Retour et fin de voyage dans l’univers du Livre des Purs avec ce second tome d’Olivier Martinelli, publié aux éditions Leha. Dans le premier roman, l’action laissait peu de place au développement des personnages et de l’univers. Avec un premier tome comme le roi des Krols, autant vous dire que je suis parti avec de fortes attentes pour celui-ci. Avec L’enfant Guerre, Olivier Martinelli conserve les qualités du premier tome et gomme une partie des petits défauts.
Les Palocks ont été renvoyés sur grande ile à grands coups de pied. Mais ils ne sont pas partis seuls, ils ont emmené toutes les jeunes vierges Krols. C’est dans ce contexte que le grand Kal, accompagné de son fils Daan le Rouge et de l’armée conjointe des trois clans Beleck, Fradin et Velin, part à l’attaque des guerriers blancs sur leurs terres. Et quitte à aller récupérer leurs femmes, pourquoi ne pas en profiter pour éradiquer définitivement la menace Palock ? Malheureusement tout ne se passera pas comme prévu et ils n’auront d’autre choix que de passer par le domaine des Canis.
J’aime bien la couverture de Marc Simonetti qui illustre un élément important du récit. Les couleurs sont cependant légèrement sombres, ce qui masque une partie des détails et c’est dommage quand on connait le talent de l’illustrateur. La scène choisie marque un tournant dans le roman et c’est une bonne idée de l’avoir choisie pour l’image du roman.
Le scénario est toujours bourré d’action. C’est bien simple, il ne doit pas se passer plus de dix pages d’affilées sans que du sang n’imbibe vêtements et armes. Mais cela n’est pas au dépend de l’univers, qui prend légèrement en profondeur. La traversée de la forêt Canis est une bonne illustration du développement de l’univers, ponctuée de morts. On reste certes encore loin d’un univers à la Erikson mais il a pris plus de consistance que dans le tome précédent. J’en aurais peut-être aimé un peu plus, mais il est agréable de lire un roman divertissant sans avoir à relier toutes les ramifications dans sa tête tous les trois chapitres. Un lectorat exigeant pourra se voir frustré par cet univers « simpliste » , un fait, une action, une conséquence.
En lisant ce tome, je me suis rendu compte que le dyptique n’est autre qu’une réécriture du combat contre le nazisme. On commence par une invasion, puis des forces alliées vont renvoyer les envahisseurs chez eux. Une fois les « nazis / palocks » chez eux, ils prennent le rôle des proies, cachées derrière un mur infranchissable. Malheureusement pour eux pas si infranchissable… commence alors une épuration systématique. Devant un tel scénario, on ne peut pas nier la proposition de l’auteur d’ancrer son récit dans quelque chose de moins superficiel qu’il n’y parait.
On pourra peut-être y trouver un déséquilibre dans le scénario qui aurait mérité quelques scènes de bataille en moins pour les remplacer par un peu plus de préparation et de stratégie. Car bien que contrairement au premier opus, on voie les troupes diminuer comme peau de chagrin au fur et à mesure de la bataille, on sait avant même qu’elle ne commence que les Krols vont gagner.
Pour ce qui est des personnages, c’est assez simple ils n’ont pas vraiment changé. Ils restent des guerriers qui ne vivent que pour verser le sang de l’ennemi afin de protéger leurs familles. Seul Daan et sa fratrie vont voir leurs sentiments prendre partiellement en profondeur et en trouble. On notera aussi le rôle d’un des généraux de l’armée dans la fomentation d’un complot. Complot qui ajoute une dimension supplémentaire au roman. J’ai beaucoup apprécié cette idée mais j’aurais aimé la voir creusée davantage.
Pour ce qui est du style, nous sommes toujours sur un roman hyper fluide et dynamique avec des chapitres ultra courts. Pas de phrases à rallonge. Encore une fois on va à l’essentiel et on offre un roman hyper divertissant au lecteur.
L’enfant guerre malgré des faiblesses, est comme son ainé, un bon roman d’action fantasy. Olivier Martinelli nous livre ici un récit plus politique. Un roman sans prise de tête, qui va droit à l’essentiel et qui cherche à divertir le lecteur sans la prétention d’être une grande fresque de fantasy classique. Quelques portes restent ouvertes et on ne doute pas que l’auteur pourra en profiter pour ralentir son action et développer au mieux son univers prometteur. En cinq mots : Un dyptique d’action fantasy maitrisé !