L’oeil de vérité : La passeuse de mots T2 – Alric & Jennifer Twice

Un roman terriblement frustrant qui, comme dans le premier tome, combine de gros problèmes avec de très bons aspects.

La Cité Immergée n’aura pas laissé Arya et ses compagnons indemnes. De retour sur le Narcisse, convaincue par les deux nouveaux pouvoirs qui lui ont été délivrés, Arya croit plus que jamais à ce lien indéfectible qui relie tous ceux qui l’accompagnent sur son chemin et à l’espoir qui grandit chaque jour de retrouver les héritiers d’Hélianthe et sa famille. Pourtant, une toute autre réalité s’impose à elle. Celle d’un détour inévitable parmi les dunes brûlantes du désert, d’une traversée dans le temps et de la découverte d’âmes aimantes prêtes à braver les interdits. La menace des soldats de Verre, quant à elle, se répand comme du venin sur les terres d’Hélios et le danger s’accroît de jour en jour. Arya le sait, les liens du cœur et de la vérité scelleront son destin de Passeuse de Mots à jamais.

Le premier tome m’ayant laissé un avis mitigé, je comptais sur le deuxième pour me permettre de trancher. Mission accomplie ? Pas vraiment…

On prend les mêmes et on recommence 

J’avais pointé la psychologie des personnages comme un des gros problème du volume 1. Même s’il y a du mieux, ce point persiste malgré tout.

On apprend ici à mieux connaître Killian et c’est appréciable, il nous devient plus attachant… presque trop en définitive pour que c’en soit crédible. Avec le tome précédent c’est le grand écart : il passe du bad boy à l’homme idéal, d’un stéréotype à l’autre, et gagne finalement assez peu en consistance.

Quant à l’héroïne Arya… comme le dirait si bien Hermione à Ron dans Harry Potter, elle a a le quotient émotionnel d’une cuillère à café. Sa passivité m’était de plus en plus insupportable au fil des pages. Je comprends le parti pris de s’extraire un peu des héroïnes guerrières et badass, mais ici c’est l’extrême inverse. Arya est incapable de prendre une décision par elle même : Killian ordonne, Arya exécute sans mot dire, sans s’interroger, sans remettre en cause. Bien que le récit soit à la première personne, les événements la traversent de manière très factuelle, sans qu’elle semble y attacher aucune émotion. C’est particulièrement vrai dans ses interactions avec Killian : le voleur dépérit littéralement d’amour pour elle, mais elle ne le comprend absolument pas et n’attache aucun ressenti émotionnel à leurs contacts physiques, pourtant de plus en plus rapprochés. Ce personnage me semble totalement vide, ce qui rend l’implication littéraire particulièrement compliquée pour moi.

Même le grand méchant reste à mon sens trop caricatural dans sa démesure. Certes on adore le détester tant il est odieux mais trop c’est trop, et en définitive il y perd en crédibilité tant il est manichéen.

Incohérence géographique et délayage… 

Le problème de cohérence géographique demeure là aussi, même s’il s’avère un peu moins prégnant que dans le tome précédent. On continue à parcourir des lieux qui semblent appartenir à des romans différents, de se promener tranquillement sur la carte de l’histoire alors que le monde est (soi-disant) au bord de l’apocalypse. En conséquence ça delaye, ça delaye toujours autant. Au bout de plus de 1000 pages, le suspense se mue en ennui.

Une histoire qui démarre très (très) tardivement

Globalement, j’ai obtenu ce que j’attendais depuis le début du tome 1 au bout de la page 500 du tome 2. Soit plus de 1000 pages qui traînent et baladent le lecteur : c’est trop long. Le contraste avec le final est énorme, puisqu’on absorbe en l’espace de quelques pages un gros retournement de situation et une foule d’informations qui remettent beaucoup de choses en cause. Une fois de plus, j’ai trouvé qu’il y avait un vrai problème de dosage au niveau du rythme.

Poursuivra ? Poursuivra pas ? 

Pourtant… Pourtant force est de reconnaître que je me suis laissé happer par l’histoire, car de très bons points demeurent.

J’ai préféré de très loin ce volume au précédent, car une fois que l’histoire démarre vraiment, elle tient ses promesses. Celles que j’étais venue chercher à la lecture de la quatrième du premier tome… Ici, l’inventivité des auteurs est débordante. Ce trait est trop souvent réservé aux romans jeunesse, je prends toujours beaucoup de plaisir à le retrouver dans une littérature plus adulte.

Quand ils le veulent, A.&J. Twice savent aussi insuffler un vrai sens du suspense et de l’action. Les passages décisifs sont absolument captivants, je les ai lus comme si ma vie en dépendait. Les relations entre les personnages, en dépit de leurs défauts, ont ce petit côté addictif qui nous donne délicieusement envie d’en savoir plus.

Je m’attendais donc à être soit convaincue soit déçue… et je me retrouve une fois de plus un peu mitigée. Au premier tiers du livre j’étais prête à lâcher l’affaire. Mais après avoir dévoré les deux cent cinquante pages finales, à présent que le récit semble enfin démarrer pour de bon, j’ai bien envie de voir où il m’emmène.

Titre : L'oeil de vérité
Série : La passeuse de mots
N° du tome :
Auteur(s) : Alric & Jennifer Twice
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) :
Format : Grand format
Editeur : Hachette
Collection :
Année de parution : 2021
Nombre de pages :
Type d'ouvrage : Roman

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