La Crue – Blackwater T1 – Michael McDowell

Un premier opus vraiment surprenant : je n’en attendais rien et j’ai été séduit…

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.
Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.

Une saga renommée et encensée

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont proposé, juste avant l’été, aux lecteurs français de découvrir la saga littéraire américaine Blackwater. Aussitôt toute la presse s’est emparée du phénomène, vendant les six tomes de manière dithyrambiques au public, s’étonnant de la voir sortir seulement maintenant alors même que la série a débuté en 1983. Les comparatifs avec Stephen King et autres adjectifs et superlatifs ont été utilisé à de tellement nombreuses reprises que j’étais un peu inquiet au moment de plonger dans ces pages. Qu’allais-je donc trouver ? Un vrai bon roman ou bien une fois de plus un texte moyen ? Eh bien j’ai été très surpris puisque ce premier tome est vraiment bon !

Une édition magnifique

Il faut avant tout parler de cette édition poche proposée par l’éditeur, de toute beauté et justifiant un prix un peu élevé pour un poche. En effet Monsieur Toussaint Louverture a pris le parti de proposer un beau poche doté de dorures, d’un papier épais… Cela se respecte parfaitement mais doit être noté. La gravure proposée est jolie et évoque sans conteste les années 1920. Une belle réussite technique pour ce livre.

Un scénario prenant

L’histoire proposée a tout des sagas fleuves mettant en avant le destin d’une famille. Ici Perdido se réveille après la crue et doit rebâtir. La famille Caskey s’est vue ajouter un nouveau membre en la personne d’Elinor et cela ne sera pas au goût de tout le monde.

Il est assez agréable de voir l’histoire évoluer, coulant doucement au fil des pages sans se presser, prenant le temps de développer les intrigues avant de nous faire avancer de nouveau. Il n’est pas étonnant finalement que ce roman soit bien conçu puisque Michael McDowell est le créateur notamment de Beetlejuice et de L’Étrange Noël de Monsieur Jack. On retrouve d’ailleurs dans les thématiques une certaine récurrence.

Une histoire à replacer dans son contexte

Il est important de replacer l’histoire de Blackwater dans son contexte des années 20. En effet au fil du roman on retrouve un racisme latent, une pauvreté des personnes de couleur qui pour le coup est historiquement vrai, d’autant plus dans un état du Sud comme l’Alabama. Au moment de la lecture il faut bien avoir en tête cette question pour ne pas s’offusquer devant certains propos.

Un style particulier

Le style de Michael McDowell est vraiment particulier. Il prend le temps de tout décrire mais nous laisse pourtant dans le noir sur pas mal de points. Il parvient à rendre, à travers sa plume, un côté sudiste propre à son récit et cela passer très bien justement. La traduction de Yoko Lacour est d’excellente qualité et il n’y a pour ainsi dire pas de coquilles dans ce roman, ce qui est à noter, même si certaines tournures de phrases peuvent sembler bizarres.

Des protagonistes qui sont la clef

Dans toute saga de ce type ce sont les personnages qui sont la clef de voûte, qui nous offrent la possibilité de nous immerger dans l’histoire avec délices. Eh bien ici l’auteur nous en propose une galerie plus qu’intéressante : James, Oscar, Mary-Love, Sister, Bray, tous ont leur âme propre et on suit leurs évolutions avec plaisir. Et il faut aussi parler de la remarquable, et très intrigante Elinor. On ne sait rien d’elle et même à la fin du premier tome, on se doute de quelque chose mais la réponse ne nous est pas encore donnée. Cela rend avide de se plonger dans la suite d’ailleurs.

Un fantastique horrifique feutré

Ce qui marque aussi ce roman est le côté assez fin du fantastique développé, agrémenté d’une pointe d’horreur qui passe très bien. On ne retrouve au final cette bascule franche qu’à deux ou trois occasions, mais tout au long du roman on retrouve des éléments énigmatiques, inquiétants, et qui viennent interroger sur la personne d’Elinor. Cet aspect fantastique est vraiment bien amené et fonctionne parfaitement.

La Crue démarre cette série matriarcale de la plus belle des manières : avec un récit impressionnant, inquiétant et séduisant. Ce premier opus, presque trop court, donne clairement envie de se jeter sur le tome 2, La Digue, ce que je ferais très prochainement c’est certain ! Blackwater est une série qui ne m’a en tous cas clairement pas déçu et qui mérite tout le battage qui est fait autour…

Titre : La Crue
Série : Blackwater
N° du tome : 1
Auteur(s) : Michael McDowell
Illustrateur(s) : Pedro Oyarbide
Traducteur(s) : Yoko Lacour
Format : Poche
Editeur : Monsieur Toussaint Louverture
Collection :
Année de parution : 2022
Nombre de pages : 256
Type d'ouvrage : Roman

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