Les + :
– Un univers sombre et sérieux qui apporte une ambiance particulière
– Une réalisation agréable
– Quelques scènes d’action bien troussées
Les – :
– Un univers revu
– Des personnages réduits à des archétypes
– Un côté téléfilm “super-pilote” de série parfois agaçant
Les mutants et leurs super pouvoirs sont souvent le prétexte à traiter de la différence de nos sociétés : les X-Mens sont un porte-drapeau de ce message que Bryan Singer a bien mis en valeur dans les films qu’il a tiré de la célèbre franchise. Code 8 s’inscrit dans cette veine avec une volonté de traiter sérieusement cette question. Le film peut-il apporter un regard nouveau ?
À vrai dire, non : Code 8 est une version très sérieuse des X-Men où il n’y a pas de bons, plutôt des personnages gris et un univers assez sombre qui rappellera aux fans les Sentinelles et autres variantes de l’univers. Connor n’est pas un héros au sens strict du terme, mais un garçon qui veut s’en sortir et sauver sa mère. Pour cela, il est prêt à quelques compromissions : il n’hésitera pas par exemple à tuer pour la pègre qui le recrute. Le ton assez froid et adulte avec lequel l’histoire est abordée n’est pas surprenant, mais le réalisateur Jeff Chan l’enrobe dans une imagerie thriller qui donne un cachet à l’ensemble et évite le sentiment d’une production fauchée qui n’est pas toujours très loin.
En bref, ce n’est pas le scénario ou l’univers qui happera le spectateur, d’autant que le rythme du film se veut posé et assez avare en action.
Du côté des acteurs, la famille Amell se taille la part du lion. Robbie joue Connor, le gars qui veut s’en sortir, avec un peu de conviction. Son cousin, Stephen, ne se piège pas dans un rôle à la Arrow, mais joue un truand décidé avec pas mal de morgue.
Autour d’eux, les personnages sont à peine esquissés : Kari Matchett joue la mère sans nom de Connor, modèle de gentillesse, Laysla de Oliveira joue les apeurés tout du long, les autres sont presque tous réduits à des ombres. Le seul qui tire un peu son épingle du jeu est Sung Kang (Han dans les Fast & Furious) : policier impliqué dans la traque des spéciaux, il fait montre d’un peu d’empathie et a même le droit à l’évocation de sa famille. Il est à mon sens le seul personnage vraiment sympathique de l’ensemble.
Code 8 n’invente rien sur les pouvoirs, peu montrés, mais bénéficie tout de même de quelques scènes divertissantes. Elles mettent toutes en scène les policiers androïdes, sortes de Sentinelles de poche qu’utilise la ville de Lincoln City pour appréhender les individus avec des pouvoirs : la première arrestation, l’attaque du convoi ou celle de la boîte de nuit sont nerveuses et sèches. Elles sont bien réalisées, réalistes, sans fioritures. Quand Code 8 tente d’accélérer grâce à la menace qu’ils représentent pour les héros, il se révèle agréable à suivre et c’est ce qui évite l’ennui de poindre.
L’idée générale semble de faire de Code 8 l’ouverture sur une suite franchisée, comme en témoigne le projet de produire une série qui ferait une suite au film. Le concept était déjà tiré d’un court métrage homonyme, qui résume bien l’univers et se révèle même plus percutant que le résultat final :
La fin de Code 8 laisse des pistes en ce sens, autour de la majorité des personnages encore en vie. Si l’on considère le film comme un super-pilote, il se révèle être une introduction tout à fait acceptable.
Petit film sans prétention, Code 8 propose une introduction à un monde alternatif qui a du potentiel, même s’il a un fort sentiment de déjà vu. Il se révèle souvent agréable, malgré un manque de budget qui se voit parfois. Il faut espérer que les cousins Amell qui portent le film arriveront à leur objectif d’en faire plus, notamment à travers une série télévisée, car il y a encore beaucoup de choses à dire.