Jean-Pierre Favard est l’un des auteurs français de la nouvelle scène fantastique française et l’on ne peut qu’espérer qu’il rencontre le succès qu’il mérite car Belle est la Bête est un de ces magnifiques recueils qui donne au genre des littératures de l’étrange ses lettres de noblesse. Pénétrez donc dans l’imaginaire de cet auteur aux multiples facettes…
La couverture, signée Okiko, intrigue le lecteur, le surprend et lui donne envie de repousser la couverture pour entrer plus avant dans cette énigme Un excellent choix de la part de l’éditeur qui nous offre une quatrième de couverture à la hauteur des enjeux du roman :
Un homme, une arène, un taureau… Un corps, un microbe, une évasion… Une femme, un homme, des chiens… Un tueur implacable et des enquêteurs qui ne le sont pas moins… Un dîner en amoureux à la Saint-Valentin… Mais également un musée, une statue et un sabre japonais… Une bande de bikers et des extraterrestres… Des chroniques terriennes… Quelques retours d’expéditions… Et pour clore le bal en beauté, le fils de la femme à barbe en personne.
À travers dix nouvelles, aux styles tous différents, se dessine un bien étrange univers. Un monde où l’homme et la bête ne font souvent qu’un et où la belle n’est pas toujours celle que l’on croit. Un endroit où les monstres auront toujours une place réservée, pas très loin de la scène.
Ce sont donc pas moins de dix nouvelles qui nous sont ici proposées par Jean-Pierre Favard et tout commence très fort avec La Bête, texte de plus d’une dizaine de pages où le lecteur pourra découvrir une relation fantasmée entre un taureau et un spectateur de corrida. Relation qui combine à merveille la peur, une sorte d’amour macabre, voire de parabole de la vie. Une excellente nouvelle aux frontières du genre fantastique. Miasme est un texte qui entre clairement plus dans le champ de la fantasy avec un microbe qui fuit sa famille. Même si ce n’est clairement pas mon texte préféré, je dois lui reconnaître une incongruité particulièrement agréable à lire… Les Chiens joue avec le lecteur, avec les sentiments et les idées qu’il va se faire à la lecture du texte. L’une de mes nouvelles préférées au niveau du scénario.
Avec Monseigneur, le lecteur rentre dans un nouveau texte atypique et plus fantasy que les autres. Ce korrigan m’a toutefois bien plu… Saint Valentin revient à un fantastique plus classique pour une fois de plus se jouer des lecteurs. Du grand scénario fantastique, rien à redire… La Vénus décapitée nous propose un modèle d’humour noir, de macabre du plus bel effet. Un excellent texte qui lance une étrange enquête. La Comète de Harley laisse à penser que l’auteur aime les univers de la moto avec un texte digne de Tim Burton dans son grand-guignolesque. Excellent ! Chroniques terriennes est un clin d’œil à Ray Bradbury qui tombe malheureusement à point avec une mélancolie assez particulière. Mais l’auteur ne va pas s’arrêter là puisqu’il rend également hommage à Lovecraft avec Retour(s) d’expédition(s), un excellent texte de fantastique classique… Et pour finir ce menu fort copieux, Jean-Pierre Favard nous invite à découvrir Le Fils de la Femme à barbe, texte particulièrement émouvant et de nouveau aux frontières de ce que l’on attend de lui.
Belle est la Bête est un recueil pour le moins surprenant où il y en a pour tous les goûts. L’auteur nous régale de sa plume ferme et assurée, le lecteur ne sachant pas, de texte en texte, à quelle sauce il va être mangé… Intrigant de bout en bout, cet ensemble de texte devrait séduire le public amateur de fantastique le plus large, mais pas seulement. Le fait est que cet auteur va probablement devenir l’un des références du genre en France s’il continue dans cette veine, ce que je ne peux qu’espérer…
Belle est la bête
Jean-Pierre Favard
Collection KolekTh
Couverture d’Okiko
La Clef d’Argent
12 €