Entretien avec M et Ä, de Lunar Tombfields

Bonjour, et merci de prendre le temps de me répondre. Pouvez-vous tout d’abord vous présenter et nous expliquer ce que vous faites dans Lunar Tombfields ?

M. : Je suis l’un de des deux membres et l’un des deux compositeurs de l’entité Lunar Tombfields. J’y joue de la guitare, de la basse et je m’occupe également du chant.

Ä : Pour ma part, je m’occupe également de la guitare, ainsi que de la batterie.

Comment en êtes-vous venu au rock et au metal ?

M. : D’une manière assez classique, en tombant par hasard sur les disques de Kiss et d’Iron Maiden de mon père à l’âge de neuf ans. Mon parcours musical n’a depuis cessé d’évoluer au fil des rencontres, notamment à l’adolescence quand des amis et ma soif insatiable de nouvelles découvertes ont amené devant mes oreilles Morbid Angel et Mayhem.

Ä : J’ai grandi dans un coin de la France où les punks occupent une grande partie de la population nocturne. J’ai donc rencontré un grand nombre de personnes qui évoluaient déjà dans une scène alternative et underground, ce qui m’a naturellement poussé vers les musiques extrêmes. Je crois que ma première écoute d’un album de black metal devait être celle de Chimera de Mayhem, suivi de près par la découverte de projets plus obscurs (à l’époque on découvrait tout en piratant des albums sur de sombres blogspots) et plus underground,

Comment est né Lunar Tombfields ? Et pourquoi ce nom ?

M. : J’ai commencé à réfléchir à la genèse de ce que deviendrait plus tard Lunar Tombfields peu de temps avant la crise sanitaire de 2020. J’ai créé le concept, composé le squelette des morceaux du premier album avant de proposer à Ä de me rejoindre sur le projet. Nous nous connaissions depuis de nombreuses années déjà et nous avions déjà joué ensemble dans d’autres formations. Il a accepté et a ensuite pleinement contribué à la naissance de l’album puis de l’entité qu’est devenue Lunar Tombfields aujourd’hui.

Le terme “Lunar” fait bien sûr référence à la lune et aux étoiles en général. Thématique centrale de The Eternal Harvest, l’humanité s’est très souvent tournée vers les étoiles et les dieux pour obtenir des réponses concernant le chemin à suivre. Le terme “Tombfields” fait référence aux échecs de ces destinées, aux erreurs commises et sans cesse répétées, aux pardons jamais formulés, aux cimetières toujours plus bondés et aux trahisons jamais pardonnées.

Ä : Je me souviens très bien d’un trajet en voiture pendant le confinement. M. et moi allions voir un ami en passant outre les restrictions, et c’est à ce moment que M. m’a parlé du projet. Il avait déjà esquissé l’ossature d’un album, et souhaitait explorer un style que nous affectionnons tous les deux et n’avions pas encore eu l’occasion d’approcher. J’ai naturellement accepté, et la suite a très vite enchaîné. Composition, réflexion sur le nom, recrutement de musiciens session etc.
Au sujet du nom, j’aime l’image qu’il véhicule : funèbre, froid, majestueux. J’imagine qu’il contenait en lui la direction artistique que nous souhaitions donner au premier album.

An Arrow To The Sun est le nouvel album du groupe, le second. Comment s’est passée la composition ? Qui écrit la musique, qui se penche sur les paroles ?

M. : Nous fonctionnons toujours de la même manière depuis la naissance du projet. Je réfléchis au concept de l’album et compose l’ossature de chaque titre. Ä. ajoute ensuite ses parties et s’occupe des arrangements. De nouvelles idées se greffent ainsi au fur et à mesure de l’avancée des maquettes. Chaque morceau prend forme de cette manière. Je me charge ensuite des paroles. Le fait de n’être que deux cerveaux partageant la même vision fait que les choses avancent relativement vite.

Ä : En règle générale, tout se passe relativement vite : M. m’envoie ses idées couchées sur le papier et sur les tablatures. J’arrange le morceau, écris de nouvelles parties et enregistre une première maquette. Peu de temps après, M. me rejoint chez moi et nous travaillons une journée ou deux sur le morceau, en coupant, modifiant, rajoutant ou abandonnant nos idées, puis nous enregistrons nos parties respectives. Les morceaux évoluent énormément durant le processus, en ne gardant parfois que l’idée maîtresse ou le riff principal et en brodant tout autour. C’est un processus organique et instinctif.

Quels vont être les thèmes que vous allez explorer dans cette nouveauté ?

