Qui n’a jamais rêvé d’être le dernier rempart contre des hordes maléfiques, défendant, au prix de sa vie, les derniers remparts de la Civilisation ? (Ne dites pas “moi”, je ne vous croirai pas ;) ).
En tout cas, j’ai toujours voulu être un Héros — avec un grand H, j’assume, dont les exploits seraient contés au fil des siècles.
Et ça tombe bien, car c’est ce que propose ici Last Bastion, de Repos Prod.
Dans le jeu, donc, chacun des joueurs (de 1 à 4), va incarner un de ces ultimes défenseurs du Bien face à des hordes de monstres hurlants et baveux qui n’ont qu’un but, la destruction de votre “Last Bastion”. Et cela ne va pas être chose aisée, croyez-moi !
Repos Prod. propose ici un jeu de fort belle facture : que ce soient les cartes, les différents plateaux de jeux, tuiles, ou les figurines, tout est d’excellente qualité. On a ici de l’excellent matériel au service d’un jeu qui l’est tout autant.
Comment qu’on joue, donc ?
La première étape consiste en la composition de votre bastion. Les 9 tuiles intérieures sont mélangées, puis disposées aléatoirement afin de former la tour que vous aurez à défendre. Et ce placement n’a rien d’anodin dans le sens où chacune de ces tuiles va permettre à votre héros d’accomplir des actions bien précises lorsqu’il se trouve dessus. Un facteur chance et aléatoire à ne pas négliger, donc.
Seconde étape, le choix de votre héros. Chacun d’entre eux dispose d’un pouvoir bien spécifique. Son choix s’avère d’autant plus important en fonction du nombre de joueurs qui vont participer à la partie, parce que si tous les pouvoirs sont intéressants (se déplacer deux fois, pouvoir attaquer à distance, etc…) certains sont complémentaires et d’autres s’avèrent plus déterminants en fonction d’un nombre restreint de joueurs.
Ensuite, placement des hordes, là aussi aléatoirement autour du bastion. 4 hordes, 4 couleurs, 4 types de monstres différents, autant de spécificités d’affrontement. Vous voyez un peu la complexité du truc ? Non, j’y arrive ^^.
Chaque joueur prend ensuite 1 pion équipement de sa couleur, 3 PV et un pion Appel aux Armes. Ce dernier permet d’effectuer une action bonus lorsqu’il est utilisé, qui consiste à utiliser le pouvoir spécifique d’une case sans avoir besoin de se trouver dessus. Très important ! Par contre, une fois dépensé, il faudra tenter de regagner ces fameux pions. Loin d’être évident.
Un tour de jeu est composé en 2 phases : phase Horde et phase Joueur. Simple. La phase horde de compose d’une étape de pioche qui va faire entrer une nouvelle créature sur le plateau. Cette dernière est placée sur la couleur du plateau horde correspondant. Ensuite, sont appliqués les éventuels effets d’entrée de cette carte (jamais bénéfiques, je vous assure ^^). Puis les effets permanents des cartes horde déjà présentes sont résolues (jamais bénéfiques non plus, je vous rassure là aussi :p ).
Mais – oui, parce qu’il y a un mais, si les 3 emplacements d’un plateau horde sont déjà occupés lorsque vous piochez une carte d’une couleur spécifique, alors vous la placez sur un autre emplacement vide d’un autre plateau. Par contre, si tous les emplacement de tous les plateaux sont occupés… C’est pas bon. Déjà, vous replacez la carte sur le sommet de la pioche, et vous perdez un point de vie. Ensuite, l’effet spécifique du plateau horde est appliqué. Et c’est vraiment moche. Il sera donc impératif, au cours de la partie, de faire en sorte qu’il y ait toujours au moins une case de libre sur chacun de ces plateaux pour éviter de trop vous complexifier la tache.
Et c’est là qu’intervient l’étape Joueur, composée d’un déplacement et d’une action. Le déplacement se fait d’une case dans toutes les directions. L’action, quant à elle, c’est soit une attaque vers une créature adjacente, soit l’application de l’effet de la case sur laquelle vous vous trouvez. Choix cornélien, donc :).
Une attaque se résout très simplement : on compare la résistance du monstre au résultat des dés obtenus par le joueur. Il faut que ce résultat (auquel s’ajoute éventuellement les pions équipements de la couleur correspondante) soit au moins égal à la résistance de la cible. Si c’est le cas, le monstre est éliminé (et les éventuels effets de sortie du monstre – pour la plupart bénéfiques) sont appliqués.
La partie se perd lorsque 3 pions Emprise du Mal se trouvent à l’intérieur du bastion. Ces pions sont générés par des effets de carte ou de plateau Horde, et il faudra faire tout votre possible pour empêcher leur prolifération. Et ces sources de “pop” étant nombreuses, il va falloir ne pas se planter sur l’ordre de leur élimination !
Et c’est là où le jeu prend tout son sens, car il se révèle d’une grande complexité tactique où la victoire ne peut passer que par un seul biais : la communication et une totale complémentarité entre les joueurs. Difficile de trouver plus coopératif, non ?
Les joueurs, quant à eux, reportent la partie s’ils parviennent à défaire le Chef de Guerre horde. Ce dernier est choisi en début de partie, au hasard parmi un pool de cartes Chef de Guerre, et placé dans le paquet Horde à 9 cartes de la fin dudit paquet. Ce qui signifie que les Héros vont devoir se défaire de tous les monstres jusqu’à ce qu’il soit pioché, posé et vaincu, sans que, pendant le même temps, les pions Emprise du Mal n’aient envahi le plateau !
Vous l’aurez – j’espère – compris, la tache sera loin d’être simple. Je ne peux pas entrer dans tous les détails qui font le sel du jeu sans écrire un article de 60 pages (qui serait indigeste), mais sachez qu’il y a de nombreux éléments qui vont influer sur le cours du jeu.
Last Bastion est un jeu assez extraordinaire, dans le sens où, sous le couvert de mécaniques sommes toutes simples à assimiler, on se retrouve devant un jeu d’une grande profondeur tactique à la rejouabilité énorme. Un grand coup de la part de Repos Prod !
PS : on m’a plusieurs fois demandé quels étaient les point communs entre Last Bastion et Ghost Stories. Je ne connais pas ce dernier jeu donc je serai bien mal placé pour tenter un parallèle. Cependant, je suis preneur de commentaires à ce sujet ;)
Aucun doute, “Last Bastion” c’est “Ghost Stories” avec un autre thème et quelques petits changements dans les règles, mais plutôt minimes en fait. Donc, si vous possédez déjà “Ghost Stories”, je ne pense pas que vous devriez investir dans sa “mise à jour”. Par contre, si vous ne le possédez pas, alors n’hésitez pas à intégrer “Last Bastion” dans votre ludothèque ! Personnellement, je trouve dommage que le thème des fantômes asiatiques laisse place à un thème dark-fantasy tellement plus classique. Je me pose aussi la question suivante : “Ghost stories” possédait deux très bonnes extensions, en sera-t-il de même avec celui-ci ?