Un roman d’une grande qualité, un bel exemple de l’imaginaire francophone à son meilleur niveau.
Merveille architecturale élancée vers le ciel, Roche-Étoile a connu la splendeur et la chute. La cité sainte de la déesse sans visage est maudite, réduite à l’état de nécropole brumeuse depuis que les eaux de son lac et de ses puits se sont changées en poison mortel.
Sept ans après le drame, l’archiviste d’un royaume voisin se rend dans la cité défunte avec pour mission de reconstituer le récit de ses derniers jours. Mais il s’avère bientôt que Roche-Étoile abrite encore quelques âmes, en proie à la souffrance ou à la folie, et celles-ci ne semblent guère disposées à livrer leur témoignage.
Un jeu de dupe commence alors entre l’archiviste et ces esprits égarés, dans les dédales d’une cité où la vérité ne se dessine qu’en clair-obscur, où dénouer la toile du passé peut vite devenir un piège cruel.
Un roman d’une rare qualité
Les petits éditeurs français sont connus pour proposer des romans étonnants, des textes qui rentreraient difficilement dans le catalogue d’un éditeur plus classique. C’est très exactement le cas avec La Cité Diaphane. Il s’agit ici de mon premier roman de chez Argyll (en tous cas officiellement car la version poche de Le Chien du forgeron a fini entre mes mains) et je dois dire que je n’ai pas été déçu. Le texte est sublimement écrit, le scénario impeccable et l’univers étonnant. Pour ne rien gâcher l’objet-livre est très réussi lui aussi avec son vernis sélectif et ses illustrations intérieures.
Un univers et une histoire de hautes-volées
Anouck Faure nous propose un univers étonnant, se réduisant, aux yeux du lecteur, à une simple cité et ses environs, mais que l’on sait être plus vaste d’après les propos des personnages. Et cette « simple » cité va s’avérer plus profonde, plus inquiétante que jamais. Et que dire de ce scénario où l’autrice est parvenue à plusieurs reprises à vraiment me surprendre (ce qui n’arrive plus si souvent) ? Eh bien qu’il est impeccable de la première à la dernière page. Il invite le lecteur à une balade dans la Cité aux côtés du narrateur, la découverte de ce qu’il reste mais également de son passé. Je ne vais pas trop en dire pour ne rien déflorer mais du début à la fin on est face à quelque chose de grand.
Des personnages absents et présents à la fois
Le lecteur va découvrir une galerie de personnages finalement assez limités et qui restent très neutres, de manière assez intéressante d’ailleurs. Le forgeron n’aura pas de nom, simplement son titre. Cela permet de donner un côté très vaporeux à l’ensemble du roman qui fonctionne très très bien. Cela donne une impression de vide, de remplaçabilité des protagonistes et pourtant chacun est à sa place, chacun a son rôle à jouer dans la trame d’Anouck Faure.
Une plume acérée
Le style littéraire d’Anouck Faure est tout simplement impeccable tout du long. Alliant un côté littéraire très présent avec la beauté des descriptions et le percutant des dialogues, tout est là pour nous satisfaire au mieux. Et c’est une franche réussite puisque cela faisait bien longtemps que je n’avais pas trouvé une plume aussi agréable que celle de cette autrice.
Des illustrations intérieures magnifiques
Anouck Faure est aussi et surtout plasticienne dans la vie, et de ce fait elle a réalisé l’ensemble des illustrations de son roman. Et là où parfois on tombe sur des images plus ou moins réussies, ici elle parvient à rendre par son trait de crayon ses mots vivants. Ces images, tenant presque de la gravure, sont à la fois détaillées, donne une idée de l’ambiance et décrivent l’action. Tout en ajoutant un sel indéniable à ce livre déjà d’excellente qualité.
La Cité Diaphane entre dans la liste de ces romans 2023 que je ne suis pas près d’oublier : une plume impeccable, un scénario parfait, une cité inquiétante, tout est là pour ravir le lecteur et me concernant cela a plus que fonctionné ! Jetez-y un œil, soutenez la petite édition française et les auteurs francophones : vous pourriez aisément y trouver des pépites comme ce roman !