Le premier tome de la saga d’heroïc-fantasy d’Ari Marmell avait su me séduire avec son rythme haletant et son intrigue simple et efficace. Dans la veine de Howard et Gemmell il avait su m’offrir le divertissement que j’attends d’un roman de fantasy. Mai qu’allait donc pouvoir donner le second tome, au vu de la fin du premier opus ? La réponse maintenant…
La couverture de Paul Mafayon est pour le coup une véritable déception. Alors que celle de L’Ombre du Conquérant révélait un talent proche de Frazetta et de ses illustrations du Death Dealer, l’illustrateur est cette fois allé dans le trop numérique, donnant à son image un aspect trop factice. Personnellement j’ai été peu conquis cette fois et cela est plutôt rare avec Bragelonne qui sait presque toujours trouver l’illustration juste pour ses romans. Dommage…
Corvis Rebaine n’a plus soif de sang. Il a quitté sa famille et vit sous un faux nom dans une cité lointaine. Membre de l’une de ces guildes qu’il méprise tant, il tente d’amorcer le changement de manière non violente.
Mais les choses se compliquent : Imphallion est envahie, les guildes sont incapables de faire face, et quelqu’un commet des crimes en portant son armure, le faisant accuser !
Pour couronner le tout, Corvis est traqué par son ennemi juré, le baron Jassion de Braetlyn, assisté d’un mage du nom de Kaleb. Pire encore, ils sont accompagnés d’une jeune femme qui hait profondément Corvis Rebaine : sa fille, Mellorin. Pour laver son nom, protéger son pays et se réconcilier avec sa famille, Rebaine doit-il une fois de plus redevenir la Terreur de l’Est ?
Après que Corvis ait dû se battre pour sauver sa famille, il a dû la fuir pour que celle-ci ne craigne plus rien. Mais sa fille lui en veut de les avoir abandonnés, de leur avoir menti et a donc rejoint ses pires ennemis pour le traquer. Le vieux guerrier va donc devoir reprendre les armes. Alors oui, la trame est extrêmement classique : un puissant et vieux guerrier reprend les armes contre son gré pour défendre la veuve et l’orphelin. Rien de bien nouveau donc de ce côté-là et Corvis fait bien entendu penser à Druss la Légende. Tous les éléments de l’heroïc-fantasy sont bien là avec le sorcier aidant les méchants, la fille du héros cherchant vengeance,… bref, du classique et encore du classique. Mais Ari Marmell arrive parfaitement à sublimer ce classicisme et à emmener le lecteur sur un terrain connu mais qu’il parvient à nous donner envie de découvrir.
Ari Marmell nous propose un style clair, épuré, dans lequel l’action prime avant tout. Il parvient à entrer dans le sérail très select des auteurs parvenant à faire vivre encore aujourd’hui l’heroïc-fantasy alors même que le genre est de plus en plus dévoré par la dark fantasy mise en valeur notamment par son fer de lance, Le Trône de Fer. Dans L’Héritage du Conquérant, Corvis Rebaine se voit réellement confronté aux conséquences de ses actes et ses réactions purement humaines font plaisir à voir. Bien qu’étant un héros, un puissant guerrier, il n’en est pas moins sujet aux passions qui sont les nôtres, bonnes ou néfastes. Les autres personnages sont beaucoup plus archétypaux sans être pour autant désagréables. Des méchants très méchants, une jeune fille perdue dans ses propres sentiments,… Rien que du classique mais magnifiquement mené.
La traduction de Nolwenn Guilloud est de bonne qualité et l’on sent qu’elle tâche de respecter le style de l’auteur. On retrouve quelques coquilles assez désagréables mais celles-ci restent relativement parsemées au fil du roman et à aucun moment ma lecture n’a vraiment buté sur celles-ci.
Je conseille L’Héritage du Conquérant qu’aux amateurs d’heroïc-fantasy, pas à ceux qui veulent àà tout prix de l’innovation en fantasy. Ari Marmell nous propose ici du classique, à la fois par le scénario et par ses personnages, mais néanmoins très bien mené par un auteur à la plume sûre. J’ai vraiment passé un bon moment de divertissement avec ce roman et ait hâte de voir ce qui pourra nous être proposé ensuite…
L’Héritage du Conquérant
Corvis Rebaine T2
Ari Marmell
Couverture de Paul Mafayon
Traduction de Nolwenn Guilloud
Bragelonne
23 €