Mortal Engines – Chris Rivers

Après un holocauste nucléaire, les villes sont devenues mobiles pour préserver le sol. Londres est une méga cité qui absorbe toujours plus de petites structures. Tom Natworsthy, originaire des niveaux inférieurs et Hester Shaw, venue des Outlands, découvrent quelque chose qui pourrait changer le futur à jamais.

Les Moteurs Mortels (Mortal Engines, donc), a été annoncé comme le « prochain Peter Jackson ». En réalité, P. Jackson est producteur et co-scénariste pour cette fiction tirée d’un roman éponyme de Philip Reeve, premier tome de la série littéraire Tom et Hester. Annoncé en 2009, le film est finalement lancé en 2016 avec le choix d’un réalisateur : Christian Rivers. Il signe ici son premier film à la barre de la réalisation, sous la houlette de son mentor de toujours. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, Christian Rivers est loin d’être un inconnu. Il fait partie de l’équipe depuis le tout début, il a commencé sur Braindead, alors qu’il était âgé de seulement 18 ans. Il a été responsable des story boards et autres animations, et a même gagné un Oscar pour l’animation de Kong en 2005. Ce n’est donc pas par hasard qu’il se trouve être la personne que P. Jackson a choisie pour donner vie à Mortal Engines.

Le film commence immédiatement sur des plans extrêmement vertigineux (c’est le cas de le dire) de Londres (mégapole roulante), bardée de codes steampunks magnifiques et d’effets absolument parfaits, qui avale très vite une plus petite cité. Tout de suite le ton est donné. Le but est d’éblouir et je dois dire que ce début était plutôt très impressionnant sur grand écran. Tom (Robert Sheenan, rappelez vous, Nathan dans the misfists <3), apparaît à l’écran. Il travaille dans le museum et collecte les objets « retros ». Dans le même temps, une jeune femme masquée, Hester Shaw (Hera Hilmar, que vous avez peut-être vue dans la série Da Vinci, entre autres) entre dans la cité de façon discrète. La rencontre entre les deux protagonistes principaux est plus que mouvementée et ils se retrouvent pris ensemble au beau milieu d’une histoire politique teintée d’écologie.

Assez curieusement, aucun des thèmes ne se détache vraiment, si ce n’est une très forte propension aux stéréotypes, à la manière de Serenity (le film qui clôt la série Firefly, si vous voyez de quoi je parle). J’ai beaucoup entendu que ce côté très marqué était beaucoup trop important, et qu’il était visible comme le nez au milieu de la figure. Il est vrai qu’on ne peut guère se tromper. Hester Shaw cherche la vengeance, Tom est un amoureux transi romantique, Anna Fang (campée par la chanteuse coréenne Jihae) est une révolutionnaire badass, Hugo Weaving (l’inoubliable Monsieur Smith ou encore Elron, acteur emblématique de Jackson) le grand méchant, etc… il n’y a pas une once de subtilité. Comme dans Serenity, cela ne m’a absolument pas dérangé. J’attribue ça à mon esprit purement rôliste, j’en oublie tout quand un film me fait penser à un jeu de rôle. Ici on a l’impression de se retrouver dans un scénario d’un JDR version un peu ado (mais pas trop), avec des parties pas assez développées, mais qui finalement suffisent à équilibrer l’histoire. Alors oui, le film manque de profondeur, les personnages ne sont pas assez fouillés au détriment des décors et des effets qui emportent tout. Mais comment ne pas être impressionné par ces images, d’une beauté folle et ces villes, tellement incroyables. On dirait Le Château dans le ciel mixé avec Mad Max, comme quelqu’un me l’a judicieusement fait remarquer. C’est pas faux, il y a de ça. Le côté adulte de Mad Max en moins. Parce que, il faut le dire, c’est assez adolescent, quoique beaucoup moins que Divergente ou autre Jupiter Ascending (bon je vous ai cité les deux que j’ai trouvés les plus eau de rose/guimauve. Pour ma part, j’ai quand même préféré Hunger games ou le labyrinthe par exemple)(d’ailleurs, fun fact : toutes les personnes avec qui j’ai parlé qui ont aimé Jupiter Ascending ont détesté Mortal Engines. A l’inverse toutes celles qui n’ont pas aimé Jupiter Ascending, l’ont trouvé plutôt pas mal!).

