Les cabinets de curiosité

Vous vous êtes sans doute déjà demandé ce que le mot « geek » impliquait. A vrai dire, je dirais que c’est une question d’époque. Les geeks d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement ceux d’hier, et ils n’ont pas forcément les mêmes centres d’intérêt. Il n’en reste pas moins quelques constantes : tous les geeks apprécient les jeux (en général), la technologie et les collections. Je dirais même plus : ils ont une collectionnite aiguë. Dans ces collections, peuvent intervenir tous types d’objets, allant du fan service d’un comics ou d’un héros de série, à la plus grande collection de livres de jeux de rôle (coucou, Guillaume H!), en passant par la spécialisation culinaire parfaite du cupcake ou encore les emballages-cadeau pour en faire des origamis. Oui, le geek est un être multi-classé dans beaucoup de domaines, pourvu qu’il touche à la science et/ou à l’imaginaire, et qu’il y a des choses à collectionner.

Certaines collections sont, il est vrai, plutôt mainstream, comme par exemple cette fan absolue de Pikachu. (https://www.facebook.com/Pikabellechu/ ).

D’autres, en revanche, font moins parler d’elles, mais n’en sont pas moins fascinantes.

Ça tombe bien. Aujourd’hui, je vous parle de quelque chose de vieux, de plutôt glauque, mais aussi de diablement intéressant. Je vais vous parler des cabinets de curiosités.

Le cabinet de curiosités, c’est quoi ? « Les cabinets de curiosités désignent au XVIème et XVIIème siècle des lieux, dans lesquels on collectionne et présente une multitude d’objets rares ou étranges, représentant les 3 règnes : le monde animal, végétal et minéral, en plus de réalisations humaines. » (Gilles Thibault, Cabinets de curiosités – XVIème et XVIIème siècle).

Après les découvertes de nouveaux mondes, divers curieux ont commencé à collectionner les objets insolites de ces terres. L’objectif n’était pas de tout répertorier mais plutôt de pénétrer les secrets fantastiques de la Nature elle -même. On parle aussi des objets scientifiques (instruments spécifiques, automates…) et de la dimension exotique (objets de cultes païens, objets ethnographiques…). Ils seraient d’abord apparus en Italie, pour un public sélectionné. Au 18ème, on s’oriente doucement vers un classement scientifique et beaucoup moins dévolu aux objets hétéroclites.

Il y a donc bien la dimension spéciale et quelque peu unique qui unit les petits geeks que nous sommes tous. Dans le temps, il s’agissait de s’acoquiner avec la science pour briller en société et peut-être impressionner les donzelles. A présent, les cabinets de curiosités sont devenus beaucoup plus accessibles, puisque nous n’avons plus besoin d’aller courir les 5 continents pour ramener des trésors. Internet a vraiment changé la donne. Vous pouvez presque tout trouver sur des sites comme Natura buy, par exemple. Par contre, les dimensions végétales et minérales font souvent l’objet de collections à part, les meubles de cabinet de curiosités étant plus dédiés aux objets plus rares et particulièrement aux spécimens humains.

Vous avez bien lu. Je vais vous parler de la passion pour les bocaux et autres écorchés de matériel humain. Bien évidemment, tout le monde a eu un « Oscar » en classe de biologie au collège, et je suis sûre que vous n’avez pas pensé une seule seconde que c’était là un vrai mort que vous aviez devant vous. Et pourtant. Tous les établissements scolaires qui avaient encore leur équipement d’avant 1970 (voire plus tard), possédaient de vrais squelettes. Il était de pratique courante dans les années 50 de faire don de son corps pour les collèges. Par la suite, les squelettes furent moulés et fabriqués en série, pour réduire les coûts (le matériel humain est très cher à la revente), et probablement pour ne pas choquer le public.

C’est un bon début pour commencer une fascination de l’anatomie, version interne. La plupart des collectionneurs de crânes et autres ossements/bocaux de parties de corps ne sont pas des détraqués, n’en déplaise à certains ! Ce sont simplement des passionnés d’anatomie et de fonctionnement général du monde animal. Si on ajoute à cela une certaine appétence pour la médecine, ou des cultes religieux et hop, on obtient un petit collectionneur version cabinets de curiosités.

Globalement ce sont des collections particulièrement impressionnantes et intéressantes. Etant moi-même dans ce cas, je peux vous dire que les plus beaux musées, en termes de nature morte, sont les cabinets de curiosités. Je ne peux que chaudement recommander la visite des collections privées dans les grandes villes. Certaines sont à tomber par terre, tellement c’est beau (les musées d’anatomie de Londres ou de Rome sont des vrais joyaux).

L’accumulation est également caractéristique de ce type de collection. Vous pourrez observer des spécimens très nombreux, dans un petit espace, chacun étant mis en valeur par son voisin, très proche ou avantageusement mis en vitrine (ou sous cloche, c’est selon).

La motivation principale est donc très souvent l’accumulation, et une certaine idée de l’Art ou de l’esthétisme. Certains vous parleront de la beauté intrinsèque d’un crâne, alors qu’ils trouvent les humains pas particulièrement « beaux ». D’autres vous diront simplement qu’ils aiment tellement les papillons qu’ils veulent les avoir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour pouvoir les dessiner ou les peindre, ou les étudier afin de parfaire un enseignement. Ainsi, « body world, l’exposition », était, à la base, destinée aux étudiants allemands de tout âge. Je dois dire que c’était hautement instructif.

Au-delà de ça, la possession est totalement indéniable et obligatoire, l’homme ou la femme derrière le cabinet de curiosités cherchant à avoir la plus grande et la plus belle collection, et à la protéger. C’est une passion dévorante et plutôt onéreuse.

Quoiqu’il en soit, les cabinets de curiosités attisent toujours les convoitises et émerveillent un certain type de public, toujours plus vaste. Les musées font souvent la part belle aux taxidermies et aux ossements, et je ne peux que vous conseiller de visiter les musées nationaux des différents pays que vous traverserez. Vous y trouverez beaucoup d’informations intéressantes.

Pour le recyclage d’Oscar, je vous conseille la lecture de cet article ; https://www.intendancezone.net/spip.php?article1 , c’est très… créatif !!!

 

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