Une magnifique réécriture d’un superbe mythe nordique…
Les hommes meurent. Les dieux meurent. Elle survit !
Le destin d’une sorcière, d’une femme, d’une mère face aux dieux.
Angrboda est une sorcière condamnée à l’anéantissement pour avoir refusé de partager tous ses secrets avec Odin, le roi des dieux nordiques. Transpercée et brulée vive à 3 reprises, elle parviendra à échapper à la mort, perdant sa mémoire et son cœur au passage.
Ce n’est que le début d’une histoire plus troublante : Angrboda tombe amoureuse de celui qui lui rendra son cœur… Loki, dieu ô combien célèbre pour la discorde qu’il sème sur son passage. Voilà qui ne promet pas à Angrboda une vie paisible. Tour à tour mère de trois enfants terribles promis à un destin apocalyptique, Hel, déesse des morts, Fenrir, le loup craint par les dieux eux-mêmes, et Jörmungand, un serpent géant, Angrboda peut néanmoins compter sur son amie Skadi, la déesse de la chasse.
Mais c’est oublier Odin qui veut retrouver Angrboda et lui arracher ses derniers secrets, quitte à déclencher le Ragnarök, la dernière guerre totale entre dieux, géants, créatures fantastiques qui détruira le monde.
Une saga nordique
La saga Angrboda est célèbre par-delà les terres nordiques. Cette sorcière multiplement torturée par les dieux est au final à l’origine du Ragnarok lui-même. Et l’histoire qui nous est proposée ici, bien que romancée, colle impeccablement bien au mythe originel. On suit Angrboda après qu’elle se soit fait rendre son cœur par Loki, jusqu’à sa mort. Et entre les deux sa vie ne fut pas de toute repos, c’est le moins qu’on puisse dire : trois enfants, des amitiés et inimitiés, de l’amour et des trahisons, sont le sel de son existence.
Une histoire féminine et féministe
L’histoire de la Sorcière de Fer est empreinte de féminité tout d’abord. Elle agit et réagit comme une femme, protégeant ses enfants et ceux qu’elle aime à tout moment. Mais cette histoire est aussi féministe car Angrboda est aussi puissante que n’importe quel dieu. Elle ne compte pas se laisser faire et par ce biais démontre qu’une femme n’a rien à envier à l’homme.
Des héros attachants
Chacun des protagonistes de ce roman resteront dans le cœur du lecteur. Ma préférence, étonnamment, ne va pas à Angrboda, mais à Hel et à son frère Fenrir. Chacun des deux joue son rôle mais la petite fille est des plus émouvantes. Loki nous fait souffler le chaud et le froid mais à la fin du roman on le comprend. Bref, ce sont les personnages qui font aussi de ce roman une petite pépite.
Un livre magnifique
Sabran a gardé les bonnes habitudes de De Saxus : une version collector existe qui est tout bonnement magnifique. Jaquette, couverture rigide, illustrations avec le jaspage de la tranche, tout est mis en œuvre pour proposer au lecteur un ouvrage qui redéfinisse le terme de qualitatif.
Avec Cœur de Sorcière Sabran frappe très fort pour une première sortie. Le label va proposer des récits mythiques et effectivement commencer par cette réécriture romanesque d’une partie de l’Eda est une excellente idée. Ce roman est beau techniquement et littérairement, proposant une histoire sublime. Je serais curieux de lire ce que cette autrice peut proposer d’autre en tous cas…