Les portes perdues est la première novella de la série Les enfants indociles de la prolifique Seanan McGuire. Il s’agit d’un court roman à l’ambiance somme toute assez glauque, qui aborde sous couvert de fantastique des thèmes parfois plus difficiles qu’il n’y parait. Roman très prenant à la plume efficace, plongeons ensemble à l’institut d’Eleanor West.
Partout dans le monde, il arrive que des portes s’ouvrent et qu’un enfant plonge dans le terrier du lapin. Ces voyages ne sont pas infinis et, à leur retour, les enfants ayant passé ces portes reviennent changés à jamais. Nancy en a fait l’amer découverte. Elle va alors rejoindre l’institut d’Eleanor West. Dans cette école, les élèves tentent de se réadapter au monde, bien qu’ils finissent presque toujours par rechercher comment rejoindre le lieu de leurs rêveries.
Mais dans cette institution qui existe pour les protéger, une ombre se cache derrière chaque meuble, chaque pan de mur, et très vite une série de mises en scène macabres commence… Nancy et ses camarades vont devoir retrouver le coupable de ces crimes pour le moins horrible.
Edité chez Pygmalion, Les portes perdues ont conservé la couverture originale représentant une porte perdue au milieu d’une forêt. C’est un graphisme particulièrement efficace qui a tout de suite attiré mon attention. Le jeu de lumières au sein de cette forêt, avec une partie lumineuse et une partie plus sombre, dépeint un univers mystérieux, qui attise la curiosité.
Qui dit court roman, dit scénario mené tambour battant. Après une mise en place rapide, Nancy va vite commencer à découvrir l’institution et son fonctionnement. Le début du roman est sans doute la partie la plus glauque de l’histoire. En effet on se rend rapidement compte que le fantastique de l’histoire pourrait cacher une thématique bien plus difficile, mêlant enlèvement, maltraitance et choc post-traumatique. Cet aspect est mené avec brio. Une fois la série de meurtres lancée, l’histoire change de ton et laisse place au macabre.
La grande force de ce roman repose sur ces différents personnages. Que cela soit Nancy, notre héroïne, Jack, Jill ou encore Wade, tous les quatre vont être le moteur de l’histoire. Tous ils ont voyagé dans des mondes différents mais pour point commun d’être gris et funèbre. Parmi les personnages, Nancy est surement celle que j’ai le moins appréciée. Débarquant fraichement dans l’institut, elle semble souvent perdue et nous allons parfois partager ce ressenti toutefois sans gravité sur la lecture. On retiendra le personnage de Sumi, particulièrement éphémère mais très réussi.
Seanan McGuire a obtenu la trinité des prix Hugo, Nebulla et Locus pour cette novella, c’est dire si ce texte est qualitatif. L’écriture de l’autrice est d’une grande fluidité, et la création d’une ambiance glauque à souhait est parfaitement maitrisée.
Avec Les portes perdues Seanan McGuire commence une série qui promet de nombreuses petites pépites littéraires. Avec son écriture fluide et son ambiance forte, pas de doute, c’est un roman qui plaira au lectorat possédant une affinité pour l’horreur, le glauque et le psychologique. Un texte à lire d’urgence.