Malgré des premiers chapitres en demie-teinte, un premier tome très bien écrit dans un univers original à l’ambiance mystérieuse et étrange.
Descendant d’une longue lignée de maîtres horlogers, le jeune Elvin Rivière semble tout indiqué pour reprendre l’affaire familiale. Pourtant, derrière ce métier en apparence banal, son père exerce une activité bien plus obscure dont Elvin semble être le seul à ignorer la nature. Pourquoi tous les habitants de Vilelune semblent-ils convaincus qu’Émeric Rivière est un sorcier ? À quels sombres desseins s’adonne-t-il, chaque soir, derrière la porte close de son atelier ?
Rejeté de tous en raison des mystères qui entourent son père, le fils de l’horloger vit une enfance solitaire jusqu’à sa rencontre avec un garçon tout aussi énigmatique que lui, accompagné d’une ombre étrange qui semble animée d’une volonté propre…
Cependant, tandis qu’Elvin consume ses plus belles années, il ignore qu’une sombre réalité viendra bientôt bouleverser son existence. En effet, il pourrait bien devenir l’héritier d’un savoir ancestral inestimable pour lequel d’aucuns seraient prêts à tuer. Que peut alors faire Elvin quand une silhouette inquiétante commence à suivre sa route et que se dessinent en lui les premiers symptômes de l’Obsession ? Et surtout, que pourra-t-il faire le jour où la mort viendra frapper à sa porte ?
Comme d’habitude, les éditions l’Alchimiste nous propose un roman d’une belle qualité. Premier tome d’un diptyque de Florian Paret, Le maître horloger est une fantasy étonnante – d’ailleurs plus proche du fantastique que de la pure fantasy – dans un monde où certains manient le temps à leur guise et où d’autres cousent des Ombres à qui le demande.
Si le début est un peu long à se mettre en place (il faut attendre une soixantaine de pages pour voir l’intrigue décoller), l’intrigue de Paret est tellement prenante que la lecture se fait très facilement. Le concept du roman est original, mais c’est surtout l’ambiance qui est particulièrement bien menée, entre boutique d’horlogerie, cimetière et grotte obscure où se cachent d’étranges créatures.
On peut regretter que la géographie du monde soit un peu laissée de côté : parfois, on n’a plus l’impression d’être dans un monde fantastique, et ce, malgré la belle carte en introduction. La façon de parler des personnages est souvent trop moderne et la présence de la magie est un peu trop laissée de côté pendant toute la première moitié du roman. Cependant, le gros travail sur les personnages qui sont tous forts sympathiques (le héros Elvin, le gitan Gaspard, le couturier des ombres Gabriel) rend le roman vraiment agréable. Les dialogues sont bien menés et on saluera l’évolution des personnages qui, au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue, évoluent vraiment : se posent des questions, changent de point de vue, réfléchissent à leur condition, proposent des solutions… Ainsi, leurs côtés très humains permettent de s’y attacher facilement.
Le maître horloger est un premier tome savoureux, bien écrit et bien mené. Les réflexions de l’auteur autour du temps qui passe et du pouvoir des souvenirs donnent toute son originalité au projet. À travers le divertissement que la lecture procure, le roman nous permet de nous interroger sur notre rapport au temps, entre nostalgie du passé et anticipation anxieuse du futur : l’auteur dit en sous-texte l’importance du temps présent !
Au vu du dernier chapitre, la suite du roman va sans doute permettre d’en découvrir plus sur l’origine des capacités de la famille Rivière, de découvrir si l’immortalité est possible, mais surtout comment Elvin en est arrivé à détourner les principes fondateurs des maîtres horlogers, le rendant ainsi prisonnier du temps et de ses souvenirs…