RIIP Fest 2023

En ce chaud samedi de juillet, me voilà partie pour Tours afin d’assister à la 7ème édition du Riip Fest. Après 3h30 de voiture, j’arrive sur le parking du complexe Culturel Oesia de Notre Dame d’Oé, en banlieue de Tours. C’est le début d’après-midi, ceux qui avaient installé leur camping-car sur place se préparent à rejoindre le site et les autres visiteurs remplissent progressivement le parking avant de se diriger vers l’entrée. C’est encore calme et le staff finalise quelques décorations et installations pendant que nous validons nos entrées. Le complexe culturel est grand et bien agencé, organisé autour d’une grande salle pouvant contenir plus de 1000 spectateurs debout, avec une scène presque trop vaste. Quelques stands à l’intérieur mais surtout un bar avec du staff qui propose des bières locales en plus des bières plus traditionnelles et des autres boissons. Sur le côté à l’extérieur, un grand espace est aménagé avec quelques stands d’associations et artisans, un stand de restauration, quelques tables et bancs. L’espace est un peu difficile à visiter sous la chaleur de l’après-midi et les festivaliers préfèrent rester à l’intérieur en attendant le début. Malgré la présence d’un seul stand de restauration, il y a quand même de quoi contenter tous les régimes alimentaires à des prix raisonnables. Côté artisans et associations, on note la présence de Hardcore Cares, asso chère à mon cœur dont l’objectif est de soutenir les associations de protection animale et sensibiliser le public métal sur cette problématique dans les concerts et festivals. Un peu sur ma faim par contre en termes de stands d’artisans ou artistes. Ça pourrait être un vrai plus de présenter le travail d’artistes alternatifs ou de valoriser plus d’artisans locaux. Le festival a vraiment le potentiel, le public et la place pour ça et je suis sûre qu’ils pourront encore plus se développer sur les prochaines années.

 

 

Le Riip Fest en est à sa 7ème édition cet été 2023 et accueille sur 1 jour et demi pas moins de 15 groupes locaux, français et étrangers de hardcore. Un hardcore qui va de sonorités très heavy ou très punk aux sons plus modernes du hardcore beatdown ou du deathcore. On note tout de même une programmation qui privilégie un son hardcore plus heavy et plus trash, un choix très adapté à la scène et qui a le mérite de chauffer facilement le public. Pour autant, j’aurais aimé voir un peu plus de vagues hardcore plus récentes, plus beatdown, quitte à aller chercher chez nos compatriotes. Pour autant loin de moi l’envie de dénigrer un petit festival plein d’ambitions et qui met les moyens pour accueillir chaleureusement groupes et publics dans des conditions très appréciables. La salle offre un bel espace, un bon son, de belles lumières avec des ingé et des tech visiblement très impliqués. Pas de gros couac technique, un timing parfaitement respecté, un enchainement fluide, une programmation cohérente, énergique, de qualité. Un son qui a rapidement mis l’ambiance pour un public qu’on sent à la fois très familier de la scène hardcore mais aussi un public moins averti et plus curieux. Atmosphère également plutôt bienveillante tout le long du week-end. On peut profiter de la scène et des lives sans forcément se retrouver pris dans le pit, et l’événement affiche dans sa communication et sur place la volonté de faire respecter cette bonne ambiance. C’est finalement plutôt chouette pour le public local qui a vraiment la chance de pouvoir profiter d’un évènement bien monté, avec du bon son à un tarif raisonnable. Il y a de quoi se restaurer et boire, les toilettes sont en nombre suffisant et propres, le parking est grand. Petit bémol, quand on vient de loin comme moi, il n’y a pas vraiment de solution pour dormir. Je me suis rabattue sur la chambre d’hôtel à 5min en voiture. Certains ont choisi de dormir sur le parking dans leurs voitures ou camping-car. Mais peut-être pourrait-on envisager sur les prochaines éditions d’installer un camping sur les larges espaces en herbe autour du complexe ?

