Mulan – Nikki Caro

Les  + :

  • une très belle ambiance
  • bons acteurs
  • des chorégraphies de combats impeccables
  • une forte présence de la nature

Les – :

  • un début laborieux
  • un Empereur beaucoup moins touchant que dans le dessin animé

 

Lorsque l’Empereur de Chine publie un décret stipulant qu’un homme de chaque famille du pays doit intégrer l’armée impériale pour combattre des envahisseurs venus du nord, Hua Mulan, fille ainée d’un vénérable guerrier désormais atteint par la maladie, décide de prendre sa place au combat. Se faisant passer pour un soldat du nom de Hua Jun, elle se voit mise à l’épreuve à chaque étape du processus d’apprentissage, mobilisant chaque jour un peu plus sa force intérieure pour explorer son véritable potentiel… Commence alors pour Mulan un voyage épique qui transformera la jeune fille en une guerrière aux faits d’armes héroïques, honorée par tout un peuple reconnaissant et faisant la fierté de son père.

Le film n’a pas été extrêmement bien reçu (en France) par la critique et les spectateurs et je m’interroge vraiment des raisons. A l’inverse de l’insipide Cendrillon et du très mauvais Livre de la Jungle, cette adaptation du dessin animé éponyme de 1998 est vraiment réussie.

C’est justement parce que le film s’éloigne totalement de l’original (dans la même idée que Maléfice) qu’il est intéressant. Mulan 2020 s’éloigne de la comédie et de la romance pour nous proposer un vrai film d’aventure et d’arts martiaux. En mettant en avant des décors réels de Chine (province du Hubei dans le centre du pays, les “dunes de sable chantantes” du désert de Mingsha Shan dans la province du Xinjiang au nord-ouest, le parc géologique national de Zhangye Danxia dans le centre- nord, les Monts Flamboyants au nord, le village de Mazar et les villes de Dunhuang et Jiuquan dans la province du Gansu au nord-ouest), on est très proche de la fresque historique ce qui change totalement de ce que la firme Mickey a l’habitude de proposer. On notera tout de suite la forte présence des arts martiaux et les impeccables chorégraphies des combats à la Hero ou Le secret des poignards volants.

La réalisation très maîtrisée (et plutôt inventive) de Caro nous transporte complètement dans cet univers d’autant plus qu’un très grand soin a été apporté aux costumes, armes (plus de 4000 ont été fabriquées !) et décors.

L’esthétique très asiatique du film correspond à l’intrigue elle-même et cela se reflète dans le casting : le grand Jet Li, l’incroyable Donnie Yen, le charismatique Jason Scott Lee entre autres. On retiendra surtout les deux personnages féminins. D’abord Mulan elle-même, parfaitement incarnée par Liu Yifei qui met en avant des problématiques féminines bien actuelles comme l’émancipation vis-à-vis de la famille, la place auprès des hommes, le rôle des femmes dans la société. Enfin, Gong Li m’a beaucoup touché et ce parce que son personnage de sorcière fait directement écho aux sentiments de Mulan ce qui les rend finalement assez proches (on pense par exemple à la relation Batman/Joker). Il est cependant dommage que la relation des deux femmes n’ait pas été mieux exploitée et tourne court assez rapidement ce qui empêche de donner une réelle ampleur au personnage de Gong Li.

L’humour, qui était très présent dans le dessin animé notamment avec la présence de Muchu, s’efface ici, excepté au début et au camp militaire lorsque Mulan prétend être un homme. Il est bien dosé et plus “réaliste”; moins cartoonesque ce qui donne au film cette tonalité plus sérieuse et permet de l’ancrer plus justement dans l’Histoire de la Chine.

Le manque d’émotions, relevé par certaines critiques et certains spectateurs, bien qu’un peu exagéré, vient sans doute du fait que l’empereur n’est pas très touchant.

A l’inverse, le père de Mulan l’est autant que dans le dessin animé, mais la relation entre Mulan et sa soeur par exemple aurait mérité d’être mieux suivie. Egalement, le début du film est assez laborieux, car il y a beaucoup de caractères de personnages et d’enjeux à poser dans un temps peut-être trop limité.

A souligner également la très belle bande-son ancrée dans la tradition chinoise : Harry Gregson-Williams (Armageddon, Shrek, Prince of Persia) a utilisé des instruments traditionnels comme de flûtes chinoises, une pipa et un violon chinois, le erhu. Ainsi, l’ancrage culturel est d’autant plus marqué et donne à l’ensemble sa cohérence.

CONCLUSION

Il ne faut pas voir dans le Mulan de 2020 une adaptation de celui de 1998, mais bien un nouveau film sur ce personnage chinois légendaire. Il serait dommage de passer à côté de cette fable épique sous prétexte de mettre à mal l’industrie des films dit “blockbusters” aux effets “surdimensionnés” (comme j’ai pu le lire un peu partout…) et au passage dénoncer l’hégémonie de Disney. Il faut d’ailleurs noter que les effets spéciaux à proprement parler sont assez peu nombreux puisque les décors naturels sont très présents.

Il serait bon de prendre les films pour ce qu’ils sont et pas pour ce qu’ils représentent ou par qui ils sont produits. ;-)

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