M. : Les thématiques abordées sur ce nouvel album font directement écho à celles présentes sur The Eternal Harvest. An Arrow to the Sun a été écrit pour être la suite de ce dernier même si les deux disques s’avèrent être très différents musicalement parlant. Le fatalisme et la contemplation du premier album sont remplacés par le sursaut, la combativité et la rage. Les démons de l’Histoire, les erreurs des temps passés et présents ainsi que les croyances biaisées ont triomphé des cieux sans nuages. An Arrow to the Sun est l’ultime sursaut d’une humanité aux abois qui n’a plus rien à perdre.

Ä : Du point de vue musical, nous avons souhaité que l’album soit plus direct, plus percutant, mais aussi plus rapide. Cela fait écho aux paroles, qui sont plus guerrières, belliqueuses. Il y a plus de blast beats, plus de parties « techniques » même si nous sommes loin d’un groupe de brutal black et les morceaux sont plus courts.

Où trouves-tu l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?

M. : Nous sommes des passionnés de musique au même titre que nous sommes des musiciens. Nous nous inspirons de nos écoutes, de nos lectures, de nos rêveries. Nous établissons un concept musical et nous essayons de lui donner une forme sonore la plus fidèle à nos attentes. Bien entendu le chemin n’est pas figé et nous changeons de direction très souvent au cours du processus de composition.

 

Ä : J’écoute peu de musique, ce qui permet de laisser libre cours aux idées sans être parasité par une influence extérieure. Pour les concepts et directions artistiques, je pense que ce sont surtout nos sensibilités respectives qui s’expriment. Notre musique reflète nos états d’esprits, nos ressentis lors de la composition,

Comment est-ce que vous avez bossé sur l’artwork de cet album ?

M. : Denis Forkas, l’artiste avec lequel nous avions travaillé sur le premier album n’était pas disponible. J’avais vu passer sur les réseaux plusieurs œuvres de Sözo Tozö et nous sommes tous les deux tombés d’accord pour dire que son travail collerait parfaitement avec notre univers. Nous l’avons donc contacté en lui donnant des consignes précises sur les thématiques de l’album, les paroles et les ambiances. Le reste est le résultat de nos discussions mais surtout de son talent.

Ä : Il est à noter que tout comme la musique, l’artwork est moins vaporeux que pour le premier album, plus brut. Les couleurs sont chaudes, l’ambiance plus magistrale. Nous sommes particulièrement fiers de cette collaboration.

 

Quel est ta piste préférée de l’album et pourquoi ?

M. : C’est difficile à dire. J’aime le fait que chaque titre soit vraiment différent des autres. Mais je dirai Le Chant des Tombes. En y repensant c’est celui dont l’écriture de la musique et des paroles a été la plus fluide. J’apprécie tout particulièrement toutes les mélodies qui y sont développées. Je trouve qu’il conclue parfaitement tout ce que nous avons voulu dire dans ce disque.

Ä : J’aime beaucoup « As Iron Calls… » pour sa richesse et son riff principal, ainsi que son interlude. Séparé en deux par une longue plage acoustique, intense, progressif, c’est également là que se trouve mon riff favori de l’album. Nous avons longtemps travaillé le son du morceau en studio, et j’en suis très fier.

Une tournée est-elle prévue pour défendre cet album et le promouvoir ? On peut vous voir où et quand sur scène ?

M. : Nous avons une tournée de neuf dates en France et en Belgique qui débute à la fin du mois d’Octobre ainsi que la release party d’An Arrow to the Sun à la fin du mois de Novembre chez nous à Nantes. D’autres choses sont en préparation. Nous avons prévu de beaucoup jouer afin d’assurer la promotion de l’album, que ce soit en France ou à l’étranger.

Plein d’excellents albums sont sortis en 2023. Une préférence, un coup de cœur que tu voudrais conseiller ?

M. : Pour ma part je suis incapable de faire une liste exhaustive mais je retiens principalement les derniers albums de Kringa (All Stillborn Fires, Lick My Heart !), Dodheimsgard (Black Medium Current) ou encore le dernier Marduk qui m’a agréablement surpris (forcément, avec autant de clins d’œil à Funeral Mist). Mais j’ai encore énormément de choses sorties cette année à écouter, que ce soit en Metal ou dans d’autres styles bien différents.

Ä : Du peu que j’ai pu (ou voulu) écouter cette année, ma préférence va directement au dernier Dodheimsgard. J’adore leur manière d’écrire la musique, avec d’énormes partis pris qui pour moi fonctionnent parfaitement. Ils se permettent d’oser, et par conséquent de se fermer à un public parfois très peu ouvert et aseptisé… Je respecte beaucoup cela !
Dans un registre tout autre, je conseille le groupe « Orphan Ann », qui joue un ambiant particulièrement vaporeux, parfait pour les longs trajets en voiture ou les journées pluvieuses.

Merci pour tes réponses et à très bientôt

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