Cela fait des années que j’entends Thomas Bauduret, traducteur de ce roman, me vanter les mérites de cette trilogie des poudremages. Donc lorsque j’ai vu que les éditions Léha publiaient le premier tome de la série, La Promesse du Sang, je me devais de le découvrir mais aussi de vous en parler. De la fantasy dans un monde proche de notre XIXe siècle, le tout alimenté par un double-système de magie : que demander de mieux ? Allez suivez-moi pour une balade à Adopest !
« L’Âge des Rois est mort… et c’est moi qui l’ai tué. »
Il n’est pas facile de renverser un roi. Pourtant, le coup d’état fomenté par le maréchal Tamas a envoyé les nobles à la guillotine et sauvé le peuple d’Adro de la famine. Mais le plus dur est à venir, il le sait. Sa prise de pouvoir a ravivé les conflits entre les Neuf Nations, en particulier avec ses puissants voisins, les Kezs, privés de juteux accords commerciaux et qui sont sur le point d’envahir Adro.
Assiégé de l’extérieur, menacé par des royalistes fanatiques, obligé de composer avec l’Église, une armée de mercenaires et le puissant syndicat des travailleurs d’Adro, traqué par de puissants mages et trahi par de proches alliés, Tamas est cerné par les complots. Il ne peut compter que sur son instinct, quelques fidèles, les derniers poudremages de sa cabale dont Taniel – un tireur d’élite qui est également son fils – et Adamat, un enquêteur hors pair mais lui-même la cible de mystérieux ennemis.
Lorsque des prophéties immémoriales de mort et de destruction, de dieux s’éveillant pour marcher parmi les hommes menacent à leur tour de devenir réalité, comment ne pas craindre le pire ?
Dès les premières pages du roman le contexte géopolitique est posé. Tamas a réalisé son coup d’état en pleine nuit, démettant le roi Manhouch de son trône, et convoquant l’enquêteur Adamat pour lui confier une mission de la plu haute importance. Rapidement le lecteur va également rencontrer Taniel Deux-Coups, fils du maréchal, poudremage et tireur d’élite, et les trois vont nous servir de points de vue pour en apprendre plus sur l’avenir d’Adro et sur ce qu’est cette fameuse promesse de Kresimir. Un scénario parfaitement maîtrisé par Brian McClellan qui parvient à nous plonger au cœur de son univers avec facilité et à nous faire suivre les pérégrinations de ses personnages dans un univers passionnant qu’il crée de toute pièces. Un petit côté Révolution française se dégage de l’ensemble mais les composantes fantasy viennent relever le tout intelligemment.
Le système de magie, double dans cet univers, est vraiment intéressant. Il y a tout d’abord les Privilégiés, sorte de magiciens assez classiques, déchaînant des forces impressionnantes. Et il y a les poudremages, dont le pouvoir est différent. Ils peuvent faire exploser de la poudre à distance, dévier des balles… le tout en inhalant un peu de poudre à canon. L’idée proposée par l’auteur est vraiment innovante, même si on retrouve un petit côté allomancien à la Brandon Sanderson. Le tout fonctionne impeccablement et le lecteur se prend au jeu de ce qui nous est proposé.
Les personnages, nombreux comme on s’en doute, sont parfaitement décrit. Bien évidemment l’accent est mis sur les trois protagonistes principaux. Tamas est impeccable dans son rôle, convaincu de sauver son pays de la ruine et de le redonner au peuple, avec un rectitude toute militaire. Son fils, Tamas, est un peu plus chien fou, addict à la poudre mais néanmoins terriblement compétent dans ce qu’il fait. Les relations avec son père vont également avoir un impact au cœur de ce roman. Et enfin Adamat, ancien inspecteur qui va se retrouver à courir le pays en quête de la solution d’un mystère mystique. Une galerie complète de personnages secondaires ayant une grande importance apparaît également : Olem le garde du corps, Sabon, le Privilégié déchu Bobardor, l’inquiétante Julène, et bien d’autres. Chacun s’identfie aisément et le lecteur capte très rapidement qui est qui au fil de la lecture, signe que tout est bien mis en place.
Le rythme imposé par Brian McClellan est également très intéressant. Le lecteur ne s’ennuie pas et même si les chapitres sont assez longs, ils sont parfaitement découpés pour nous faire plonger dans l’histoire avec facilité. Le style de l’auteur joue également pour beaucoup : il ne surjoue pas des descriptions, préférant laisser la place à l’imagination et laisser l’action se dérouler. Un choix à mon sens gagnant.
Ce premier tome de la série des poudremages est très intéressant, à la hauteur de ce que Thomas m’avait annoncé à l’époque. Brian McClellan propose un premier tome prenant, et l’éditeur a d’ores et déjà annoncé les sorties des deux tomes suivants, montrant qu’ils ne laisseront pas les lecteurs en rade. Cette optique éditoriale très éthique vis-à-vis du lecteur est à noter d’ailleurs. Mais revenons à La Promesse du Sang qui est un premier tome très réussi, sans réelle fausse note et qui vient changer un peu de la fantasy « classique » que l’on lit à longueur de temps. Un belle épopée dans un univers passionnant.