La maîtresse du fantastique anglo-saxon revient de France avec son dernier roman, l’Heure de l’Ange. L’auteure à qui l’on doit les splendides Chroniques des Vampires et Saga des Sorcières Mayfair nous propose cette fois un texte avec une inclinaison clairement plus spiritualiste que ce à quoi elle nous a habitués. Etant curieux de nature j’ai voulu vérifier si la sauce prenait convenablement dans ce roman assez atypique dont les composantes fantastiques semblent tout d’abord assez surprenantes avant d’emmener le lecteur très loin du lieu où il lit…
La couverture de l’Heure de l’Ange est particulièrement sobre tout en donnant une idée de la rupture entre lumière et ténèbres au sein du roman. Peu d’illustrations auraient pu tenir la place de cette plume blanche sur fond d’obscurité pour représenter ce roman : sobriété avant tout.
Mais que contient donc ce roman dont j’ai dis tout à l’heure qu’il rompait avec les codes classiques de la littérature d’Anne Rice ? L’histoire de Toby enfant à l’innocence rompue, devenu Lucky l’assassin de l’Homme Juste, mais aussi le récit de sa rédemption grâce à Malchiah, un séraphin venu lui confier une mission. Très prenant dès le début, ce roman aux inspirations clairement religieuses s’ancre au fil des pages dans un fantastique surprenant et déroutant. Loin d’être une simple déclaration de foi en les anges par l’auteur, nous allons nous retrouver basculés dans un univers bien loin du notre où les talents mortifères de Lucky serviront la rédemption de Toby.
Trois noms, trois identités et trois idées de l’homme. C’est ainsi qu’Anne Rice nous invite à un voyage dans une personnalité difficile… Enfance troublée par l’alcool et la violence avant de connaitre une rupture radicale qui l’entraîne dans les mains de la mafia avant de devenir un gentil assassin pour l’Homme Juste. Loin d’être un tueur qui se baigne les mains dans le sang, Lucky le Renard préfère le poison. Efficace et silencieux il excelle dans son art et c’est au Moyen-âge qu’il va devoir l’exercer. Je vous avais bien dit que la surprise serait au rendez-vous… Car c’est un Moyen-âge violent et obscur que vous allez découvrir.
Avec un talent consommé cette auteure nous emmène sur les traces de son héros aux multiples facettes. Je n’ai finalement qu’un seul regret en refermant ce livre : qu’il soit aussi empreint de culture judéo-chrétienne m’a au bout d’un moment paru gênant. Même si Anne Rice fait tout pour que cela ne se ressente pas trop les principes religieux sont omniprésents et sont finalement obturer une partie de ma lecture. Par contre la plume si douce et onctueuse de cette auteure se retrouve de nouveau ici et c’est avec grand plaisir que l’on se baigne dans tant de douceur littéraire.
L’Heure de l’Ange est donc un roman à double tranchant. Le premier aspect, et le plus agréable au final, voit le lecteur redécouvrir avec joie un inédit de cette auteure si particulière tandis que de l’autre côté l’aspect profondément religieux viendra faire fuir les allergiques de la Bible. Pour conclure je dirais que c’est un excellent roman que beaucoup de lecteurs prendront grand plaisir à lire, notamment les fans qui attendent depuis déjà fort longtemps le plaisir de découvrir des inédits d’Anne Rice en français…
L’Heure de l’Ange
Anne Rice
Michel Lafon
20,90 €