La guerre pour Cybertron est perdue pour les Autobots. Afin de permettre à ses troupes de fuir, Optimus Prime charge ses lieutenants de rejoindre divers mondes où ils pourraient établir une base de regroupement. Bumblebee se voit confier la Terre où il atterrit à la fin des années 80. Il va y rencontrer la jeune Charlie qui va devenir son amie. Mais les Decepticons ne sont pas loin…
Bumblebee est le premier spin off de la franchise Transformers initiée en 2008. Pour l’occasion, Michael Bay a lâché la caméra au profit de Travis Knight, jeune réalisateur issu du monde de l’animation (Kubo et l’Armure Magique). Le film marque aussi un simili reboot de la franchise, du moins sur certains points, nous y reviendrons.
Le scénario de ce nouvel opus est assez simple : Charlie est une adolescente un peu rebelle qui a perdu son père et se retrouve dans une famille recomposée où elle peine à trouver sa place. Alors qu’elle cherche une première voiture, elle croise par hasard une vieille coccinelle jaune qu’elle décide de retaper. Celle-ci se transforme en robot géant et elle le surnomme affectueusement Bumblebee.
La relation femme-extraterrestre est donc au centre de l’histoire, dans une variation qui évoque facilement les productions Amblin des années 80 (et E.T. de Spielberg, bien entendu). Car si l’introduction se concentre sur la bataille de Cybertron et sur l’arrivée de Bumblebee sur Terre, le reste du film s’intéresse surtout à leur apprivoisement mutuel. Hailee Steinfeld joue très bien l’adolescente rebelle en mal de repères et tire vers le haut les scènes intimistes, bien aidée par le soin apporté au Transformer, Bumblebee se révélant expressif et souvent amusant par sa gaucherie.
Ce duo tient tout le film et laisse des miettes aux autres. Seul Memo (Jorge Lendeborg Jr.), en chevalier servant de l’héroïne, parvient à exister, à ne pas être juste une fonction scénaristique. La famille de Charlie n’en fait pas des tonnes dans l’humour potache (ce ne sont pas les Witwicky de Bay), mais sert simplement à la mettre en valeur dans un rapport conflit/amour typique des films sur l’adolescence.
Les autres ? Ce sont principalement les soldats, comme dans le reste des films. Ils sont issus du Secteur 7, bien connu dans la franchise, mais se montrent inutiles : John Cena joue le gros dur, dépassé par les événements, qui se révèle sympa ; John Ortiz paie ses impôts en justifiant la partie la plus stupide du scénario.
Car oui, la partie consacrée aux Transformers n’est pas transcendante. Si l’on passe sur l’introduction, les apparitions des Decepticons sont rares et mal cadrées dans le récit : ils croisent des humains stupides, leur racontent un mensonge énorme qui passe sans questionnement pour juste « réveiller » Bumblebee en fin de film dans un enjeu final globalement peu stimulant : pas de tension, peu d’enjeux sont en place à ce moment-là. On peut même s’interroger sur l’intérêt du réalisateur pour ces scènes tant elles font preuve de peu d’inventivité ou d’intégration dans la dynamique du duo principal.
D’autant que les effets spéciaux ne sont pas forcément au niveau des autres films de la franchise. Bumblebee a profité d’un traitement de faveur de ce point de vue, avec des animatronics dans les plans rapprochés pour faire « dans le dur », mais le reste ressemble à la majorité des effets visuels produits à la pelle par des studios pressés : mauvaise intégration dans des décors réels, scènes de combat en mode cinématique de jeu vidéo (le premier affrontement de Bumblebee sur la montagne est à ce titre affreux), effet toc des Transformers. Ce côté technique risque de vite vieillir, et très mal. À titre de comparaison, il faut jeter un œil à Transformers 1, douze ans après, qui reste tout à fait correct de ce point de vue et témoigne d’un vrai talent technique de Michael Bay.
À la vue du film, on peut s’interroger : s’imbrique-t-il dans le reste de la franchise ou est-ce un reboot ? La question mérite d’être posée tant Bumblebee tente de ménager la chèvre et le chou, de ce point de vue.
Il y a une vraie volonté de se référer aux autres films, particulièrement le premier, par plusieurs clins d’œil disséminés çà et là. Pèle-mêle, on croise l’agent Simmons jeune, la base du Secteur 7 est bien le barrage où est détenu Mégatron. Ce dernier est absent de la bataille de Cybertron. Bumblebee se transforme en Camaro à la fin du film, forme sous laquelle il rencontrera Sam Witwicky ensuite.
Pourtant, on remarque des divergences chronologiques qui ne sont pas immuables, mais interrogent : Transformers 5 établissait la première venue sur Terre de Bumblebee lors de la deuxième guerre mondiale, or ce film établit une première arrivée dans les années 80 ; les Autobots arrivent sur Terre à cette époque, ce qui brise tout l’impact de leur apparition dans le premier opus ; Il n’est fait aucune mention du Allspark ou de sa disparition ; le Secteur 7 connaît l’existence des Transformers depuis plus longtemps qu’initialement – mais n’a pas développé de technologie pour les arrêter.
Côté cohérence de la franchise, on notera enfin l’absence du matériel thématique dans la musique de Dario Marianelli. Le compositeur signe une partition propre, mais totalement oubliable et sans intérêt. Dommage.
Conclusion
Bumblebee est une réussite là où on ne l’attend pas : la relation humain/machine et les scènes intimes ou de comédie. Pour le reste, le cahier des charges est suivi sans motivation. Autant dire que si vous venez voir de gros robots se battre, ce film n’est pas pour vous.
Bumblebee
Un film de Travis Knight
Avec Hailee Steinfeld, John Cena, John Ortiz, Pamela Adlon, Jorge Lendeborg Jr.
Paamount Pictures / Hasbro
Disponible en DVD et Blu-ray