Une BD dans la droite lignée du roman Mers Mortes qui aurait mérité d’être un peu plus longue.
Mers et océans ont disparu. L’eau s’est évaporée, tous les animaux marins sont morts. Dans un monde changé en désert, la mer fantôme revient hanter les hommes. Paris en ruines tremble sous l’ombre d’une baleine blanche et seuls les musiciens de l’Opéra parviennent à canaliser sa fureur en jouant pour elle. Jusqu’au jour où deux voyageurs s’en mêlent : une femme qui danse avec les méduses et un homme au passé trouble. Sont-ils du côté des survivants ou de celui des spectres ?
Avec cette BD, Aurélie Wellenstein retourne dans l’univers de Mers Mortes pour raconter le passé et notamment un moment de la vie de Bengale, le capitaine du navire fantôme que l’on découvre dans le roman.
Cette fois-ci, l’animal marin mis en avant n’est pas une dauphine, mais une baleine blanche qui hante le quartier de l’Opéra de Paris. Quelques survivants se cachent dans le monument et lui joue chaque soir un nouveau morceau afin de l’apaiser, mais personne n’a réussi à l’exorciser. Lorsque Bengale débarque dans le clan, ses étranges pouvoirs vont bouleverser la vie des survivants.
Je vous conseille vivement d’avoir lu le roman avant, car sinon, le terrible secret de Bengale (qui est au coeur du roman) vous sera ici spoilé ce qui amoindrira sans aucun doute la lecture de Mers Mortes. J’ai été ravie de replonger dans le monde marin de Wellenstein qui est ici souligné par les magnifiques illustrations d’Olivier Boiscommun. L’explosion des couleurs et le travail sur la lumière contrastent grandement avec le ton sombre et triste (malgré quelques touches d’humour par l’intermédiaire de Bengale) de l’histoire.
Toutes les planches marines sont particulièrement réussies et on a vraiment l’impression de se retrouver sous l’eau.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Chrysaora, la femme qui danse avec les méduses, qui donne à la BD un ton réellement poétique.
A l’inverse, Bengale ne m’a pas séduite. Il est déjà compliqué dans le roman, mais comme il tient ici le premier rôle et qu’il est toujours aussi prétentieux, il est vraiment difficilement appréciable. Le scénario manque peut-être de précision et les ellipses narratives perturbent parfois la lecture : la seconde partie (passée les 30 premières pages) est plus rythmée et le plaidoyer de Wellenstein en faveur de la faune marine m’a semblé encore plus appuyé que dans le roman. La séquence entre Bengale et la baleine blanche (attendue depuis le début, évidemment !) est parfaitement maîtrisée.
Il faut également souligner le carnet de voyage de Chrysaora placé en fin d’ouvrage : il permet de contextualiser le voyage de cette femme ; il est drôle et très bien illustré avec de petits cabochons à la peinture.
La baleine blanche des Mers Mortes est une BD poétique et visuellement superbe. 54 pages, c’est par contre vraiment trop court pour bien rentrer dans les histoires de tous les personnages présentés (on pense à Jonas par exemple qui n’est pas suffisamment exploité). Je pense que c’est une BD qu’il faut relire, quitte à la faire en relisant également Mers Mortes afin d’être imprégné de l’univers marin de Wellenstein.