Une petite merveille mêlant intelligemment SF, gothique et horreur.
Élevée par une flopée malveillante de nonnes sclérosées, de serviteurs antédiluviens et de squelettes, Gideon est fin prête à laisser derrière elle une vie de servitude. Elle embarque donc son épée, ses bottes et ses revues pornos, et prépare son évasion. Mais son ennemie d’enfance ne lui rendra pas sa liberté avant un dernier service.
Harrowhark Nonagesimus, Respectable Fille de la Neuvième Maison et magicienne osséo surdouée, répond en effet à l’appel de l’Empereur. Celui-ci a convié les héritiers et héritières de ses loyales Maisons à prendre part à un concours impitoyable. Si Harrowhark réussit, elle deviendra une servante immortelle et toute-puissante de la Résurrection. Mais pour cela, elle a besoin de Gideon…
Un roman surprenant
Gidéon la Neuvième est un des romans qui m’aura le plus surpris cette année. Prenant de la première à la dernière page, il propose un univers impressionnant dont le lecteur n’a que peu conscience au début de la lecture. Tamsyn Muir pose les fondations de celui-ci et le compose brique par brique sous nos yeux pour notre plus grand plaisir. Qu’il s’agisse des neuf maisons, des licteurs, de le Maison de Canaan, de la nécromancie qui est omniprésente, tout est mis en place pour que le lecteur s’amuse et frisonne de bout en bout.
Un huis clos passionnant
L’ensemble du roman est un huis clos dans une résidence gothique délabrée où tous les détails ont une grande importance. Qu’il s’agisse des relations des différents personnages, de leur parcours dans les différentes salles et épreuves, ou encore de l’ambiance globale de la maison, l’autrice gère tout avec une maîtrise admirable. Et pourtant l’exercice dans le cadre d’un premier roman est bien loin d’être simple…
Un binôme dysfonctionnel mais parfait
Le binôme formé par Gidéon et Harrow est des plus surprenants, à la fois totalement dysfonctionnel et pourtant totalement nécessaire. Les deux fonctionnent ensemble bien mieux qu’elles ne l’auraient cru une fois leur relation apaisée. Chacun d’elle est un petit bijou de création de personnages et on se prend au jeu de leurs piques et de leurs aventures très facilement.
Babel et Actes Sud a décidé de publier cette pentalogie de SF et c’est à mon sens une excellente nouvelle : Tamsyn Muir propose un roman mature, prenant et aux personnages forts. Les quelques touches d’humour potache m’ont bien fait sourire et je n’ai, à ce stade, qu’une idée en tête : me jeter sur le second tome, sorti en grand format il y a peu.