Entretien avec S. fondateur de Owl Cave

Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Est-ce que tu peux tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Owl Cave ?

Salut ! Owl Cave est mon projet solo qui a vu le jour début 2018, qui marque le début de la composition de ce qui allait devenir Broken Speech. J’ai réalisé la totalité de la composition, ainsi que des enregistrements exceptée la batterie, jouée par J. (The Order Of Apollyon, Pensées Nocturnes) et des percussions additionnelles auxquels ont participé quelques proches.

D’où vient le nom du groupe, qui fait clairement une référence macabre ?

C’est un clin d’oeil à Twin Peaks, la série de David Lynch, dont l’univers m’a beaucoup marqué. Quelques-un des éléments qui composent certains passages de Broken Speech sont des samples qui en sont tiré (à commencer par celui qui ouvre l’album: “Your silence speaks volumes”)

Comment en es-tu venu au metal, à la fois en tant que fan et en tant que musicien ?

J’ai découvert le metal alors que j’étais au collège, d’abord avec des groupes comme Metallica, Pantera, Iron Maiden ou encore Children of Bodom, via lequel j’ai appris à apprécier les voix hurlées. Je suis ensuite directement “tombé” dans le black metal parisien (Vorkreist, Temple Of Baal, Blacklodge, Antaeus, etc…) qui m’a très vite fasciné.

Je pense qu’on tend à vouloir jouer le même genre de musique que celui qu’on aime écouter, j’imagine que le chemin s’est fait un peu tout seul de ce côté là…

Comment définirais-tu la musique de Owl Cave ? Je la vois comme un mélange de black et d’atmosphérique et d’électro, ce qui donne un mélange assez saisissant d’ailleurs.

Je me sens toujours un peu désarmé face à cette question… Disons black métal expérimental, ou acousmatique. L’acousmatique étant le fait de considérer les sons  pour eux-mêmes, sans prendre en compte leur source, l’objet qui les produit. L’exemple parfait de cela à mon sens, c’est “Variation pour une Porte et un Soupir” de Pierre Henry. Il agence ces sons de porte et de soupirs d’une telle manière que très vite on entend plus ces objets, mais juste des sons. C’est ce qu’on a appelé par la suite “Musique électroacoustique”, ou “Musique Concrète”, dont la noise est un des nombreux dérivés, comme certaines choses en éléctro. Le bruitage au cinéma en est une application directe également.

Je me suis énormément basé sur ce concept lors de la production de cet album, que ce soit pour le son des guitares ou celui des nombreuses couches qui forment les titres de l’album

Broken Speech est le nouvel album du groupe. Comment s’est passée son écriture ?

Le nouvel album… et le premier surtout!

Tout s’est fait vraiment très spontanément. J’avais un besoin urgent et oppressant d’exorciser certains ressentis à ce moment là, et c’est venu comme ça; un jour j’ai pris ma gratte, j’ai ouvert Pro Tools et j’ai commencé à composer. Pas grand chose n’a été réfléchi, tout venait tout seul. Des fois c’est un riff qui me lançait, parfois un pattern de batterie ou une idée d’arrangement, et le reste du morceau s’enchaînait. La composition de l’album a durée de janvier à l’automne 2018

Où trouves-tu l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?

Et bien déjà, je ne la trouve pas très souvent… Depuis la compo de Broken Speech je n’ai jamais été aussi inspiré depuis. Il y a des musiciens qui composent énormément, pour plusieurs groupes en même temps, et qui font ça très bien. Je suis très admiratif de ces gens, et je ne suis clairement pas l’un d’eux!

Je puise dans ce qui me remue, dans des questionnements ou des angoisses plus ou moins existentielles selon les moments… dans des émotions ressenties, en bien ou en mal. J’ai plein de petits bouts de morceaux jamais terminés, jamais retravaillés, sans cohérence entre eux. On verra bien si je suis capable de retrouver ça plus tard ou non.

Pourquoi avoir fait le choix de ne faire qu’une seule longue piste ?

C’est une idée qui s’est un peu imposée toute seule. J’ai composé tout l’album dans une seule et même session Pro Tools, et en avançant dans la production de l’album j’ai réalisé que je n’envisageais pas de mettre les morceaux dans un ordre différent de celui dans lequel ils ont été composés, et que je tenais à ce que l’auditeur respecte cette intention.

C’est un peu aussi mon plaidoyer contre la manière dont la musique est consommée (par opposition à “écoutée”) de nos jours. Je n’écoute que des albums entiers à chaque fois, que j’essaye d’avoir en physique quand c’est faisable; je n’ai jamais adhéré à la mode des playlists, où l’on passe d’un titre à un autre qui a plus ou moins à voir avec le précédent…

L’artwork réussit l’exploit d’être à la fois sombre, inquiétant et pourtant attirant. Comment as-tu travaillé spécifiquement cet aspect ?

Pour le coup je n’ai spécifiquement pas travaillé grand chose, puisque cet aspect a été confié intégralement à l’extrêmement talentueux Dehn Sora. Nous avons eu quelques conversations sur l’album et l’univers qui l’entoure et le constitue, et il est revenu vers moi quelques temps plus tard avec cette proposition qui m’a tout de suite énormément plu.

Ta musique est particulièrement cinématographique. As-tu envisagé de la mettre en images ?

Peut-être, dans une certaine mesure… (cf. ta prochaine question…)

Prévois-tu d’emmener le projet Owl Cave sur scène un jour ?

J’y travaille activement. J’ai réuni un line up avec lequel nous avons commencé à travailler dans ce but.

2021 a été très riche en sorties d’albums. Quel serait ton album de l’année ?

Question compliquée, mais je crois que ça va être le récent “Rien Ne Suffit” de Plebeian Grandstand…

Merci pour tes réponses et à bientôt au détour d’un concert !

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