Doctor Who saison 9 – Murray Gold

 

La bande originale de la saison neuf de Doctor Who a connu un itinéraire singulier puisque qu’elle sort près de deux ans après la diffusion de la série, après une opération ratée autour des droits musicaux.

En 2016, la BBC annonce fièrement avoir vendu les droits musicaux de sa série phare à BMG, gros label qui n’a jamais daigné éditer le moindre album ou MP3  en presque deux ans. Retour à la case départ et c’est l’éditeur historique Silva Screen Records qui s’y colle, pour un imposant coffret 4 CDs.

Les deux premières galettes sont consacrés à 11 épisodes de la saison 9. On y retrouve le mix habituel de l’ère Moffat : un peu d’électro et pas mal de papier peint musical (cf la gâchis de The Morpheus Song). Heureusement, plusieurs segments demeurent intéressants.

Les premières pistes du CD1 sont consacrées au retour de Davros, créateur des Daleks. Le thème des exterminateurs galactique revient enfin – absent depuis la saison 5 – dans une opposition avec ceux du Docteur, de Clara et de Missy. Murray Gold revient à ce style si narratif qui lui convient parfaitement. Des développements sympathiques autour du personnage d’Ashildr (Two days on a longboat, I am Ashildr) offrent une parenthèse celtique bienvenue à l’écoute un peu monotone du CD1.

Le CD2 revient plus en détail sur le thème du Docteur version David Capaldi (This is not a war, Defending the Earth, Saving Rigsy), mais propose surtout avec Face the Raven un morceau de bravoure sombre, long de plus de sept minutes, auquel le compositeur ne nous a pas habitué. Après une ouverture au piano martelé, doublé de percussions métalliques pour faire monter l’intensité, le piano reprend la main en version désaccordée pour jouer le thème de Clara en mode mineur, puis ce sont les cordes qui prennent le pas afin d’offrir un motif final au personnage. Une cloche apparait parfois pour rappeler que l’heure a sonné pour la compagne du Docteur. La harpe et le piano reprennent leur élégie avant de se conclure sur une chouette mélodie aux cordes de la plus belle tradition DW.

A noter que cet album se termine sur une reprise à la guitare du thème de Clara, façon élégante de dire au revoir à cette douce mélodie.

 

Le troisième CD constitue le plat de résistance de cette fournée. Il est consacré intégralement à un seul épisode de la saison, Heaven Sent. Cette démarche est inédite sur Doctor Who, mais s’explique par la grande qualité de l’ensemble. À l’image de l’épisode, sans doute l’un des meilleurs de la série, Gold développe une marche inexorable qui n’est pas sans rappeler la Sarabande d’Haendel, popularisée par Stanley Kubrick dans Barry Lyndon.

Le bouquet final, The Shepherd Boy, est une ode au courage du personnage principal. Dans cette boucle mélodique qui ne cesse de gagner en intensité à mesure que les pupitres gagnent en densité et en puissance, on retrouve tout cette illustration du courage et de la ténacité du Docteur. Ce morceau est digne des grandes heures de la série par sa puissance d’évocation, il rappelle tout le talent de Gold et établit un pont musical pertinent avec l’épisode des 50 ans de la série (This Time There’s Three of Us sur l’album The day of the Doctor).

Forcément, le dernier CD ne peut lutter en terme d’intensité. Consacré tout entier à l’épisode de Noël The husbands of River Song, il se révèle plus léger avec une approche jazzy et sautillante qui est divertissante (A dying Husband, The Husbands of River Song), agrémentée ça et là de chouettes pistes récréatives (Harmony and redemption avec son ton de comptine, ou la courte piste d’action All the firewalls in the galaxy).

Mais c’est à nouveau quand le ton grave s’impose, dans les trois dernières pistes, que Murray Gold fait des merveilles. À grands renforts de thèmes, il y retrouve sa puissance narrative. On citera notamment A restaurant with a view où le thème de River Song revient dans un crescendo inachevé, qui rappelle que le personnage n’est pas encore tout à fait celui que l’on connaît.

Dans The singing Towers, c’est cette fois The mad man in the box qui ressuscite. Jouée comme une marche lente et magnifiée par la voix de la soliste, elle offre un autre au revoir, à River cette fois, personnage étonnant qui bénéficie d’une dernière piste émotionnellement très forte.

Conclusion

Malgré deux premiers CDs trop complets (sic), le coffret consacré à Doctor Who saison 9 vaut le coup d’oreille, particulièrement quand Murray Gold démontre qu’il n’a rien perdu de sa verve narrative. Signe que quand la série s’en donne les moyens, il continue de répondre présent.

Doctor Who saison 9

Composé par Murray Gold

Coffret édité par Silva Screen Records

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