On m’a trop souvent entendu dire que la scène Core française peinait à se faire entendre et d’autant plus côté deathcore. Mes prières ont, semble-t-il, été entendues, puisque je vous propose aujourd’hui de découvrir le premier album de KAMI NO IKARI, qui sortira le 4 octobre prochain via le label Dark Tunes. Le deathcore mélodique et épique des parisiens est largement influencé par des références de la scène Core et métal actuelle comme CHELSEA GRIN, SHADOW OF INTENT, FIT FOR AN AUTOPSY ou encore FLESHGOD APOCALYPSE. Un joli démarrage savamment orchestré qui promet de belles choses pour la suite, tant sur scène qu’en studio.
KAMI NO IKARI (« La colère des Dieux ») en japonais se forme en 2020 pendant le premier confinement et regroupe cinq musiciens : Amarino Barros au Chant à l’initiative du projet et Brice Baillache à la Basse, rejoints rapidement par Rodolphe Brouat et Silvère Escande à la guitare et Yohan Dieu à la batterie. Le groupe démarre, dès fin 2021, des lives qui reçoivent un très bon accueil du public et propose en 2022 un premier EP, Hakai. KAMI NO IKARI s’inspire très largement de l’imagerie traditionnelle japonaise et propose des visuels et des sonorités qui invitent à un voyage épique et furieux. Pas de fausses notes selon moi dans le choix des influences et dans le style revendiqué, on est très clairement sur un deathcore mélodique que je qualifierais même d’épique tant par l’orchestration que par les thèmes. C’est également un deathcore que je situe sur des vagues un poil moins récentes et modernes mais néanmoins très efficace, largement éprouvé et validé en effet par des groupes comme SHADOW OF INTENT ou LORNA SHORE ou même plus récemment par BRAND OF SACRIFICE. Il laisse beaucoup de place aux mélodies, à des chœurs, des soutiens vocaux variés, beaucoup d’orchestration et d’intensité, et bien sûr une imagerie qui va avec. Un deathcore un peu moins sombre, avec moins de lourdeur et de froideur. Si vous êtes ainsi plutôt fan de longues chansons, avec beaucoup de progressions, des chœurs, des mélodies très présentes, des parties orchestrales, une imagerie épique, alors ce groupe est fait pour vous.
L’album See You In Hell de KAMI NO IKARI se veut particulièrement cohérent dans sa construction et le groupe a fait le choix de s’entourer au mieux afin de proposer des compositions impactantes. Ils ont en effet fait appel à Francisco Ferrini, pianiste et compositeur de FLESHGOD APOCALYPSE afin de réarranger et orchestrer l’ensemble. Son travail permet de donner cette dimension épique à l’album. L’enregistrement et la post production sont le fruit du travail de Niko H.K Krauss au Vamacara Studio (LOUDBLAST, BLACK BOM A, LES TAMBOURS DU BRONX, SINSAENUM, etc.). Un premier single sort le 12 juillet dernier, « The Forgotten », accompagné d’un clip puis plus récemment « Interitus ». L’accueil est chaleureux et génère déjà des retours positifs de la presse metal. Les parisiens de KAMI NO HIKARI ont ainsi réuni 10 morceaux mêlant avec beaucoup d’intensité : violence d’un deathcore très assumé et envolée lyrique d’un métal très épique et orchestral. Une belle invitation à voyager avec eux dans leur univers, efficace et très proprement exécuté bien qu’un peu convenu tout de même pour moi et sans grande surprise. KAMI NO IKARI ne renouvelle pas particulièrement le genre et ne prend pas de gros risques, mais propose sa variation réussie d’un deathcore plus traditionnel et mélodique qui devrait plaire à n’en pas douter.
L’album s’ouvre sur le morceau « Godly Oath » avec une introduction martiale et mystique qui laisse rapidement la place aux guitares et à la batterie avant d’enchainer sur un scream bien énervé. Les mélodies proposent une ambiance très tourmentée et agitée soutenue par des chœurs. Les breaks prennent aussi beaucoup en puissance avec les parties orchestrales et les chœurs.
« Inside You » enchaine de manière plus agressive et laisse progressivement découvrir une mélodie particulièrement jolie avec une progression assez lumineuse. Le refrain offre encore plus de place à cette mélodie. Les arrangements sur le breakdown lui donnent une puissance et une noirceur très intéressantes avant de repartir sur les parties plus douces au clavier particulièrement présent.
