La fantasy américaine propose de nouvelles choses constamment, et Justin Call est un de ces auteurs inconnus en France dont le premier roman publié chez nous va faire du bruit. Le Maître des Chagrin est un bel exemple de roman initiatique qui regroupe à la fois tous les aspects classiques que l’on aime dans ce type de fantasy, tout en leur ajoutant la pointe de sel qui va faire en sorte que tout ait encore plus de saveurs. Suivez-moi sur les d’Annev, vous ne le regretterez clairement pas !
Parmi les avatars de l’Académie, Annev de Breth est une exception. Au contraire de ses camarades, qui furent dérobés à leurs familles dans la capitale lorsqu’ils n’étaient que des nourrissons, Annev est né dans le village de Chaenbalu. Ayant survécu à un sacrifice, il a été élevé par ceux-là mêmes qui ont tué ses parents. Dix-sept ans plus tard, Annev porte le fardeau d’une magie interdite. Pris en étau entre les idées déclinantes de son mentor et les maîtres de l’Académie, il doit choisir entre un avenir prometteur et ses amis proches. Chacune de ses décisions le mène à un nouveau dilemme, jusqu’à ce qu’Annev soit contraint de se lancer dans une quête qui lui est étrangère. Acceptera-t-il de s’engager sur une voie potentiellement dévastatrice ?
Le scénario démarre de manière très classique, avec Annev, un jeune homme orphelin, élevé par un vieux prêtre qui lui a sauvé la vie alors qu’il était bébé. Ce garçon va se découvrir des pouvoirs et changer sa vie. Classique, je vous avais prévenu. Mais c’est l’univers développé autour par l’auteur qui va vraiment rendre l’ensemble intéressant. Qu’il s’agisse du système de magie à la fois basique et sophistiqué (utilisation d’artefacts et de glyphes), de l’école d’avatars d’Annev, du panthéon de divinités, tout est là pour que le lecteur rêve et s’amuse. Et l’auteur nous prend tellement dans ses filets que l’on redécouvre les aspects classiques de la fantasy proposés. Donc oui le scénario est finalement un peu facile et simple, mais Justin Call nous offre tellement de choses à côté dans les 552 pages de son roman que l’on ne peut qu’apprécier.
L’un des éléments forts de ce roman est la galerie de personnages. Annev est finalement assez classique dans son égoïsme nombriliste, voire même agaçant, mais c’est le propre de l’archétype. Par contre qu’il s’agisse des Maîtres de l’Académie, de Sodar, de Myjun, de Tosan, chacun est suffisamment développé pour nous donner envie d’aller plus loin et d’en savoir plus. Et sur les caractères de certains d’entre eux j’ai été aussi déçu que le héros de leur attitude et de leurs comportements dans certaines situations. Ce sera finalement Annev, trop classique dans ses réactions, trop basique, qui m’a le plus déçu. On sent que l’auteur a voulu lui donner la fougue et les difficultés à se fixer de l’adolescence mais de manière un peu trop archétypale je dirais. Mais le style léger et efficace de Justin Call vient combler ces lacunes en nous proposant un roman bien rythmé, à la plume impeccable et à la traduction très réussie.
Le Maître des Chagrins est pour moi un des bons romans de fantasy à découvrir en cette rentrée. Ne vous attendez pas à de grandes thématiques sur lesquelles réfléchir et juste détendez-vous et profitez du voyage, Annev vous guide, pour le meilleur comme pour le pire, à travers sa vie. Une sympathique lecture qui me pousse clairement à suivre la série complète !