J’ai adoré me perdre entre les dunes du Désert des couleurs.
Dans le désert des couleurs, chaque grain de sable est un souvenir perdu et oublié. Marcher dans les dunes, c’est voir sa mémoire s’effacer. Alors pour se protéger, l’humanité s’est réfugiée dans le cratère d’un volcan. Mais depuis quelque temps, le sable monte chaque jour le long de ses pentes, prêt à l’ensevelir.
Malgré les risques, Kabalraï, fils du marchand de sable, et Irae, sa demi-sœur, s’aventurent dans les dunes multicolores pour trouver un nouvel endroit où s’installer. Mais le désert est dangereux et une fois qu’on s’y engage, il est difficile de ne pas s’y perdre…
Une science-fiction onirique et poétique
Je reproche très souvent aux romans de science-fiction leur manque de réalisme. Une fois n’est pas coutume, je n’ai rien trouvé à redire à celui-ci. Nulle prétention scientifique entre ces pages, nulle tentative de nous faire croire à un futur réaliste. L’œuvre de Wellenstein nous propose ici une métaphore du désastre écologique annoncé, et ça fonctionne extrêmement bien.
La poésie des paysages et de ce fantastique mémoriel posent un décor onirique, très original. A chaque grain de sable inhalé, c’est un souvenir qui s’échappe pour grandir l’immensité colorée du désert. Cette amnésie pourrait tout aussi bien être la nôtre face à l’importance de ces essentiels que nous avons oubliés : la beauté de la nature, le respect du vivant, l’importance de l’altérité animale.
L’autrice nous propose donc un très beau voyage, lors duquel le cheminement importe tout autant que l’objectif.
Des personnages forts
Une fois de plus, j’ai trouvé que les deux personnages principaux étaient particulièrement forts, chacun à leur manière. Irae s’exprime par la violence et la révolte ; Kabalraï transcende sa quête jusqu’au point de non retour. On s’y attache dès les premières pages, curieuse de découvrir leurs secrets. L’un comme l’autre se déchirent et se soutiennent, unis malgré eux dans ce long périple. Leur lien est touchant, et son importance grandit au fur et à mesure des pages.
Un message écologique réussi
Au-delà de l’histoire et de la poésie qu’elle véhicule, ce roman porte aussi un message écologique important. Construit sur les débris d’une humanité qui a détruit le règne animal pour son propre profit, l’univers dépeint se révèle aussi triste que dur. Derrière les métaphores et l’onirisme, il y a une réalité bien actuelle, dont on espère qu’elle ne rejoindra jamais les apocalypse terribles sur lesquelles alertent les écrivain.e.s.
Le désert des couleurs est donc un excellent roman, dont la poésie porte un message écologique important.