Un roman très original, immersif et surprenant.
Berlin. Lior Tirosh, écrivain raté et désillusionné, embarque pour la Palestina, son pays natal, fuyant une existence minée d’échecs. Il espère retrouver à Ararat City la chaleur du foyer mais la ville est désormais ceinturée par un mur immense, et sa nièce, Déborah, a disparu dans les camps de réfugiés africains. Traqué, soupçonné de meurtre, offert en pâture à un promoteur véreux, Lior est entraîné malgré lui dans les dédales d’une histoire qu’il contribue pourtant à écrire.
Un contexte particulièrement réaliste
Le roman s’inscrit dans un monde alternatif où l’Israël, terre promise des Juifs, aurait trouvé sa place en Afrique. Comme nous l’apprend la préface, ce postulat original est issu d’une réflexion véridique mais a finalement été abandonnée. C’est donc dans ce contexte alternatif que s’écrivent les premiers chapitres.
Contexte particulièrement réaliste, puisque l’auteur prend grand soin de nous présenter son décor. De fait, les débuts sont très descriptifs : Tidhar narre avec minutie les paysages où se déroulent l’histoire. Il prend le temps de nous raconter les sons, les odeurs, les lumières. Ce rythme est un peu lent par moments, mais permet une immersion parfaite au sein de cette Palestina.
Une narration étonnante
Sur toute la première partie de l’histoire, la narration se concentre sur Tyrosh. Cependant, on comprend au fur et à mesure qu’en réalité, ce sont d’autres personnages qui nous content le récit. La présence de ces narrateurs s’impose ponctuellement par le biais d’indices qui perturbent la lecture, et passer de l’un à l’autre se révèle assez contre-intuitif. Mais ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, et cela prend plus de sens à la fin.
Un virage inattendu
Le rythme du récit s’accélère légèrement à partir du meurtre, et semble nous emmener dans une direction… pour mieux nous surprendre plus tard. Car un autre personnage se dévoile alors, donnant une dimension totalement différente à l’histoire. Des éléments de fantastique se mettent en place avec beaucoup de naturel, comme s’ils avaient toujours été là.
Mélange des genres et des frontières
Il en ressort un aspect tout à fait fantastique qui m’a particulièrement plu, où les frontières se brouillent avec les réalités, avec les identités propres. L’ensemble est donc très réussi : ce roman a réussi à me captiver.
Entre uchronie et fantastique, ce roman percutant tient donc toutes ses promesses !