Morgane Caussarieu est connue comme l’une des autrices françaises de fantastique les plus énigmatiques et talentueuses de ces dernières années. Après avoir énormément traité du mythe du vampire à travers plusieurs romans et essais, elle se dirige avec Vertèbres vers un autre monstre du bestiaire : le loup-garou. Finalement peu développé dans les littératures d’imaginaire française, hormis comme side-kick, le lycanthrope va ici trouver ses lettres de noblesse, avec un roman impressionnant.
1997. Petite station balnéaire des Landes. Jonathan, dix ans, vient d’être kidnappé. On le retrouve une semaine après sur une aire d’autoroute. Sa mère peine à le reconnaître : bien des choses ont changé en lui, la plus déroutante étant l’apparition d’une vertèbre supplémentaire…
Vertèbres est un roman brut, sanglant, à fleur de peau. Le personnage de Sasha, qui n’a pas été sans me rappeler l’autrice de part son côté garçon manqué et purement « punk », y est pour beaucoup. Au fil des pages on découvre l’histoire de l’enlèvement de Jojo, en plein milieu d’un petit village des Landes, et de son retour. Mais l’autrice nous donne une vision globale de son récit, alternant avec maestria les narrateurs pour dépeindre un tableau de cette bourgade à la fin des années 90. Mais cette histoire d’enlèvement n’est que le point de départ d’une histoire surprenante, immersive et sanglante. Et Morgane maîtrise très clairement l’art du scénario tant elle a réussi à m’emmener au fil des pages dans son univers. Et la manière dont elle justifie son lycanthrope, dont elle l’amène dans son récit et dont il existe dans notre monde est tout bonnement crédible et intelligente.
Mais ce récit et ses qualités ne se limitent pas à un scénario de haute volée dont je ne vous ai, volontairement, révélé que peu d’éléments. En effet comme je le disais les protagonistes ont tout autant leur importance et notamment « l’héroïne », Sasha. Cette gosse qui veut juste être elle-même est mal vue dans son village : cheveux ras, attitudes et vêtements de garçon, gros chien, bref tout est là pour qu’elle soit la cause de tous les maux pour les habitants. Et c’est un peu le cas mais la manière dont sa psychologie est mise en place, la manière dont elle évolue au fil des pages, laisse penser à l’autrice elle-même. Mais au-delà de cela ce sont également les autres personnages qui sont marquants. Par exemple la mère de Jonathan, le garçon enlevé, est criante de vérité, tout comme d’autres du même acabit. La galerie de personnages est étonnante, attachante et est un second point fort de ce roman.
Le troisième point marquant de Vertèbres, c’est la plume de Morgane Caussarieu. Brute est l’adjectif qui s’adapte le mieux à la manière qu’elle a d’écrire. Elle parvient à prendre le lecteur au tripes avec des descriptions tranchantes, des émotions brutales et vives et des dialogues criants de vérité. Un petit bijou qui montre la maturité littéraire de cette autrice.
Vertèbres est un roman épatant, sanglant, et immersif. Un petit bijou comme les littératures de l’imaginaire françaises peuvent nous en réserver. Le coup de cœur est plus qu’indéniable pour ce titre qui est l’un des phares de la rentrée. Amateurs de fantastique brut de décoffrage n’hésitez pas un instant et jetez-vous sur ce roman, vous ne le regretterez pas !