La collection Hélios des Indés de l’Imaginaire est l’une des collections de poche les plus dynamique du moment et elle propose régulièrement des titres totalement inédits, prenant le contre pied de beaucoup d’autres maisons d’édition. Et Benoît Renesson, auteur dont il s’agit là du deuxième roman, ouvre en quelque sorte le bal. L’Ambassade des anges est un livre pour le moins surprenant dont je vais vous parler plus amplement ci-dessous.
La couverture, comme sur beaucoup de Hélios, reste très sobre, trop peut-être. Néanmoins le parti pris de couleur n’est pas forcément pour déplaire au lecteur que je suis. La quatrième de couverture est, par contre, un excellent moyen de se mettre dans le bain :
Le Sanctuaire est une cité idéale, siège de toute la diplomatie du continent, où la cartographie sert à régler les querelles territoriales. Mais les ambassadeurs ne sont pas toujours ce qu’ils prétendent. La ville n’a pas de murailles et pas d’armée car elle a aboli la guerre — alors pourquoi une troupe de soldats campe-t-elle sur la falaise qui la domine ? Les magisters, héritiers d’un vieil ordre chevaleresque qui veille depuis 200 ans sur le Sanctuaire, ont-ils réellement disparu ? Deux jeunes cartographes, Justus et Angel que tout oppose, nouvellement arrivés au Sanctuaire, vont découvrir les mystères de cette cité d’ambassades et ses tensions inquiétantes.
S’il est une chose que Benoît Renneson fait avec talent c’est bien de raconter des histoires. Avec ce court roman (190 pages) il parvient à nous créer l’histoire d’un univers complet. Car comme vous vous en doutez avec un titre comme L’Ambassade des anges, la question géopolitique va être de première importance. Et parvenir en aussi peu de pages à mettre en place son monde, le développer, tout en nous contant une histoire particulièrement immersive, c’est vraiment du beau travail.
Scénaristiquement le moins que l’on puisse dire est que ce roman surprend : ici pas de quête initiatique, pas de combats épiques dès les premières pages, une ambiance feutrée, inattendue et ouatée se met en place au fil des pages, permettant au lecteur de s’acclimater doucement à tout ce qui nous est proposé ici. « L’enquête » menée par nos deux protagonistes est intrigante à souhaits et les deux protagonistes, dont je parlerais un peu plus loin, n’y sont pas pour rien. L’inconvénient de ce type de scénario, d’histoire, est qu’un certain manque de rythme est venu légèrement me gêner. J’aime beaucoup les romans lents mais là celui-ci m’a un peu donné l’impression de se pousser lui-même à cet excès de lenteur.
Les deux personnages centraux du roman, Angel et Justus sont finalement assez bien décrit et l’on prend plaisir à les suivre, par contre je dois dire que par moment, surtout au début, j’ai perdu le fil de qui était qui. En effet les deux jeunes gens en sont venus à se confondre dans mon esprit au sein de la narration, même si par la suite leurs caractères s’affirment. C’est un peu dommage parce que leurs relations ultérieures font en partie le sel du roman lui-même.
Il y a par contre une chose que je n’enlèverais pas à L’Ambassade des anges : il est magnifiquement écrit. Benoît Renneson manie parfaitement bien la plume et je dois dire que j’ai été excessivement surpris par cette qualité, mise au service du roman. Un très très bon travail de sélection éditoriale et de retravail ont permis de nous faire découvrir à tous une nouvelle plume française talentueuse.
L’Ambassade des anges est donc un roman qui restera pour moi en demie-teinte : bien écrit, construit de manière intelligente avec une relation entre les deux protagonistes particulièrement intéressante, mais néanmoins trop lent à mon goût et le début du roman m’est apparu légèrement confus. J’ai malgré tout passé un bon moment de lecture au cœur du Sanctuaire, et il est plus que probable que ce roman trouve assez facilement son public.
L’Ambassade des anges
Benoît Renneson
Hélios
6,90 €