Le résumé de ce roman et sa superbe couverture avaient piqué ma curiosité. Malheureusement, ce livre n’a pas été à la hauteur de mes attentes.
Londres, 2045.
La société est divisée en deux clans.
Les Bâtards, réduits à l’état d’esclaves, n’ont aucune valeur.
Les Purs forment l’élite qui a accès à tous les privilèges.
Le Cirque de l’horreur est leur divertissement préféré. Ils attendent avec délectation l’accident mortel qui leur procurera le grand frisson.
Ben, fils de ministre, assiste à sa première représentation et tombe sous le charme d’Hoshiko, la funambule star du spectacle. Mais derrière l’éblouissement et le faste de l’arène, il découvre l’horreur. Trouvera-t-il le courage de résister pour mettre fin au carnage ?
Show Stopper prend place dans un univers d’anticipation comme je les aime. Dans ce Londres futuriste, les individus différents – parce qu’immigrés, pauvres, etc. – se sont vus exclure au fur et à mesure des années. Le temps passant, deux castes distinctes se sont formées : celle des Purs, privilégiés élitistes, et celle des bâtards, relégués aux bidonvilles et à la survie. Les seconds sont à ce point méprisés par les premiers qu’on leur refuse d’ailleurs toute humanité. Les sujets sociétaux abordés ici semblent poussés à l’extrême et pourtant, à la réflexion, ce soi-disant futur n’est sans doute pas si éloigné que cela. En bref, ce point de départ promettait d’être captivant, pour peu qu’il fût développé avec intelligence.
Il faut reconnaître à l’auteure un véritable sens du suspense. C’est selon moi la principale qualité de l’ouvrage : il se lit très bien. On s’y plonge aisément, et l’envie de découvrir la suite est bel et bien présente. Cela ne suffit malheureusement pas à en faire un livre de qualité. Je suis facilement séduite par les romans jeunesse. Mais à mon sens, écrire à la destination d’un public jeune adolescent ne doit pas être une excuse pour caricaturer les personnages et leur psychologie. Or ici, c’est un peu l’impression que j’ai eue.
D’une manière générale, il est difficile de comprendre comment les deux personnages principaux en viennent au point de bascule qui fera changer les choses. Ben, fils de ministre, a été élevé dans le luxe et l’opulence, avec l’idée que les Bâtards étaient des êtres méprisables et indignes de vivre. Comment devient-il, en l’espace d’un roman, fervent défenseur des droits des Bâtards ? Mystère. La seule explication apportée, c’est l’attirance physique qu’il éprouve pour la belle Hoshiko. C’est dommage, car cela met à mal le message initial de l’œuvre. Un bâtard devrait donc être beau pour devenir respectable ? Si les émois amoureux auraient pu fournir un point de départ compréhensible à cette prise de conscience, le passage d’un extrême à l’autre m’a semblé ici beaucoup trop facile. Le problème est le même pour Hoshiko, qui balance très vite d’une haine viscérale des Purs à un amour enflammé pour le fils de la ministre, celle-là même qui rend la vie impossible aux Bâtards. On aurait aimé que l’un et l’autre se découvrent vraiment, qu’ils se convainquent mutuellement de leur valeur. J’attendais ici une réflexion sérieuse sur le sujet, des échanges d’idées à partir desquels se développerait progressivement une prise de conscience. Malheureusement, le cadre original de départ n’est ici qu’un prétexte pour accrocher le lecteur.
Autre point négatif : la taille des chapitres. Hayley Barker prend le parti de nous présenter deux points de vue, celui d’un Pur et celui d’une Bâtarde. Cette idée était elle aussi intéressante, elle aurait pu permettre une meilleure immersion dans chacune des perspectives. Mais j’ai trouvé que les chapitres étaient beaucoup trop courts pour atteindre cet objectif : on ne peut pas se plonger dans un point de vue en seulement 3 pages. Il en ressort une impression fractionnée qui dessert le rythme.
Show Stopper est donc un livre dont le développement s’avère décevant, malgré l’originalité du scénario.