Existence Is Futile – Cradle Of Filth

La “Grande Peste” de 2020, comme l’appelle malicieusement Dani Filth, n’aurait presque pas pu mieux tomber pour inspirer au groupe britannique son treizième album. Quatre ans après Cryptoriana, Existence Is Futile prouve une nouvelle fois la capacité des Anglais à produire de très bons albums.

Le contexte, tout le monde le connaît. La pandémie, un ralentissement mondial et la culture en berne. Des centaines de groupes se retrouvent dans l’incapacité de se produire sur scène. Qu’à cela ne tienne : dans cette ambiance apocalyptique, il n’en fallait pas plus pour inspirer les créatifs. Ainsi donc naquit Existence Is Futile, un album dans l’air du temps, trente ans après les débuts d’un des groupes les plus clivants du genre.

Avec un tel titre, difficile de ne pas voir le parallèle avec l’actualité. La plume toujours riche de Dani Filth dépeint un monde terne et au bord du gouffre, agrémenté de quelques références bibliques dont il est friand. “Pulvis et umbra sumus” : nous sommes de l’ombre et de la poussière, scande ainsi un chœur dramatique dès les premières secondes d’Existential Terror, le morceau d’ouverture. Cette thématique se retrouve sous diverses formes tout au long de l’album, avec ces personnages qui s’interrogent sur le sens de leur vie tandis que le monde s’effondre autour d’eux. Nul doute que plus d’un se sentira concerné…

Les fans des dernières productions du groupe ne seront pas dépaysés. Sans aller jusqu’à suivre une recette fixe, Cradle Of Filth a su évoluer sans trop s’éloigner de ses influences. Certes, le chant de Dani est un peu plus tempéré que d’habitude, se reposant moins sur ses longs cris stridents qui sont sa marque de fabrique. Les compositions proposent des ambiances théâtrales et sombres, typiques de ce genre hybride dans lequel évolue le groupe depuis des années, entre metal extrême et heavy symphonique, et que d’autres groupes ont repris avec succès (quelqu’un a dit Carach Angren ?). Les amateurs percevront ici et là des éléments qui rapprochent l’album de certains de ses plus emblématiques prédécesseurs, tel Hammer Of The Witches. Je ne saurais trop conseiller d’écouter la version deluxe de l’album, agrémentée de deux morceaux bonus de très bonne facture.

C’est aussi l’occasion d’accueillir la jeune Anabelle Iratni, qui succède à la talentueuse Lindsay Schoolcraft aux claviers et au chant féminin. Sa voix et sa diction évoquent sans conteste Sarah Jezebel Deva. Autre voix qui accompagne Dani Filth sur cet album, le toujours bienvenu et respecté Doug “Pinhead” Bradley apporte une nouvelle fois son timbre sur deux morceaux. Le tout est soigneusement illustré par Artūrs Bērziņš, avec sa quatrième contribution graphique pour le groupe, et à mon sens la plus réussie.

Ceux qui suivent Cradle Of Filth depuis des années seront ravis de ce nouvel album. Existence Is Futile se place aisément parmi les meilleurs de la discographie d’un groupe encore très en forme. Les deux singles tirés de l’album valent assurément le détour, mais rendez-vous service en écoutant le tout : il y a matière à en apprécier toute la richesse.

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