nous commençons à assembler les premières briques. On a aussi des projets en termes de scénographie.
Une tournée est-elle prévue pour défendre cet album et le promouvoir ? On peut vous voir où et quand sur scène ?
Sly : Nous jouons pour l’instant au coup par coup. Notre prochaine date sera le 10 mars au Klub, à Paris, en première partie du groupe finlandais Satan’s Fall. Nous avons ensuite plusieurs dates que nous devrions pouvoir communiquer rapidement, dont certaines en province si tout va bien.
Après, notre objectif est d’avoir un tourneur, mais nous n’avons rien enclenché maintenant en raison de la période des JO qui, pour des raisons professionnelles, bloque certains d’entre nous au niveau des dates.
Plein d’excellents albums sont sortis en 2023. Une préférence, un coup de cœur que tu voudrais conseiller ?
Sly : J’ai eu un véritable coup de cœur pour le groupe de Metal Prog Franco-Irlandais Molybaron, qui a sorti au mois de septembre dernier son 3ème album Something Ominous. Ils sont super bons et j’adore la qualité de leurs prods. J’adorerais les rencontrer et partager une affiche avec eux.
Douchan : de mon côté, mis à part Cosmic Singularity, j’aime beaucoup le dernier Katatonia, Sky Void of Stars.
Merci pour tes réponses et à très bientôt