Bonjour Jean-Laurent, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Pourrais-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs et nous expliquer comment tu en es venu à l’écriture ?
Bonjour. Je suis auteur de trois romans de fantasy historique publié aux éditions ActuSF : Royaume de Vent et de colère (sur les guerres de religion à Marseille), Boudicca (une reine celte qui s’oppose à l’invasion romaine sur l’île d’Angleterre) et Je suis fille de Rage (un roman à multiples personnages sur la guerre civile américaine).
Je suis venu à l’écriture assez tardivement, vers 35 ans. Je suis scientifique à la base et pas du tout littéraire. Je suis dyslexique également et c’était une façon de dire : l’écriture ne m’est pas aisée ? Je m’en fiche, je vais le faire quand même pour prouver le contraire. J’ai commencé par des nouvelles, puis la suite à fait que mon premier roman a été tout de suite retenu par mon éditeur.
Attaquons directement dans le vif du sujet avec ton dernier roman, Je suis fille de rage. D’où t’es venue la première idée de ce livre, que l’on ne peut pas vraiment qualifier de roman, mais plus de fresque historique ?
Je suis fan d’histoire – sans surprise – et j’ai tout de suite pensé que la guerre de sécession ferait un superbe cadre pour un récit de roman mélangent histoire et fantastique. Les thématiques que cette guerre soulève rejoignent celles que j’aborde dans mes autres textes : la réflexion sur la violence, la lutte contre l’esclavage, la place de femmes…
J’avais beaucoup d’ambition pour ce texte : je voulais beaucoup de personnages, intégrer des documents historiques dans la fiction… Cela a donné Je suis fille de rage. Je ne me doutais pas de la quantité de travail énorme que cela me demanderait. Pour la petite histoire, cela devait être mon deuxième roman, mais devant l’ampleur de la tache, j’ai préféré travailler sur un autre texte avant m’atteler pleinement à l’écriture de Je suis fille de rage.
Parmi la galerie de personnages que tu développes, lequel ou laquelle est ton/ta préféré(e) ?
Difficile à dire. Je pense que j’ai adoré écrire La fille qui n’a plus de père (la « fille de rage » qui donne son nom au livre). L’histoire de cette femme du sud qui quitte les siens pour s’engager au nord face à sa propre famille m’a demandé beaucoup d’investissement. Idem le personnage de Minuit que j’ai vraiment conçu comme un monologue de théâtre et que j’ai adoré incarné.
Comment travailles-tu lorsque tu écris ? Fais-tu tout d’abord un ensemble de recherches historiques avant de te plonger dans l’écriture ?
Les deux se font en parallèle et s’alimentent. Je commence par écrire – sans plan, ni ordre chronologique – les scènes que je veux voir dans le romans, avec mes connaissance parcellaires de cette période et ma naïveté. C’est comme a que la fin a presque été écrire dés le départ (c’est souvent le cas dans ma méthode de travail.) Puis peu à peu, je me renseigne, cela alimente le récit. Viennent les retours des relecteurs et je coupe, réécris. Une trame globale se fige peu à peu que je retravaille dans les détails à la fois historiques et littéraires.
Tu es passé finalement du Moyen Âge de Royaumes de vent et de colère et Boudicca, à la Guerre de Sécession. Cela fait quand même un sacré grand écart. Comment t’en es-tu sorti pour passer de l’un à l’autre ?
Chaque livre est une bulle : une fois que j’en sors, je repars de zéro. Chaque roman est une aventure en soit. Cela quelque chose de plaisant de réapprendre à chaque fois. Sans cette surprise et cette redécouverte sur contacte historique, je me lasserai je pense. J’adore apprendre : c’est un véritable moteur pour moi.
Finalement il existe très peu de romans sur cette guerre, en tous cas dans le domaine de l’imaginaire. Qu’est-ce qui t’a passionné dans cette période ?
On est vraiment sur un vraiment dans un cadre historique à la fois mal connu des lecteurs francophones – car peu utilisé – et à la fois une période où débordante de thématiques et de problématiques très contemporaines. L’aborder par l’écriture est une mine d’or pour un auteur… autant qu’une boite de Pandore ! Le fait qu’elle soit très documentée nécessite un travail conséquent pour s’en emparer suffisamment pour la restaurer aux lecteurs.
Au final l’argument fantastique de ton roman est assez léger. Pourquoi avoir choisi de l’ajouter et ne pas avoir écrit un roman historique pur et dur ?
C’est ma marque d’écriture : je fais de « l’historique fantasy ». J’aime insérer une part de fantastique dans mes textes, mais discrète. Ici, il y a ma mort qui discute avec Abraham Lincoln dans son bureau. C’est une référence directe à celle du film le Septième sceau d’Ingmar Bergman, où la faucheuse fait une partie d’échec avec un chevalier.
Chaque auteur a une pléthore d’auteurs fétiches. Quels sont les tiens ? Si tu pouvais sauver cinq livres seulement, lesquels tu choisirais ?
La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski, La Voix du feu d’Alan Moore, La Vallée de l’éternel retour d’Ursula Le Guin, Ulysse de James Joyce et Le Roi en jaune de Robert W. Chambers.
Sur quels projets travailles-tu actuellement ? Encore un livre dans une nouvelle période historique ?
Je reviens doublement dans l’univers de Royaume de vent et de colères. D’abord avec une novella qui met en scène les personnages de la Compagnie du chariot : La Guerre des trois rois. Ce sera un récit d’intrigue politique et d’escarmouches autour des relations du roi Henri III de France avec son rival le duc de Guise. La novella est illustrée par Marc Simonetti, une joie pour moi qui suis un vrai fan de cet illustrateur ! Cela sort en mai 2020 aux éditions ActuSF.
Ensuite, à travers l’un des autres personnages secondaire de Royaume de vent et de colères : Silas. On découvrira son histoire qui commence à Grenade à la fin de la Reconquista espagnole jusqu’à Montpellier au début des Guerres de religion. Là, l’écriture commence à peine. Il faudra patienter un peu.
Merci pour toutes tes réponses et à bientôt au détour d’un salon !
Merci à toi !