« Interitus » est l’un des singles précédemment sortis et accompagné d’un clip, un playthrough avec les deux guitaristes. On commence à nouveau avec une intro plutôt longue aux accents japonisants et des envolées très épiques. Ce morceau-là laisse beaucoup plus de place aux éléments orchestraux et aux guitares avec de nombreux solos. Le break détonne un peu avec une couleur plus Core au son d’un « Fucking Bitch ».
Le morceau suivant « Final Judgement » démarre sur des tonalités plus heavy avant de reprendre sur des phases plus mélodiques. Veronica Bordacchini, chanteuse lyrique de FLESHGOD APOCALYPSE et Francesco Paoli, chanteur et guitariste de FLESHGOD APOCALYPSE collaborent sur ce morceau qui donne beaucoup plus d’importance au chant. Les ajouts de chant lyrique apportent beaucoup de puissance avant de finir sur un break très martiale.
« The Forgotten » est le premier single que le groupe a sorti et est également accompagné d’un clip, un playthrough mais de la batterie cette fois. Ce morceau est plus agressif et propose un rythme très efficace et impactant. Le chant plus metalcore sur les premières parties laisse rapidement place à un enchainement de breakdown interrompus par les solos de guitare.
On enchaîne avec « The Reason Why » dont l’introduction rappelle particulièrement les inspirations death symphoniques du groupe. L’orchestration est très présente. Je suis moins fan des guitares sur ce morceau cependant et du chant. De même, les soutiens proposés par les chœurs peinent un peu à donner de la force au morceau selon moi.
Le morceau « Dead Letter to the Future » propose une atmosphère plus orientale et lancinante. Le chant est plus ténu, les guitares contenues et la mélodie plus discrète sur les couplets avant de repartir en intensité sur le refrain. Cette chanson a également la particularité de mêler des parties chantées en anglais, japonais et français pour dépeindre le destin d’une humanité qui a gaspillé ses ressources.
« Cronos » vraisemblablement intitulé en référence au dieu du temps et titan, est un morceau qui m’a un peu moins convaincue. J’avoue être un peu perplexe sur le choix de la divinité pour un album qui tournait autour de mythologies et d’imagerie japonaises. Petite incohérence pardonnée avec un breakdown très sympathique et une présence très intéressante de la basse sur ce morceau.
« Shinko » offre un petit interlude à la guitare clean avant le dernier morceau. Un peu de douceur avant un démarrage brutal pour « Theophobia ». Les riffs sont plus agressifs. Par contre je suis moins fan des soutiens vocaux. Le breakdown est beaucoup plus moderne et lourd sur ce dernier morceau avec des effets vocaux très intéressants sur le scream, en particulier sa tenue. Le morceau enfin se termine sur un solo de guitare.
KAMI NO IKARI propose un ensemble très cohérent et efficace avec ce premier album. Les morceaux s’enchainent très bien et on garde un esprit très épique tout le long. Leur deathcore est résolument très mélodique voire même symphonique, résultat évident de leur collaboration avec les musiciens de FLESHGOD APOCALYPSE. Ils ont su en effet s’entourer d’une belle équipe et mettre les moyens nécessaires pour proposer une vision assez grandiose et lyrique de leur projet. Il y a également un joli travail sur la direction artistique avec des visuels très beaux, et pour le coup, assez différents de ce que l’on retrouve habituellement sur ce type de projets. Les images offrent en effet une vision plus douce et poétique qui adoucissent l’ensemble. Je suis tout de même un peu sur ma faim quant à l’exploitation de la mythologie japonaise et de ses influences qui restent selon moi un peu timides voire un poil décalé avec le morceau « Cronos ». De plus comme je le disais, il ne faut pas non plus s’attendre à un album révolutionnaire en termes de deathcore, c’est très bien construit, efficace, c’est beau et lyrique, mais sans grosse prise de risque. Les arrangements et l’orchestration apportent énormément de force aux morceaux mais j’aurais aimé parfois retrouver un peu plus de lourdeur et des breakdown plus incisifs et plus modernes. C’est néanmoins un excellent début pour le groupe qui démontre qu’ils sont capables de faire une très bonne première copie. Un excellent potentiel et de quoi proposer encore plus pour la suite. Je suis d’ailleurs assez curieuse de découvrir comment ils exploiteront leur concept par la suite ou s’ils projettent de le faire évoluer différemment. On les remercie également d’offrir un très joli projet de deathcore français très bien inspiré par les grands noms du deathcore international. Je ne peux que les encourager à continuer et vous encourager à les découvrir.