Après le sublime et incontestable chef d’œuvre que constitue Shadow Of The Dying Sun (sorti en 2014), les finlandais d’INSOMNIUM se rappellent à notre bon souvenir. Toutefois, ce n’est pas avec une production tout à fait classique qu’ils reviennent, mais avec une seule chanson…de 40 minutes !
L’histoire de ce morceau/album, intitulé Winter’s Gate, est également originale puisqu’elle est tirée d’une nouvelle écrite il y a quelques années par le bassiste/chanteur Niilo Sevänen. Cette histoire raconte l’aventure d’un groupe de Vikings parti à la conquête de l’Irlande. Nos scandinaves préférés faisant très bien les choses, l’album est également livré avec un deuxième CD au format livre audio (en anglais, finnois ou allemand) où le chanteur de la formation nous lit l’histoire originale.
Mais revenons-en à ce qui nous intéresse ici : la musique.
Le format chanson-album est, de base, plutôt casse-gueule. L’écueil principal étant de pouvoir capter l’attention de l’auditeur sur toute la durée du morceau et de ne pas tourner en rond. Mais, si j’avais quelques craintes avant de débuter l’écoute de ce 8e album d’INSOMNIUM, j’avoue avoir été agréablement surpris et rassuré.
En effet, dès le début de ce Winter’s Gate, le groupe reprend les choses où, musicalement, il s’était arrêté avec Shadow Of The Dying Sun. C’est à dire un Death Metal hautement mélodique et mélancolique. Alternant blast et growls furieux accompagnés de mélodies entêtantes (2e minute) parfois rehaussées de cuivre (8′) et accalmies bienvenues, ces 40 minutes passent finalement toutes seules. Le tour de force du groupe est notamment d’arriver à varier toutes ces atmosphères sans avoir besoin de répéter un thème ou une signature harmonique tout au long du morceau. Seuls ces changements d’ambiances, parfois jazzy (12′), souvent sublimes (25′) toujours fluides (16′) rythment donc le morceau et permet de nous emporter dans l’aventure sans jamais en être lassé. La nouveauté également dans cet INSOMNIUM version 2016, c’est cette ambiance lourde et pesante qu’arrive à instaurer le groupe avant d’accélérer le propos (27′). Les rythmiques puissantes associées aux mélodies magnifiques qui sont la marque de fabrique du groupe sont bien sûr de la partie (35′), mais de manière peut-être plus discrète, moins évidente, quoique toujours pertinentes.
Finalement, quand arrive la fin du morceau, on se surprend à se dire « Quoi ? Déjà !? » et à rappuyer illico sur la touche « play ». Même lorsqu’il s’agit de trouver un défaut à ce concept-morceau-album, seul pointe un sentiment de frustration de ne pas avoir tout le produit fini et l’impression de n’avoir qu’une partie de l’aventure. Ce qui est plutôt bon signe !
En définitive, si Shadows Of The Dying Sun avait su installer INSOMNIUM au sommet de son art, Winter’s Gate, de part l’originalité de son format et la qualité de son écriture, maintient clairement les finlandais bien au-dessus de la mêlée du genre. Du tout bon !
Winter’s Gate
Insomnium
Century Media
2016