 

 

Côté concerts, je suis venue uniquement le samedi après-midi et soir. 9 groupes sont prévus, avec des sets courts de 30 min en majorité. Le premier débute à 15h30 dans une atmosphère déjà moite et un public encore un peu clairsemé avec No Glory. No Glory est un groupe de métal hardcore dit « Greytown » venu de Limoges qui a déjà un premier album, Lost Generation à son actif. Greytown en référence sans doute au nom que la scène hip hop de Limoges a donné à la ville. Pas facile de débuter la journée et de chauffer un public tout juste arrivé mais les garçons de No Glory vont plutôt bien s’en sortir. Mis à part un petit souci de corde cassée et un léger manque de fluidité dans l’enchainement des morceaux, le groupe propose un son très groovy avec de bons breaks bien lourds. J’aime leur énergie, le growl du chanteur et les renforts vocaux du bassiste sont plutôt bienvenus.

 

Ils sont suivis par le heavy hardcore des bordelais de No Matter What. La formation est récente mais a déjà quelques feat plutôt impressionnants à son actif comme un morceau avec le chanteur Drew York de Stray from the path. Un premier album vient tout juste de sortir, sobrement intitulé No Matter What. Les membres sont plutôt jeunes et ça se voit dans les influences hip-hop et street de leur DA. Leur set démarre avec une intro hip-hop et s’enchaine avec des morceaux très énergiques aux sonorités plus old-school que le groupe précédent. Une telle énergie d’ailleurs que le chanteur arrache le câble du micro et sans se démonter continue de chanter avec le micro sur pied de l’un des gratteux. Les parties clean sont moins claires, mais les gros breaks chauffent bien le public même si on est encore loin des violents mosh pit du hardcore. Un jeune groupe à suivre dans le futur pour voir ce qu’ils vont nous proposer.

 

A peine le temps de souffler que montent sur scène les lillois de Sick Nerves. Formation toute jeune également qui a déjà sorti quelques titres pour un EP qui devrait sortir prochainement. Un son plus garage et un hardcore à l’ancienne, très énergique et sympathique mais qui manque un peu de lisibilité et de clarté encore. Je suis moins convaincue par le chant malgré un son plutôt lourd et quelques samples bien amenés entre les morceaux. Il y a du potentiel et je suis curieuse de voir ce que donnera leur premier EP. Ils ont également la chance de pouvoir profiter d’un public plus nombreux et surtout plus agité.

 

Arrivent désormais mes petits préférés de cette journée, venus de Annecy, les garçons de Parjure sont venus nous présenter un son hardcore très lourd et plus moderne. J’ai une nette préférence pour la vague beatdown du hardcore et les groupes qui piochent aussi dans des influences death et deathcore. Un rythme un peu plus lent, plus lourd et plus gras qui ravit mes oreilles. Le public y est très réceptif et le pit devient enfin beaucoup plus animé. Le groupe interagit d’ailleurs beaucoup avec eux et transmettent une belle énergie positive. Rien que dans le look mais aussi dans le son, on note bien qu’on est au croisement entre les gimmicks du hardcore et tout ce qui fait la scène Core plus récente et la violence du beatdown. Le chanteur, torse couvert de tattoos et chemise à motif pizza propose un scream impressionnant. Le groupe enchaine sans répit et intègre quelques parties aux influences death et deathcore au milieu de ces morceaux. Impitoyables, ils maitrisent la scène et leur set. Ils ont déjà à leur actif 2 EP et un album avec de très beaux featuring dont mes petits chouchous de Get The Shot. Ravie de les avoir découverts enfin sur scène, je ne manquerais pas de revenir les écouter à leur passage en terres franciliennes !

 

Après une petite pause bien méritée, arrivent sur scène un groupe plus local, Real Deal. Les tourangeaux proposent un punk hardcore très heavy qui contraste très fortement avec le groupe précédent. Une belle énergie malgré tout pour un groupe qui a déjà un album et un EP à son actif et pas mal de scène. Je suis moins convaincue par le punk et je trouve leur set presqu’un peu brouillon par moment. Le public est aussi un peu moins réceptif. Peut-être aurait-il fallu ne pas les positionner juste après le hardcore beatdown de Parjure ?

 

On sort ensuite des frontières françaises et on découvre Prowl, formation québécoise depuis 2016 avec déjà deux EP et un album. Les canadiens proposent un set très énergique, très violent de metallic hardcore, un crossover avec un son très trash et tout droit sorti des années 90. Ça sonne sale et très vintage, et la présence scénique du chanteur est assez impressionnante. C’est très efficace, le public est charmé et ça pogote pas mal. Je suis moins fan du trash et des sonorités très old-school, idem sur le chant qui est moins ma tasse de thé. Néanmoins, un très bon set qui a vraiment transmis une bonne énergie au public.

