Un roman de fantasy au scénario classique, qui pose néanmoins des questions intéressantes.
Invocatrices, c’est l’histoire d’une jeune femme, Naïma, de son meilleur ami Zary et de deux mondes habitués à se détester. C’est une histoire de guerre, une histoire d’aventure, une histoire d’amour et de magie. C’est une histoire où il y a tout. Tous les ingrédients pour faire un bon roman. Un de ceux qu’on dévore et dont on se souvient. Chacun des deux mondes est aux prises avec un tyran, chacun se bat pour un avenir meilleur.
Orpheline, Naïma n’a que dix-sept ans et ne sait rien de ce qui se trouve au-delà des limites de son village. Elle décide pourtant de le quitter pour échapper à la famine. Mais elle n’en sait pas plus sur ce qui l’attend. Elle doit tout découvrir. Tout. La ville, le dictateur fou, la sorcière maléfique, la magie, son destin exceptionnel…
« Tu as le rôle principal tandis que nous avons les seconds rôles. D’autres ne sont que des figurants mais sont-ils pour autant davantage maîtres de leur destinée ? Je n’en suis pas sûr… »
Dans ce roman de fantasy particulièrement bien mené, Océane Pesnel nous fait vivre plus qu’une aventure, elle nous fait vivre une épopée.
Un scénario de fantasy classique et qui fonctionne
Je suis entrée dans le roman dès les premières pages. On retrouvera ici de nombreux ingrédients classiques du roman de fantasy. Mais dans l’ensemble, ça fonctionne bien. Face au mal absolu, une héroïne aux pouvoirs surnaturels se découvre l’élue, chargée de combattre une armée portée par un ennemi terrifiant. Des compagnons de route aussi disparates que sympathiques lui apporteront leur aide sur ce cheminement pavé d’obstacles. Ensemble, ils parcourent le monde à la rencontre des peuples susceptibles de les soutenir dans leur quête. Ce type d’histoire a, certes, déjà été raconté de nombreuses fois. L’ensemble est cependant bien narré, et je m’y suis facilement laissé prendre.
Un rythme sans temps mort
Les aventures s’enchaînent au long des pages. Et si certains passages sont un peu moins mouvementés que d’autres, ils offrent néanmoins des oasis de calme bienvenues, et permettent aux personnages davantage de réflexion. Le rythme soutenu de l’histoire ne laisse donc pas de place à l’ennui.
Une psychologie intéressante
Le principal intérêt de ce roman réside à mon dans dans la psychologie de l’héroïne. L’originalité se trouve ici dans les questionnements de ce personnage principal. Tout au long du roman, Naïma s’interroge beaucoup sur le sens de son sacrifice, et surtout sur sa mort éventuelle. Plus le récit avance et plus elle craint cette fin inéluctable, torturée par les pensées et les angoisses qui s’y rapportent. Ce parti pris tranche avec des héros aux aspirations plus classiques, semblant adhérer sans réserve à leur sort. Mais il rend aussi l’héroïne très humaine, et permet une identification forte, parfois troublante.
Les autres personnages sont plutôt sympathiques et apportent un peu de couleur à l’histoire. Je garde une réserve néanmoins sur Jocko, que j’ai trouvée trop caricaturale dans ses réactions pour être crédible.
Les invocatrices est donc un roman qui nous offre un bon moment de lecture !