Raven : Bonjour Whispe, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Whispe : Salut, je m’appelle Jérôme dans la vraie vie, j’ai 33 ans, je travaille au chantier naval pour le coté alimentaire et je fais en parallèle pas mal de création de jeux, peinture de figurine etc.
Je suis plutôt éparpillé niveau jeu, multiclassé rôliste (râliste même peut-être) figuriniste, joueur de plateau etc… Seul le jeu vidéo m’a globalement épargné mais c’est plus une histoire de finance.
R : Comment es-tu venu à la figurine ?
W : Initialement j’ai découvert le JDR par le biais des Cassus Belli de la bibliothèque municipale d’Aubervilliers… j’ai plongé assez rapidement. De fil en aiguille, j’ai découvert et subit quelques démos de jeux Games Workshop en boutique. J’ai trouvé ça terriblement ennuyeux, du coup mon rapport à la figurine était mal parti…
Quelques années plus tard, j’ai redécouvert la figurine par le biais de Confrontation lors du Salon du jeu qui se faisait en parallèle du mondial du modélisme à porte de Versailles en 98 il me semble, je ne me rappelle plus précisément. A ce moment précis, j’ai su que j’étais piégé…
J’ai fini par céder puis craquer sur tout un tas d’autres jeux quand le choix de jeu en France s’est développé !
R : Peux-tu nous parler de Fury ?
W : Fury est né d’un projet qui trainait dans un coin de ma tête lorsque j’étais à l’armée. Beaucoup de jeux s’orientait vers du jeu uniquement scénarisé et un peu moins létal. Je voulais un jeu plus pyrotechnique (coucou Anima) dans un univers bien décalé. L’idée était de sortir des sentiers battus en lâchant un univers complètement dément mais cadré quand même. Dominé par un empire Orque, avec une pointe de technomagie en sous-main, acerbe et moins «manichéen » que ce que propose la fantasy en jeu de figurines. Je voulais surtout un jeu permettant d’enchainer quelques parties et scénarii sur une soirée grâce à une mécanique fast & furious.
R : Quel est le point fort du format de jeu et/ou de sa mécanique ?
W : Déjà la rapidité, en tournoi, ça laisse le temps de parler à son adversaire ou de torcher la partie rapidement pour aller se jeter une ou deux bières au bar.
Ensuite, c’est terriblement létal et centré sur le corps à corps, avec tout un tas de posture permettant de moduler son profil.
Pour finir, la spécificité est évidemment la Furie, dans Fury : Outburst Control, les héros/chefs etc ne sont pas forcement des brutes mais plutôt des soldats un peu supérieurs à la moyenne de l’unité dont ils sont issus. Toutefois, ils disposent d’une Fury (les amateurs de jeux vidéo de baston reconnaitront le concept) qui monte au fur et à mesure de la partie et leur offre la possibilité de lâcher une technique de brute ou d’accroitre leur caractéristiques, mais sur un temps limité.
Sur le visuel, on est sur un parti pris BD et old school qui se détache un peu des standards assez uniformes de la figurine actuelle avec ponctuellement des références pop-culture un peu fun. En bonus, les scénarios (teintés par une ombre d’humour et de clins d’oeils) permettent de pimenter le jeu sans pour autant sortir du coté jeu de collage de mandale !
R : Un joueur comme toi connaît l’importance de trouver des partenaires d’affrontement pour assurer la pérennité d’un jeu (coucou Wrath of Kings) ; qu’est-ce que tu fais pour développer la communauté ?
W : Aaaah, WoK, mon grand désespoir, ce jeu est un des meilleurs dans sa catégorie mais il souffre d’une méconnaissance du public…
J’essaie de faire des salons dès que possible et de présenter à un maximum de monde. Les réseaux sociaux aident bien aussi. Malheureusement, j’ai dernièrement traversé une passe difficile ces temps-ci et perdu le fil de la communication. Mais Fury n’est pas mort, j’ai bon espoir que le prochain KS et la faction qui en découleront pourraient attirer de nouveaux joueurs. Après, il faut vraiment que j’apprenne à m’appuyer sur la communauté.
R : Tu écris aussi pour le jeu de rôle, est-ce qu’une version de Fury pour ce médium est à prévoir ?
W : Plus que tout, l’univers s’y prêterait à merveille, j’y travaille calmement mais il va falloir que j’accélère et que je lance les tests du système. J’aimerai vraiment en faire le gros projet de 2019.
R : Si l’aventure Fury était à refaire, comment t’y prendrais-tu ?
W : Je travaillerai la communication et je lancerai un financement participatif bien plus tôt. En fait si tout était à recommencer, je mettrai de coté l’intégralité des sous de mes opex et mcd pour avoir un fond de départ plus conséquent. J’essaierai aussi de m’entourer plus et plus vite d’autres personnes pour porter plus facilement le projet.
R : Des conseils pour quelqu’un qui voudrait suivre le même chemin que toi ?
W : Aaaaaah, la question piège :D
Déjà, l’argent, bêtement c’est le nerf de la guerre. Il faut être strict et surtout faire beaucoup de tests. Ensuite, il est impératif de faire un énorme travail de communication et surtout partir avec un gros capital de départ ! Et du soutien, l’entourage a une part primordiale dans le lancement d’un tel projet. Idéalement, il vaut mieux pouvoir être autonome sur un des aspects « artistiques » (concept/sculpture/peinture), les deux derniers étant le plus couteux donc ceux qui ont le plus d’importance… (il suffit de voir comment Mohand avec une combo solidement maîtrisées des deux dernières a pu développer ses gammes).
R : Merci camarade !