 

On poursuit sur la lancée des groupes internationaux avec Brothers Till We Die. Présentés comme un groupe de Heavy metal Hardcore, on est plutôt sur un groupe de hardcore beatdown aux sonorités plus modernes. Des gros breaks très lourds, un super groove, une très belle énergie sur scène, des renforts voix variés entre la bassiste et les gratteux en clean et en scream. Deuxième coup de cœur de la journée ! Il faut en plus noter que la bassiste est la seule musicienne parmi tous les groupes présents que l’on verra ce jour-là. La scène hardcore comme le reste du metal manque encore cruellement de place pour les formations féminines et les musiciennes se font trop rares ou ne sont pas suffisamment mises en avant. Le groupe a déjà une jolie discographie et pas mal de scènes, ils proposent un joli set très énergique et varié, des samples réguliers avec des influences électro. Les musiciens m’ont aussi vraiment donné le sentiment qu’ils s’amusaient, et ils le transmettent bien au public avec le premier wall of death de la soirée. Petit bémol pour le renfort voix de la bassiste qu’on entendait à peine.

 

Je finirais ma soirée avec Grove Street, un groupe anglais de Southampton qui propose un hardcore aux influences punk et trash. Le son est aussi très vintage, une ambiance années 90 avec des sonorités hip-hop. Le chant est un peu plus varié avec des parties rappées et quelques samples hip-hop très bienvenus. Le groupe a un très bon groove et crée une belle ambiance dans le public. Ils sont très énergiques sur scène et le batteur se jettera même dans le public. Le groupe a du métier et ça se voit, habitués des scènes hardcore à l’international partagées avec des références comme Deez Nuts ou Sick of it All. 

 

Bien fatiguée par la journée et assommée par la chaleur je finirais la soirée avant d’écouter les américains de Cro-Mags. Ils offrent une belle tête d’affiche même si je suis moins sensible à leur hardcore très heavy et punk.

 

Le Riipfest offre un joli week-end hardcore et surtout une scène de qualité pour des formations très récentes et plus locales comme des groupes internationaux et plus chevronnés. Un bel accueil également pour le public et des infrastructures avec pas mal de potentiel. Je serais ravie de voir le festival se développer un peu pour présenter un peu plus d’exposants et d’animations en dehors des concerts et proposer aussi une solution pour dormir. Ce dernier point est d’autant plus intéressant qu’il permettrait de séduire des festivaliers plus éloignés. La programmation est cohérente, soignée, bien rythmée et surtout bien accompagnée techniquement. Je regrette un peu que l’espace de la scène soit peu exploité par les groupes, ça manque de décor et certains groupes semblaient un peu perdus ou éloignés. A cela s’ajoute que l’on a encore beaucoup de musiciens branchés en filaire qui semblaient parfois un peu contraints dans leurs mouvements. Les styles des groupes et la programmation m’ont à la fois beaucoup plu et en même temps je regrette le manque de sonorités plus modernes et beatdown. L’avantage premier est qu’on parvient à séduire un public plus large en termes de goûts musicaux et d’âge. Par contre, je trouve que ça manque un peu de la modernité de la scène Core actuelle, de sons plus lourds et plus gras. Ça s’explique en partie par le retard français dans le domaine selon moi, avec encore trop peu de groupes sur les scènes hardcore beatdown et deathcore mais sans doute aussi une production et un mixage encore trop garage et vintage qui ne parvient pas à pousser les groupes vers un son plus moderne. J’aimerais aussi voir plus de groupes avec des membres féminins, voire des formations exclusivement féminines et la scène hardcore en a pourtant !

Pour conclure, on veut plus de festivals et d’évènements bien organisés comme celui-ci, à taille humaine, avec cette bonne ambiance et capables de promouvoir des formations variées en termes de style, d’expérience et d’origine géographique. Riipost propose un évènement a un prix abordable, de jolies têtes d’affiche, avec une équipe dynamique et sympathique et un support technique très correct. On note aussi une attention portée à des initiatives environnementales, aux valeurs d’inclusivité et de respect pendant le festival. Je les encourage à les développer et à offrir encore plus de place à la fois aux artistes mais aussi à tous ces acteurs des musiques extrêmes. Un chouette moment que j’ai été ravie de couvrir !

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