Faux semblance (Prix Bob Morane 2018) est un recueil de quatre nouvelles de science-fiction écrites par Olivier Paquet et publié aux éditions de l’Atalante. Le point commun entre ces différentes nouvelles ? La confrontation de l’Homme face à un adversaire. Quatre nouvelles avec des saveurs particulières qui en font un recueil à la fois empli de douleurs, de questions mais surtout de poésie et d’espoir. L’humanité devra s’adapter. Un livre à lire !!!
Nous recherchons les correspondances entre les univers…
Quatre zones de conflit. Entre humains et extraterrestres ; entre mémoire et oubli ; entre adultes et enfants ; entre nature déchaînée et ce qu’il reste de la civilisation. Sous les cieux étrangers de galaxies lointaines, sur des champs de bataille envahis de cadavres, ou bien face à la vague qui a tout balayé, il faut imaginer de nouvelles façons d’aller plus loin. Même s’il faut achever de détruire pour renaître.
La couverture d’Aurélien Police correspond à merveille à ce recueil de nouvelles. L’utilisation d’un amas de ruines sur lequel la végétation réussit malgré tout à pousser est une belle métaphore de l’adaptation humaine sur les ruines des destructions du passé.
Olivier Paquet a une écriture très agréable à lire. Bien que les textes soient courts, il réussit à créer des univers complets et crédibles servant de cadre à ces nouvelles particulières. L’ensemble des nouvelles n’est d’ailleurs pas dénué d’une certaine forme de poésie qui rend les textes particulièrement savoureux.
La première nouvelle : Synesthésie est la plus longue du recueil. Elle prend pour cadre une planète sur laquelle humains et autochtones vivent en cohésion mais qui est assiégée par les Arkosiens. Les Arkosiens veulent à tout prix que le gouverneur humain ouvre une PORTE contrôlée par une IA et qui permet de voyager de planète en planète. Sauf que le système des portes est bien particulier et ne se laisse pas manipuler aussi aisément. Il repose sur la symbiose et la complémentarité des échanges. Ainsi pour pouvoir traverser, il faut pouvoir comprendre et partager son « moi » profond. C’est une nouvelle que j’ai particulièrement aimée. Le thème du siège est un thème classique de la SF mais il est ici détourné au profit de l’étude des différences fondamentales et de la compréhension entre des civilisations pas si opposées qu’il n’y parait.
La seconde nouvelle : Rudyard Kipling 2210 nous parle de la perte de l’être cher, et de la reconstruction face à une telle tragédie. Dans cette nouvelle, Kipling est un commissaire aux pierres tombales et doit retrouver et apporter une tombe à ceux tombés au combat sur les planètes dévastées par la guerre entre Humains et Rodeurs. Le héros va alors partir en quête d’un mari disparu et découvrira en même temps qu’il n’a pas fait le deuil de son fils décédé quelques années plus tôt. C’est la nouvelle que j’ai préféré dans ce recueil.
La troisième nouvelle : Cauchemar d’enfant se passe dans un monde où les enfants sont devenus Rois et les adultes ne servent qu’à leur apporter bonheur et opulence. On y sent une revendication forte de l’auteur contre l’éducation à la Dolto qui place l’enfant sur un trône. Ici, Olivier Paquet essaie de rétablir les choses en montrant la bêtise qu’un tel système poussé à l’extrême peut entrainer.
Enfin la quatrième nouvelle : La fille aux pieds nus prend pour cadre le Japon moderne après la destruction d’une ville par un Tsunami. Cette nouvelle parle de l’adaptation de l’humain, et des conséquences d’une catastrophe naturelle. Elle introduit surtout une profonde réflexion sur la distance familiale. C’est une nouvelle très touchante qui permet de remettre en contexte les raisons d’un éloignement que l’on peut prendre avec les gens pour des divergences mineures. Une ode à l’acceptation et qui rappelle que la vie est courte et doit être célébrée.
Faux-Semblance est un très beau recueil de nouvelles. Je connaissais déjà la plume de l’auteur en roman, et le format de la nouvelle lui va tout aussi bien. Un livre que je conseille très vivement. Quatre nouvelles, quatre réflexions, quatre bonnes raison de lire ce livre.