Capitaine Kronos: tueur de vampires – Brian Clemens

Les + :

  • Une envie d’innover par rapport au style habituel de la Hammer
  • Une mise en scène riche et inventive
  • Des dialogues bien écrits et de l’humour
  • Une bonne dose d’érotisme

Les – :

  • Un acteur principal assez fade
  • Quelques petites faiblesses scénaristiques

Nous sommes à la fin du XIXème siècle. Officier de la Garde Impériale, le capitaine Kronos (Horst Janson) arrive dans un village où il a été appelé par son vieil ami, le Docteur Marcus (John Carson) , suite aux décès suspects de plusieurs jeunes femmes, retrouvées le visage affreusement vieilli. Aidé d’une jeune moribonde mise au pilori (Caroline Munro) ainsi que de son assistant bossu Grost (John Cater), Kronos réalise immédiatement qu’il a affaire à un cas de vampirisme..

En 1974 la Hammer avait besoin de sang neuf. Toujours accrochée aux recettes gothiques qui firent sa gloire dans les années 60, la célèbre firme anglaise a du mal à se renouveler. De l’autre côté de l’Atlantique des films d’horreur novateurs fleurissent, tels La nuit des Morts Vivants (1969) ou l’Exorciste (1973). Pour essayer de faire peau neuve, la Hammer tentera donc de lancer une nouvelle saga dont le Capitaine Kronos : tueur de vampires qui nous intéresse aujourd’hui en est le premier épisode. Et le dernier, hélas. Car, disons-le franchement, le film a fait un bide commercial. Le président de la Hammer, Michael Carreras lui-même, n’a semble-t-il pas du tout apprécié le film et a retardé la sortie en salle le plus possible. Et four, il y eut. Et pourtant, et pourtant…

Ce que l’on peut dire c’est que l’insuccès du film n’est pas dû à son manque d’idées. Aller chercher Brian Clemens, scénariste et producteur de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, c’était très bien vu déjà. On peut dire que Clemens, dont c’était alors la première expérience derrière la caméra (et la dernière aussi ! Et c’est bien dommage!) a apporté un véritable vent de fraîcheur au film.

Car oui, Capitaine Kronos : tueur de vampires innove pas mal, et de manière intelligente, par rapport à la production Hammer standard. Ici, par exemple, les vampires ne sont pas forcément des suceurs de sang. Ils peuvent également se nourrir de la jeunesse de leurs victimes. L’idée qu’il existe plusieurs espèces de vampires, avec des régimes alimentaires et des points faibles divers, est intéressante. Tous ne se laissent pas forcément tuer par un pieu dans le cœur. Le tueur de vampires doit donc à chaque fois trouver l’arme idéale au cas par cas. Il ne suffit plus d’agiter bêtement un crucifix à la face du vampire. Si on n’a pas la foi en Dieu, l’objet se révèle inefficace.

En terme de mise en scène, là aussi les idées visuelles pullulent (une cloche qui se met mystérieusement à saigner pour signaler que la malédiction s’abat sur le village, la croix dans l’église dont les branches se tordent, les fleurs qui meurent instantanément sous les pas du vampire, etc…etc…). Signalons également le bon choix de montrer le vampire avec sobriété et avec des apparences spectrales. Bref, si les couleurs flamboyantes de la grande époque ne sont plus de rigueur, le film garde néanmoins un côté baroque et a sacrément de la gueule. Il bénéficiera également d’une belle qualité d’écriture au niveau des dialogues qui permettront l’ajout de petites touches d’humour pleines d’esprit et fort bien placées.

Capitaine Kronos: tueur de vampires fera également partie de ses productions Hammer où l’érotisme sera davantage mis en avant. On peut dire que les jolies filles ne manquent pas à l’appel, avec la starlette Caroline Munro en tête de file. Vous voyez que ce film a ses arguments ! Oh oui, bien sûr, Horst Janson – acteur allemand qui était jusqu’alors un illustre inconnu – campe ici un tueur de vampires qui relève du prince vendeur de biscuits chocolatés… C’est vrai qu’il est un peu fadasse et qu’on ne peut le comparer aux légendes de la Hammer (Lee, Cushing, Reed). Mais sa performance n’est pas non plus catastrophique. En contrepartie, le personnage du bossu Grost– figure pour une fois montrée autrement que comme un vil freak serviteur du Mal – se révèle être pétillant et attachant. C’est d’ailleurs de lui que proviennent les fameuses touches d’humour du film. L’acteur qui l’interprète, John Cater, est clairement un théâtreux.

On aura reproché au film de trop mélanger les genres : horreur, films de cape et d’épée, et western en l’occurrence. Oui, oui, western ! Il faut avoir vu le Capitaine Kronos et Grost se faire provoquer dans un bar par trois brigands. Voilà que le capitaine dégaine son épée plus vite que son ombre. Une vraie scène de saloon…. Pour en revenir aux défauts du film, il est indéniable que le scénario parfois patine un peu dans la semoule. Ces reproches sont valables, il est vrai. Et pourtant le film se tient parfaitement jusqu’au bout. On arrive au dernier acte les yeux toujours scotchés à l’écran. Et quel final ! Certains diront que c’était cousu de fil blanc. Mais que nenni ! De la révélation, du drame, du combat à l’épée, tout ça montré par une caméra audacieuse et agile : que demande le peuple ?

CONCLUSION

Oui, malgré sa mauvaise réputation et ses faiblesses, Capitaine Kronos : tueur de vampires est un bel objet filmique plein d’atouts. S’il est indéniablement associé à la période de déclin de la Hammer, le film mérite largement d’être réévalué. Il semblerait même qu’il soit l’objet d’un petit culte chez les fans hardcore de la Hammer. Et bien, c’est mérité !

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