Petite découverte littéraire signée Bragelonne, avec pour une fois un auteur français, lyonnais plus précisément, Victor Fleury. Proposant un univers de fantasy étonnant, inspiré de l’antiquité babylonienne, il va nous emmener sur les traces de Nisaba pour un périple qui restera dans ma mémoire de lecteur…
Au cœur de la capitale d’un empire millénaire, la prêtresse Nisaba est la principale servante de l’héritier royal, Akurgal. La jeune femme a de quoi haïr la famille régnante, même si elle est forcée de servir son maître sans protester. Or celui-ci est réputé pour sa décadence, utilisant sans mesure ses oblats, des esclaves sacrés dont il s’est approprié les sens grâce à ses pouvoirs mystiques – ces derniers sont contraints de partager ses sensations, douleur, plaisir, mémoire et plus encore.
Mais quand Akurgal décide de partir en croisade aux confins de l’empire, Nisaba se voit obligée de le suivre en laissant son propre fils derrière elle. Alors que secrets et complots semblent se multiplier dans l’entourage de son maître, la prêtresse esclave parviendra-t-elle à le protéger, et à sauver l’empire tout entier de la ruine ?
Ce premier tome nous permet de découvrir Nisaba, son fils Haddon, Akurgal et ses oblats, mais également la galaxie de protagonistes plus ou moins importants qui vont graviter autour. Et s’il est une chose que Victor Fleury fait à la perfection, c’est la création de ses personnages. Nisaba, mais également les autres, disposent d’une profondeur psychologique qui facilite totalement l’immersion et l’attachement. Trop souvent on retrouve en fantasy des héroïnes « faciles » en termes de création, et pas franchement dégourdies. Ici c’est tout le contraire justement, et l’on prend plaisir à en apprendre plus à chaque page sur la prêtresse-esclave. L’autre personnage fort de ce premier tome est Akurgal. Détestable en tous points au début du roman, le lecteur comprend par la suite de mieux en mieux ses motivations et qui il est réellement derrière les apparences rudes qu’il se donne. De trahisons en amitiés, l’ensemble de cette galaxie de personnages va interagir ensemble, donnant à la trame scénaristique toute sa substance.
Et justement, l’histoire qui nous est ici contée a tout pour surprendre. Placée, à mon sens, sur une ère babylonnienne que l’on trouve excessivement rarement en imaginaire, elle reprend les codes de cette époque en y ajoutant l’ensemble des éléments qui font la fantasy : la magie, les divinités, et l’aventure. Le périple de la croisade d’Akurgal est vraiment passionnant à suivre de page en page, sachant que l’auteur mâtine son récit d’incursions dans le passé de ses protagonistes afin de leur donner un peu plus de substance. Le twist final du roman a également su me prendre totalement au dépourvu et j’en ai été ravi, la fantasy ayant tendance ces dernières années à se ressembler un peu de saga en saga. Victor Fleury réussit parfaitement son pari de nous entraîner dans une aventure inattendue, avec des héros auxquels on finit par s’attacher, le tout dans un univers que l’on ne voit que peu en fantasy. C’est donc un presque parfait avec ce premier tome.
Toutefois un point reste un peu moins lumineux dans ce roman. Le rythme donné par le style de Victor Fleury baisse parfois un peu et l’on se retrouve avec quelques longueurs qui à mon sens sont dommageables au roman. Pourtant il parvient avec sa plume à nous dépeindre tant les lieux que les évènements avec facilité, mais j’ai eu la sensation que par moment il s’enfonçait trop loin dans sa propre histoire, en oubliant de conserver le tempo.
Malgré cela La Prêtresse esclave est un excellent premier roman, qui a su me prendre au dépourvu et fournir une lecture des plus agréables. Très clairement Victor Fleury me pousse à continuer ma lecture avec le second tome, La Prêtresse guerrière, sorti il y a peu, et dont je vous parlerais très bientôt !