Je suis un grand fan de David Bry et cela depuis de nombreuses années, ayant fait partie des premiers éditeurs à le publier. Voir son évolution fulgurante et son parcours éditorial devenir sans cesse plus riche est un réel plaisir et l’annonce de la sortie de son nouveau roman, Le Chant des géants, toujours chez L’homme sans nom m’a ravi. Je vais donc vous parler de cette petite pépite aujourd’hui et je peux déjà vous dire que le bonhomme a encore bien progressé et nous offre un récit proche de la perfection !
Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous ; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons ; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.
Tout débute avec un récit, celui d’une terre rêvée par les géants, où les destins de Bran et de Ianto vont se rencontrer. Les deux frères vont évoluer au fil du récit, emmenés par un rêve de géant, ou bien est-ce celui d’un de leurs gardiens, les Immortels ? Oui cela vous paraît fort brumeux et c’est tout à fait normal, Le Chant des géants est une gageure à résumer sans spoiler. L’élément important à connaître est que David Bry nous propose un scénario mêlant la simplicité la plus évidente avec un point de départ des plus classiques, mais auquel il ajoute sa patte, sa complexité personnelle. Et je me suis pris au jeu jusqu’à la dernière page, avec laquelle il a proprement su me retourner le cerveau. Si son postulat de départ est simple, ce roman ne l’est en rien.
Le style qu’il propose est également parfaitement adapté à son propos. Puisque Oestant est rêvée par les géants on ressort de cette lecture avec une sensation éthérée, étrange où tout s’est déroulé comme dans une sorte de brouillard. Les descriptions sont réduites au strict nécessaire, permettant au lecteur de s’immerger, tout en le laissant dans le côté vaporeux du récit. C’est un des points forts de ce roman, d’autant plus que la plume de David Bry fonctionne toujours aussi bien, avec des dialogues crédibles, des scènes d’action brutales mais prenantes. Très clairement il propose ici son meilleur roman à plus d’un titre.
Et son éditeur l’a suivi avec un livre tout bonnement magnifique ! Couverture rigide intrigante, maquette intérieure magnifique avec ces tours de pages en runes, petits inserts en cours de texte… bref tout est mis en place pour que le lecteur ressente la grande qualité du livre qu’il a entre les mains. Une belle réalisation.
Avec Le Chant des géants David Bry montre qu’il fait plus que mériter son titre d’Etoiles montante de l’imaginaire signé Pocket (son éditeur en poche). Ce roman est sublime, intriguant, il prend le lecteur au dépourvu et j’en ressors avec une envie d’encore. J’aimerais retourner à Oestant, me faire conter d’autres récits héroïques, ou bien de trahisons. L’auteur a montré une fois de plus sa capacité à nous créer un univers, à nous y faire évoluer comme dans un rêve, puis nous en faire ressortir ravis…