Manji est un extraordinaire samouraï, mais au cours d’un combat légendaire, alors qu’il se bat contre cent hommes, sa petite sœur Machi est tuée. Alors qu’il est sur le point de mourir lui aussi, une sorcière le sauve grâce à un sortilège qui va le rendre immortel. Le pauvre Manji ne saura que faire de son immortalité, car seule sa petite sœur donnait un peu de sens à sa vie. Cinquante ans plus tard, Rin, une jeune fille ressemblant comme deux gouttes d’eau à sa sœur décédée, vient lui demander de l’aide. Les parents de Rin ont été sauvagement assassinés par un groupe de guerriers extrêmement puissants, appelé Itto-ryu. Rin va lui demander de l’aider à venger ses parents…
Blade of The Immortal a été vendu comme étant le centième film (mais c’est pas sûr!) du plus que prolifique Takaski Miike. Sous ses airs, à première vue, de film de samouraï mâtiné de fantastique, le film est une adaptation du manga L’Habitant de L’Infini de Hiroaki Samura. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Blade of The Immortal ne cache pas du tout ses influences. Même le plus distrait et désinformé des spectateurs pourrait néanmoins deviner où le film est allé puiser son inspiration. C’est évident dans la dégaine (peu probable d’un point de vue historique !) et la panoplie des personnages, dans le jeu des acteurs, dans l’extravagance, dans la fantaisie ludique et le côté furieux de certaines scènes.
On le sait, avec Takashi Miike, il y a à boire et à manger. Le monsieur est inégal. Mais, fort heureusement, avec Blade of The Immortal on est plutôt dans le haut du panier de la filmographie du stakhanoviste du cinéma japonais. Et il fallait bien cela, car le matériau de base est une œuvre culte qui fait que cette version cinéma était probablement attendue au tournant par les fans.
Et l’une des plus grandes réussites du film tient justement au fait qu’il conserve son côté “film de samouraï”. Au niveau du rythme, Miike réussit à calmer le jeu, à laisser la place aux dialogues (souvent très bons) jusqu’au moment où arrive les combats et où tout se déchaîne furieusement. Effectivement là ça gicle sévère, pour parler crûment !
Au niveau des acteurs Takuya Kimura (Manji) campe parfaitement ce personnage irascible, franc du collier, né pour tuer, mais qui, au final, cherche tout de même à sauver son âme, à faire quelque chose de bien , de juste, avec son immortalité. Manji ne désire qu’une chose : mourir. Et il ne le peut pas. C’est là sa malédiction. Et rarement au cinéma, on aura vu un personnage principal en prendre plein la tronche comme lui ! Cela en devient même comique, par moments.
Les deux autres personnages centraux du film (il y en a beaucoup plus dans le manga, mais Miike a dû élaguer pour boucler sa péloche en 2 heures 20) sont Rin Asano (jouée par la jeune Hana Sugisaki) et le bad guy de service Anotsu Kagehisa (interprété par un Sôta Fukushi, au style plus manga que ça tu meurs!). Ainsi Blade of The Immortal se focalise sur la vengeance de Rin, aidé par Manji, contre Kagehisa. Tout cela aurait pu être totalement cousu de fil blanc (et ça l’est en partie), mais le film réussit tout de même à pas mal nuancer les choses, notamment en remettant en cause le bien-fondé de la vengeance de Rin et en développant suffisamment le personnage de Kagehisa pour en faire autre chose qu’un bad guy bête et méchant. Bref, c’est pas manichéen et c’est plutôt une agréable surprise à ce niveau.
Même sans connaître le manga, on devine aisément à quel point le film est obligé de survoler certains points et de négliger certains personnages. C’est criant. N’ayant pas voulu abdiquer de longues scènes de combat (trop longues même!) Miike n’avait pas le choix, il fallait amputer ailleurs. Voilà pourquoi une certaine déception est possible chez les fans hardcore du manga. C’est compréhensible. Pour les autres, le film présente plus de qualités que de défauts, car il propose son lot d’action, d’humour, d’hémoglobine, mais aussi de dialogues bien écrits, avec parfois une certaine portée philosophique.
Adapter une œuvre foisonnante au cinéma est toujours un pari risqué. Voilà pourquoi il faut toujours tirer son chapeau à qui ose s’y atteler. Et de l’audace, Miike n’en manque pas ! On peut lui reprocher des choses, mais pas ça. Son Blade of The Immortal est un film un poil trop long, doté d’un rythme quelque peu déstabilisant et condamné d’avance à ne pas satisfaire les fans les plus exigeants du manga. Oui, mais c’est un film qui a suffisamment d’atouts pour séduire, malgré ses limites, malgré aussi ses longueurs. En d’autres termes, son imperfection assumée ne fait pas pour autant de lui un film inintéressant à regarder. Loin de là.