Mais mes amis, quelles villes incroyables. Certes la cohérence est quelque peu mise à mal, au final, comme dans un jeu de rôle. N’oublions pas qu’ici il s’agit d’une adaptation d’un roman pour des enfants de moins de 10 ans, sauce « adulte » afin de cibler un public plus large. Et honnêtement, si l’on ne tient pas rigueur des stéréotypes, on ne peut décemment pas dire qu’il est raté. La patte de Jackson est là, indéniablement dans le côté sombre des plans mécaniques et poétiques à la fois, avec cette volonté de nous laisser dans un moment très épique. La bataille du gouffre de Helm n’est vraiment pas très loin.

Que dire des acteurs ? Je les ai tous trouvé très justes. Les figurants eux-mêmes sont parfaits, et chaque stéréotype est parfaitement incarné. Les scènes de flashback d’explication semblent appartenir à un autre temps et un personnage mécanique que j’ai adoré est tout simplement essentiel tout en étant totalement WTF. Comment peut-on parler de Shrike sans spoiler ? Je ne peux que vous dire qu’il s’agit d’une espèce de Terminator ultime et fascinant, un monstre humain (campé par l’excellent Stephen Lang, vu récemment dans l’excellent Hostiles) qui tient une grande place dans la vie d’Hester et qui va être à la fois son sauveur et sa Némésis. Ce personnage est un vrai coup de cœur tant il est ambivalent et en même temps fidèle à lui-même et à l’esprit même des machines.

Hera Hilmar (le rôle principal d’Hester Shaw), nous semble assez nouvelle et fraîche, mais ne vous y trompez pas. C’est une actrice depuis son plus jeune âge fille d’acteurs. Elle a une façon très naturelle d’incarner ce personnage quelque peu écorché par la vie. Robert Sheenan quant à lui est beaucoup moins charismatique que dans Misfits (à mon humble avis) et souffre un peu de la présence écrasante de sa collègue et bien entendu du très talentueux Hugo Weaving. Il me semble que Tom, tout en étant la base (avec Hester) de l’histoire, a été quelque peu « bâclé » en comparaison. Ceci dit il s’en tire quand même très très bien, ne vous méprenez pas.

Hugo Weaving, je ne peux même pas dire à quel point j’apprécie ce monsieur, qui passe de gentil à manipulateur en un seul regard. Pour le moment ses prestations ne m’ont jamais déçues, même si le rôle de Thaddeus Valentine est quelque peu scripté. Il joue néanmoins la grandiloquence et l’arrogance à la perfection. Vous verrez également beaucoup de seconds rôles importants ou non (en particulier Anna Fang, campée avec brio) que vous n’aurez aucun mal à identifier. D’aucuns diront que certains rôles sont volontairement trop simplistes ou sous exploités et globalement cela me semble normal dans le contexte. L’histoire doit rester simple et accessible, peut-être aurons-nous un développement dans une suite. Ou pas. Je dirai que ça n’a pas vraiment d’importance, le film peut se suffire à lui même.

En conclusion, je dirais que ce film n’est pas du tout le ratage dont certains le qualifient. Je dirais que c’est un film plutôt pour les adolescents et jeunes adultes, qui ne se prennent pas trop la tête et qui veulent du grand spectacle. Les personnages sont attachants, l’action est là, le fond est en demi-teinte (pas assez développé dans certains aspects, mais ça passe), il y a aussi une mini histoire d’amour sous-jacente (contrairement à beaucoup de mes amis, je ne l’ai pas vue tant que ça. Si on considère mon réel désamour des bluettes, on peut se dire que c’est tout à fait supportable!)… bref tout ce qui fait un blockbuster assez agréable pour un dimanche après midi quoi !

Mortal Engines

d’après le livre de Philip Reeve

créé par Peter Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens 

réalisé par Christian Rivers

avec : Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving

Universal Pictures / WingNut Films

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