Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour me répondre. Peux-tu tout d’abord nous expliquer comment tu es devenu musicien ?
Je n’avais pas vraiment prévu de devenir musicien car, enfant, je m’imaginais plus devenir compositeur. Car mon père était musicien et la musique a donc toujours fait partie de ma vie. Je voulais aussi et surtout devenir poète. En grandissant j’ai joué de plus en plus de musique et à l’poqué c’était devenu une part importante de ma vie, mais je ne l’envisageais pas professionnellement. A douze ans je m’imaginais plutôt peintre, et ces deux aspects sont toujours très présents. La poésie car j’écris moi-même mes paroles, et la peinture puisque je peint les artworks de mes albums. J’avais quatorze ans quand mon père a reconnu mon talent et m’a dit que je ne pouvais pas passer à côté d’une carrière de musicien. J’ai donc commencé les choses sérieusement, cela m’a demandé énormément de travail et me voilà des années plus tard.
Utopia For Realists : Hungarian Pictures est le nouvel album du projet ManDoki Soulmates. Comment as-tu travaillé dessus ? As-tu tout composé ?
La pandémie a changé notre vie et a permis de finir ce projet en fait. La musique de cet album a commencé à être composée il y a dix-huit ans avec Jon Lord et Greg Lake à Londres, au cours d’une tournée. Nous avons donc réalisé à ce moment les premières esquisses. J’ai réuni plein d’artistes dont je suis fan dans un studio et on a commencé à travailler tous ensemble pour produire Utopia For Realists : Hungarian Pictures.
Dix-huit artistes participent à cet album. Comment les as-tu trouvés et sélectionnés ?
Certains membres sont avec moi depuis le début, il y a trente ans, comme Ian Anderson, le regretté Jack Bruce, Bobby Kimball, Chris Thompson, David Clayton Thomas, Bill Evans, Randy Brecker, Al di Meola, John Helliwell ou encore Mike Stern. Et plus tard de plus jeunes artistes comme Till Brönner, Cory Henry ou Richard Bona sont venus nous rejoindre.
Nous avons tout simplement une vision identique de la musique, de ses valeurs, et de ce qu’elle fait de nous. A ce sujet nous avons publié une déclaration commune disponible sur internet. Ils disent tous pourquoi ils aiment faire partie de ce groupe d’icones de la musique.
N’est-ce pas trop dur de travailler avec autant de gens sur un projet ?
Dur de travailler ? Non absolument pas. Tous ont un grand respect pour la musique et la manière de la produire, et ils s’aiment beaucoup entre eux artistiquement. Chacun ressent ce moment spécial de sa vie, comment nous créons de la musique tous ensemble, et cela en fait la production la plus simple que j’ai eue à faire de part cet amour de la vie, de la musique et des autres artistes.
La musique de MaDoki Soulmates est le combo parfat entre le rock progressif et le jazz, créant un son inspirant. Comment as-tu travaillé cet aspect plus précisément ?
Eh bien il s’agit d’une vision de mon adolescence puisque j’étais autant inspiré par Aqualung de Jethro Tull que par Selling England by the Pound de Genesis. Le travail des harmonies, des structures musicales, était si abouti et combiné à des paroles socio-culturelles, le tout combiné à une production professionnelle, que cela m’a complètement inspiré. Dans le même temps j’étais totalement embarqué par la virtuosité d’artistes comme Miles Davis, les Brecker Brothers, Mahavshnu Orchestra… J’ai toujours eu une vision et quand je me suis échappé du camp de réfugié et de la dictature, que je voulais jouer avec Al di Meola et Ian Anderson. Ces deux icônes légendaires représentent d’un côté le rock prog anglais et de l’autre le jazz rock américain.
Il y a quelque chose dans ta musique qui me fait penser aux operettes. Était-ce ton idée d’exploiter des influences inattendues ?
Je dois nier qu’il y ait une part d’operette dans cet album, mais je suis hongrois. Donc bien évidemment que nous sommes tous influencés par nos traditions, même si tu ne veux pas que cela se ressente. La musique hongroise fait partie de moi, tout comme Franz Lehar.
Comment as-tu travaillé sur l’artwork de cet album qui est magnifique ?
Comme je le disais, adolescent j’avais une passion pour la littérature et la peinture, en plus de la musique. Je peint toujours, mais majoritairement les artworks d’albums. On ne travaille jamais avec un graphiste externe, tout est fait en interne.
2021 est un excellent cru musical. Peux-tu citer trois albums que tu as adoré ?
En effet c’est une grande année. Je vais juste signaler que Peter Maffay, un ami très cher, voisin et comme moi réfugié de Transylvanie, a sorti il y a peu un nouvel album, So Weit, et de mon point de vue c’est son meilleur. L’un des meilleurs albums de cette année sera le nouveua Jethro Tull, The Zealot Gene. Je voudrais aussi mentionner le CD de Pat Metheny, Side-Eye NYC, ainsi que l’incroyable compilation de John Coltrane, Another Side of John Coltrane.
La situation sanitaire actuelle a mis un coup d’arrêt aux spectales. Comment as-tu utilisé le temps que le Covid t’a donné ?
Le Covid a apporté de nouveaux challenges à chacun. Nous avons eu l’opportunité de réévaluer qui et quoi est réellement important dans nos vies. Cela a apporté de nouveaux critères de valeur, de cohésion, de solidarité. Et dans le même temps nous avons regardé durement les profiteurs de la crise et de notre société. En tant que musiciens nous n’avons pas été sur scène depuis très longtemps, et ce fut notre contribution au fait de minimiser les contacts, mais deux aspects de la vie d’un artiste n’ont pu être muselés par cette crise : la créativité et la responsabilité. De là est vneue l’envie de fournir une réponse globale et musicale à cette crise. Nous avons produit le concert virtuel « Music is the Greatest Unifier » et des Soulmates de partout autour du monde se sont virtuellement joints à ce projet. Plus de 2,5 million d epersonnes ont assitsé à ce show sur YouTube et à la télévision.
Dernière question : je suis déjà venu à Budapest, mais je ne suis pas encore très versé dans la culture hongroise. Peux-tu me donner le titre d’un livre, d’un album de musique ou d’un film qui sont typiques de ton pays et de cette ville que tu aimes tant ?
Merci de poser cette question sur la Hongrie. Je recommanderais A Gloomy Sunday, qui est un film qui montre ce qui se passe dans le cœur d’un hongrois. Cela parle d’une chanson et cette histoire magnifique montre pourquoi l’a Hongrie est tellement spéciale.