Depuis l’an passé, les soirées Imaginales dans le cadre de la BMI d’Epinal-Golbey ne démentent pas leur succès et permettent entre deux éditions du festival de créer de petites bulles d’imaginaire auxquelles les fans viennent assister avec joie. Stéphanie Nicot anime ces soirées et après Fabrice Colin, Carina Rozenfeld et Olivier Peru, c’est au tour de Jean-Claude Dunyach de venir à la rencontre du public en ce mardi 21 mai 2013.
Jean-Claude Dunyach a pratiqué pas mal de professions avant d’être ingénieur chez Airbus. C’est un auteur qui utilise très souvent l’humour et l’émotion dans ses créations. Son parcours est impressionnant avec près de 120 nouvelles, plusieurs romans dont un en collaboration avec Ayerdhal intitulé Etoiles mourantes, et tout naturellement de nombreux prix.
Stéphanie Nicot lit des extraits de différents textes de l’auteur invité et commence par La station l’Agnelle, nouvelle tirée du recueil éponyme paru à l’Atalante (n°69).
Jean-Claude Dunyach reconnaît qu’il aime écrire quand le thème, la situation est inconfortable pour lui. Il ne se contente pas d’une seule vie et la science-fiction est le genre propice à ce genre d’expérience. Beaucoup de ses nouvelles et romans se déroulent dans l’espace. Cela remonte à loin et ce sont les premiers pas de l’homme sur la lune qui lui ont donné cette envie d’ubiquité et de poser le regard au plus loin, par-delà l’horizon.
Stéphanie Nicot lit un extrait de Paysage avec intrus paru dans la revue numérique Angle Mort (n°8).
La science-fiction est particulièrement adaptée aux changements de regards et d’échelles.
La lecture suivante est M.D.I.K., une nouvelle parue dans le recueil Déchiffrer la trame à l’Atalante (n°72)
C’est d’ailleurs avec ce texte hilarant où il est question d’une cathédrale gonflable pour prosélytes spatiaux que j’ai découvert et eu envie de mieux connaître cet auteur. En discutant après l’entretien, il nous a dit que cela existe dorénavant pour de vrai, mais seulement sur terre. Jean-Claude Dunyach a toujours été convaincu que son sens de l’humour n’est pas partagé avec beaucoup de gens et il a fallu que son éditeur à l’Atalante lui demande d’en écrire pour qu’il en instille dans ses textes. L’Humour est une variété d’émotion comme une autre. Pour parler des choses importantes, la seule façon qu’il a d’en parler aisément est d’utiliser l’humour. Il estime que sa vision personnelle du monde et de ses problèmes n’est pas universelle et c’est par l’humour qu’il pose les débats d’idées.
Il s’est aussi essayé à la fantasy pour sortir de la science-fiction, car le monde ne s’explique pas seulement par la mécanique et la science, mais aussi par la magie qu’il faut apprendre à cultiver.
Il va animer à partir du mercredi 22 mai un atelier d’écriture en compagnie de Lionel Davoust et ce, toujours dans les locaux de la BMI qui les accueille cette année encore dans un cadre propice à la création. Stéphanie Nicot interroge alors Jean-Claude Dunyach sur ce qui peut amener un écrivain à prendre sur son temps de création pour participer à une revue, être directeur de collection, aider des auteurs avérés ou en devenir à améliorer leur style ? Sa réponse est qu’il pouvait alors le faire et que personne d’autre ne pouvait alors le faire. C’est toujours le besoin de transmission, le rôle du passeur, dont il a lui-même jadis bénéficié, qui l’a incité à faire tout cela. Au demeurant, il précise qu’il n’a pas aidé des auteurs, mais qu’il a aidé des textes.
Stéphanie lit un extrait d’un texte à venir de l’auteur et qui sera dans un univers fantasy avec des trolls avec des personnages surprenants, dont un geek. Il aime à penser qu’on peut traiter les problématiques du monde actuel dans un univers de fantasy, et qu’ainsi cela devient amusant.
Stéphanie Nicot lit intégralement une courte nouvelle, Mémo pour action, parue dans le recueil Dix jours sans voir la mer à l’Atalante (n°70)
Il a écrit peu de textes relevant du fantastique, car il ne connaît pas l’angoisse et ne sait pas ce qui peut lui faire peur. Il a aussi réalisé quelques textes de littérature générale, mais ce sont toujours des histoires qui se passent loin d’ici, car il faut de l’exotisme. A défaut d’espace lointain.
La conclusion de cette soirée porte sur la réflexion suivante : au final, nous inventons tous notre réalité de façon artificielle, par exemple en regardant la météo à la télévision plutôt qu’à la fenêtre. Jean-Claude Dunyach s’attache maintenant à donner à ses lecteurs les outils pour regarder différemment la réalité, une réalité ou pour construire leur propre réalité.
Une belle rencontre organisée à quelques jours de l’ouverture des Imaginales où nous retrouverons avec joie les différents protagonistes de cette soirée. Merci encore à la BMI pour son accueil chaleureux.