L’uchronie est un style de littérature très difficile à manier mais les auteurs français parviennent bien souvent à manipuler le temps selon leurs volontés. Mnémos nous propose donc un roman très particulier où les évènements du passé vont venir s’imbriquer dans un futur haut en couleur… Premier roman adulte pour Laurent Poujois, L’Ange blond va devoir conquérir un lectorat difficile car les amateurs de textes mêlant habilement déviances historiques et science-fiction sont particulièrement exigeants…
D’extérieur le roman est très attirant : couverture soignée signée Julien Delval (of course ai-je presque envie de dire…), quatrième alléchant présentant la fiche signalétique d’Aurore Lefèvre, citation représentant à merveille le roman,… Bref tout est là pour attirer le lecteur et le pousser à entrer dans cet univers de science-fiction bercé par l’ère napoléonienne.
Car c’est bien une Europe dans laquelle l’Empire est parvenu à survivre que nous invite Laurent Poujois. Mais s’il se contentait d’adapter l’univers napoléonien à note époque cela serait trop facile… Il préfère le transposer dans un futur indéfini mais où les temps de transports entre pays se réduisent à quelques secondes.
L’Ange blond est un roman qui joue avec les standards, aux frontières des différents genres et qui n’hésite pas à surprendre le lecteur. Ainsi la scène du concert apparaît comme merveilleusement décalée avec tout ou partie du reste du roman, tout en symphonie et je pense que le lecteur peut s’imaginer une symphonie classique ou plus « technologique » selon ses propres volontés…
La scène de départ du roman donne immédiatement le ton avec une chute libre et particulièrement risquée au dessus de Londres. L’action débridée et le danger seront donc présents à chaque instant du roman. Car s’il est une chose pour laquelle il faut remercier l’auteur c’est une faculté innée à ne ménager aucun moment de repos à son lecteur, à l’entraîner toujours plus loin sur la pente de son scénario rocambolesque et pourtant terriblement crédible.
Au rang des défauts de ce roman je citerais la mise en page, très voire trop resserrée et qui gêne légèrement la lecture. Par contre du point de vue de la crédibilité historique de son roman je dois décerner une palme à Laurent Poujois. Dans une vie antérieure j’ai été étudiant en histoire et plus particulièrement spécialisé en histoire médiévale et napoléonienne et je l’attendais donc au tournant. Et quelque part je fut déçu : nulle erreur sur laquelle je puisse m’insurger, aucun vrai défaut dans la conception de son univers napoléonien, cela en fut presque frustrant… Mais c’est aussi grâce à cela que les auteurs français parviennent à proposer des textes innovants et réussis : un besoin d’aiguiser chaque aspect de leur récit afin que celui-ci soit sans réel défaut, tout du moins au niveau de l’environnement.
L’Ange blond est donc un excellent roman de science-fiction uchronique, mené tambour battant par un auteur qui connaît son sujet et maîtrise à la perfection ses péripéties. Humour, danger et action sont les ingrédients d’une recette qui prend bien dans l’imaginaire du lecteur et l’emmène loin de notre univers, vers des lieux gardés par des Mamelouks ou bien au sein de la Légion Impériale…
L’Ange blond
Laurent Poujois
Mnémos
Collection Icares
19,90 €