Entretien avec Thierry Fraysse, directeur éditorial des éditions Callidor

Bonjour, et merci de prendre le temps de répondre à quelques questions. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer quel est ton rôle chez Callidor ?

Je m’appelle Thierry Fraysse, je suis le directeur éditorial et fondateur des éditions Callidor. Je construis donc année après année le catalogue de la maison en choisissant chacun des titres qui le composent.

Comment t’est venue la passion du livre, de l’imaginaire, puis de l’édition ?

Je suis un enfant des années 1990, j’ai donc grandi avec les Harry Potter, les adaptations du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson ou encore la première vague des Marvel au cinéma. Un véritable chaudron de pop culture qui m’a donné envie d’en savoir plus sur l’imaginaire, et notamment l’imaginaire littéraire. Je me suis rapidement mis à lire tout ce qui touchait à la fantasy, qui est vite devenu mon genre de prédilection. Et ce n’est que bien plus tard, à l’université, que j’ai compris que je pouvais faire de cette passion mon métier. Quand j’ai compris en quoi consistait le travail d’éditeur, j’ai su que j’avais trouvé ma voie.

La maison n’est pas très récente, 2011 si je ne me trompe pas. C’est d’ailleurs l’époque à laquelle on s’est rencontrés. Comment s’est passée sa création ? Et pourquoi avoir choisi ce nom ?

 Eh oui, ça commence à dater.
J’étais en troisième année de fac, je venais de faire mon premier stage aux éditions Sillage, une super maison qui publie des classiques oubliés de la littérature. En sortant de cette expérience éditoriale, je me suis dit que rien ne m’empêchait de reprendre le modèle de Sillage en l’adaptant à l’imaginaire. L’idée était donc de créer une structure pour remettre en avant les précurseurs de la fantasy. J’ai donc choisi un mot valise, Callidor, soit “Calligraphie d’or” (“or” au sens “premier”) car l’idée était de revenir aux premières écritures, à la source même de l’imaginaire. Et à l’époque, j’avais une tortue pour logo, car c’est sur les carapaces de tortue qu’ont été retrouvées les premières écritures.

En treize ans d’existence, la maison a évolué, publie de plus en plus de romans et s’est installée à la fois dans le cœur des lecteurs mais aussi sur le marché de l’imaginaire. Quel fut le tournant de la maison d’édition, selon toi ?  

Il y a eu un sacré tournant à la fin 2021. J’ai rencontré Stephen Carrière, qui m’a proposé de rejoindre le collectif Anne Carrière, et m’a ainsi permis d’être diffusé et distribué à une échelle nationale. Jusque-là, mes ouvrages se trouvaient uniquement chez les spécialistes et de très rares généralistes. Ce partenariat fut également l’occasion d’augmenter la production : dès 2022, je suis passé de 1 ou 2 titres par an à 6 titres par an. En un peu plus de deux ans au sein du collectif, j’ai donc publié plus d’ouvrages que je ne l’avais fait en 10 ans.

Tu publies des textes oubliés de l’imaginaire, de grands romans fondateurs dont plus personne n’a connaissance depuis des lustres. Comment vois-tu ce rôle d’« archiviste de l’imaginaire » ?

Je dirais que je suis plutôt un archéologue de l’imaginaire, toujours à fouiner de-ci, de-là, à la recherche de perles oubliées. J’aime beaucoup l’idée que notre passé regorge de trésors et qu’il faut fouiller pour pouvoir les dénicher. Et je pense surtout que ces auteurs et ces œuvres qui ont forgé l’imaginaire méritent qu’on les remette en avant, qu’on prenne pleinement conscience de leur influence et de tout ce qu’ils ont contribué à créer.

Chaque livre fait l’objet, en termes de fabrication, d’un soin tout particulier : vernis sélectif, gauffrage, embossage, maquette… Cela donne des ouvrages magnifiques, avec une véritable dimension de l’objet. Comment a surgi la première idée menant à des ouvrages aussi qualitatifs ?

Le premier titre à avoir bénéficié d’un tel soin fut l’édition centenaire du Serpent Ouroboros, en avril 2022. Je tenais vraiment à marquer le coup, car E. R. Eddison est un immense auteur qui a écrit une sorte de Seigneur des Anneaux mais plus de 30 ans avant Tolkien. J’ai donc trouvé ce principe de couverture, sur fond noir avec des éléments dessinés en blanc rehaussés de dorure. Je m’étais dit que si le titre était un succès, je poursuivrais cette charte graphique sur les prochains ouvrages de la collection. Et le succès fut bel et bien au rendez-vous.

Est-il prévu de publier des textes plus modernes, un jour ?  

Disons que sans me fermer aucune porte, j’ai conscience que beaucoup d’autres éditeurs font un excellent travail auprès des auteurs modernes. Je ne pense pas avoir beaucoup de choses à apporter dans ce domaine pour l’instant. Plus tard, peut-être, mais je préfère me concentrer sur ce que je sais faire de mieux dans un premier temps et consolider les bases de ma structure.

Quels sont les textes que tu feras découvrir aux lecteurs prochainement ? Quel est le programme de l’année ?

Cette année est assez particulière car c’est l’occasion de fêter plusieurs centenaires. En 1924 sont parus deux joyaux de fantasy : l’un en Grande-Bretagne, l’autre aux États-Unis. Ce dernier n’est autre que La Nef d’Ishtar, le roman le plus connu d’Abraham Merritt. Pour ce centenaire, je compte publier l’ouvrage avec les magnifiques illustrations de Virgil Finlay ainsi qu’un beau cahier graphique qui fera honneur à cette œuvre intemporelle. Quand au titre britannique… je vais garder un peu de suspense pour la fin d’année.

Autrement, dans un futur plus proche, sortira d’ici quelques jours le tome 2 de Shōgun, immense fresque historique de James Clavell qui paraît pour la première fois en français dans sa version intégrale. Je suis très fier d’être l’éditeur d’un auteur aussi important que Clavell dans le domaine de la fiction historique. Sans compter que c’est un véritable page-turner qui devrait plaire aussi bien aux lecteurs de littérature historique qu’aux lecteurs de littérature de l’imaginaire. Certains en parlent comme d’un Game of Thrones dans le Japon féodal et je trouve la comparaison assez juste.

On est chez toi, installés tranquillement à boire le café. On trouve quoi sur ta table basse comme livre, CD et DVD ? Un de chaque.

Le DVD serait sans doute celui de Willow (le film, pas la série), un film qui m’a marqué pendant mon enfance. Pour le CD, j’ai des goûts éclectiques, et on pourrait donc trouver aussi bien du Hans Zimmer que du Queen (dont les membres étaient fans de Tolkien…). Quant au livre, je pense qu’il y aurait en fait une très grosse pile de bouquins sur ma table basse, avec de la littérature de l’imaginaire en majorité bien sûr. Mais en ce moment mes lectures sont dictées par mon fils de 3 ans, donc ce serait plutôt Le Loup en slip et Ana Ana (rires)

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