Bonjour, et merci de prendre le temps de me répondre. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Malemort ?
Je suis Xavier, chanteur de Malemort. Mon rôle consiste… à chanter, mais aussi à composer les chansons, en duo avec Sébastien Berne, et à représenter le groupe, sur et hors scène.
Comment en es-tu venu au rock et au metal ?
Si je te dis que j’ai eu la bonne idée d’être ado dans les années 90, je pense que je n’aurai pas besoin de te faire un dessin : Maiden, Metallica, Megadeth, Guns n’Roses, Sepultura, Paradise Lost, Death, et j’en passe !
Château-Chimères est le nouvel album de Malemort, qui fait suite à Balltrap. Tout d’abord : pourquoi avoir attendu six ans entre les deux ?
Il nous a fallu deux ans pour emmener Ball Trap jusqu’au Hellfest, puis nous avons tourné jusqu’en 2019. Ensuite, nos lecteurs ayant vécu les mêmes années 2020-2021 que nous, ils comprendront aisément que nous ayons pris tout notre temps pour préparer le disque !
Cet album raconte, ou s’inspire, de l’histoire du château d’Hérouville. Tu peux nous en dire plus ?
Dans les années 70, ce château est devenu le premier studio-résidence au monde, accueillant la crème des musiciens internationaux, de Pink Floyd à Elton John, en passant par David Bowie, Iggy Pop ou T-rex. Tout ça dans un coin de campagne, à 30 bornes de Paris, et à 3 km de chez moi. A l’époque déjà, on prétendait la demeure hantée, mais c’est son destin tragique et le suicide de son créateur, Michel Magne, qui ont achevé de faire de cet endroit un mythe, notamment pour les anglo-saxons.
Comment s’est passé la composition ? Qui écrit la musique, qui se penche sur les paroles ?
Le principe même du concept-album exigeait une méthode : 12 chansons pour autant d’épisodes de l’histoire. Je me charge d’écrire les premières maquettes, Sébastien Berne reprend tout ça, il en fait de la dentelle, et ensuite, j’écris les paroles.
Pour les artworks vous avez bossé avec Blitz. Comment l’avez-vous trouvé, comment s’est déroulé le travail avec lui ?
Laurent Blitz a beaucoup de talent, et j’aime son travail. Je lui ai tout simplement demandé s’il avait envie de s’embarquer dans cette histoire de château… mais je me doutais que ça ne pourrait que lui plaire ! On s’est amusés comme des fous, pour constituer ce petit univers… Sur cet album, tout est lié, tout fait sens, entre la musique, le visuel, les films.
Quelle est ta chanson préférée de l’album et pourquoi ?
Question à laquelle je me refuse absolument de répondre, même dans un état second… et je ne voudrais surtout pas apparaître comme un prétentieux en te disant que je les trouve toutes terribles, ah ! ah !
Tu as joué un vrai rôle finalement dans le clip pour Quelle sorte d’homme ? Comment vis-tu le fait de devoir jouer un rôle à l’écran, finalement différent de celui sur scène ?
Heureusement qu’il s’agit malgré tout d’un rôle proche de moi et plutôt monolithique, car quand même, j’ai bien conscience de ne pas être du métier… Je suis musicien et pas acteur, et je sais pourquoi ! Mais je me suis bien amusé, et j’aime la compagnie des professionnels, on apprend beaucoup.
D’autres clips sont-ils prévus pour soutenir la sortie de l’album ?
Nous avons sorti « Je m’en irai », ou nous pouvions nous contenter de jouer nos propres rôles. J’aimerais en proposer d’autres, mais la question du budget est tout sauf anecdotique…
Vous avez en partie financé l’album par financement participatif, brillamment réussi d’ailleurs. Pourquoi être passé par ce biais, et est-ce que cela n’est pas émouvant de voir votre communauté se réunir autour de vous, vous aider à produire votre musique ?
Oui, j’avais pris le temps de mûrir ce choix, et je voulais absolument qu’on ne se méprenne pas sur nos intentions : il s’agissait dans notre cas d’une prévente, ni plus, ni moins. Quand nous avons ouvert le financement, le disque était mixé, masterisé, les commandes de merch passées, nous savions que ce que nous proposions au public était de qualité. Et le résultat fut exaltant, car les participants ayant reçu leurs commandes quelques jours avant la sortie (nous avons mis un point d’honneur à y parvenir), ce fut un moment fort partagé entre nous et le premier cercle. Belle réussite, pleine de sens pour un groupe indépendant, qui existe par son contact direct avec son public.
Quels sont les prochains projets pour Malemort ?
Je crois que nous aimerions beaucoup pouvoir proposer l’album complet sur une ou deux dates. Nous avions beaucoup apprécié de le faire une fois, avec Ball Trap.
Est-ce que tu comptes attendre six ans avant de nous proposer de nouvelles chansons ?
Je ne sais absolument pas de quoi demain est fait, et je me refuse à considérer la création de musique comme une routine. Les groupes qui en vivent finissent souvent par proposer des disques trop « fabriqués ». Créer de la musique doit rester une aventure extrême. Et puis la vie est taquine et ténue…
Au final Malemort a un peu touché le toit du monde lors de votre concert en MS au Hellfest. Comment as-tu vécu cette expérience qui devait être particulièrement grisante ? Quel serait le palier supplémentaire que tu voudrais atteindre en termes de live ?
Le Hellfest est un Graal, et je reboirais volontiers à sa coupe… Ces moments hors du temps font oublier bien des amertumes.
Et justement si je veux Malemort sur scène, c’est où et quand ?
Nous allons d’abord tâcher de figurer au menu des festivals du printemps/été 2023, pour ensuite proposer des dates … Ça dépendra aussi du courage des tourneurs à proposer un peu de nouveauté dans l’écurie des groupes les plus présents sur les scènes nationales.
Plein d’albums de qualité sont sortis en 2022. Une préférence, un coup de cœur que tu voudrais conseiller ?
Même si beaucoup de bons albums de 2022 mériteraient d’être cité, je te proposerai malgré tout de tricher un peu, avec « Hushed and Grim », de Mastodon, sorti fin 2021, qui me paraît avoir l’envergure d’un grand classique !
Merci pour tes réponses et à très bientôt