Le Steampunk était à l’honneur au moment du Salon Fantastique, début novembre et c’est à cette occasion qu’il m’a été donné de découvrir un des meilleurs romans de steampunk qui me soit jamais tombé entre les mains. Je ne connaissais pas Nicolas Le Breton dont il s’agit là du premier roman en imaginaire, et c’est un franc succès. Je vais vous en dire plus dans quelques instants mais sachez que si vous aimez le steampunk alors il faudra vous précipiter sur ce titre.
La couverture est comme beaucoup de celles des Moutons Électriques : elle me laisse un sentiment bizarre. Elles sont clairement esthétiques mais j’ai régulièrement la sensation qu’il me manque quelque chose, c’est assez difficile à définir. Toutefois elle s’accorde parfaitement au roman et à son univers. La quatrième nous explicite plus cette visible histoire de dirigeable que nous allons découvrir…
L’automobile n’a jamais été inventée. On parcourt le monde en ballons, dirigeables et autres aérostats. En cette année 1912 monsieur Louis Lépine, préfet de Seine et père du célèbre concours, s’embarque dans une drôle d’affaire. Des morts qui s’animent et enlèvent de belles dames et de savants messieurs (ou l’inverse). Des moteurs étranges qui soufflent le feu et le froid. Des automates fous et des mécaniques hantées. Une conspiration qui éclaire sinistrement les enjeux secrets de la Première Guerre mondiale.
Dans une course de Paris aux Indes, de l’Himalaya aux champs de bataille d’Ypres, un roman échevelé, qui swingue comme les premières notes d’un jazz endiablé, qui gigue comme le pont du dirigeable dans la tempête, qui siffle de vapeur sous pression et chauffe comme une section de cuivres bien lubrifiée.
La quatrième de couverture nous donne une excellente idée de ce roman car effectivement vous allez voyager, et loin. Nicolas Le Breton vous emmène depuis le Paris d’avant-guerre jusqu’en Inde, tout cela à travers des paysages sublimes sur la piste d’un être capable de ressuciter les morts. Sur un récit de ce type, avec beaucoup de changements de lieux, des voyages longs, on pourrait craindre qu’un certain ennui ne vienne prendre le lecteur mais le récit est mené tambour battant, sans temps morts artificiels et sans que le lecteur ne voie les pages s’écouler entre ses mains.
Comme d’habitude avec les Moutons l’aspect littéraire du texte tient une part vitale et l’on sent bien ici que la plume de Nicolas Le Breton est particulièrement travaillée, esthétique et pourtant limpide. Il n’y a rien de plus énervant, lorsque l’on lit un roman d’auteur français, que de trouver énormément de fautes, contresens, ou simplement des fautes de style grave. Et là rien de tout cela, les mots coulent comme une rivière et viennent abreuver le lecteur. Du très très bon travail à la fois d’auteur et éditorial, c’est certain.
Juste un mot sur l’objet en lui-même qui est très réussi : une magnifique couverture rigide rouge, la jaquette en papier brillant, le tout emballé donne une première impression du meilleur effet. On voit malheureusement trop peu de beaux livres comme celui-ci à des prix abordables, ce qui est le cas ici, donc je ne peux que me féliciter du travail des Moutons sur le livre en tant qu’objet.
Les Âmes envolées est donc un excellent premier tome pour une nouvelle série steampunk, Pax Germanica, qui promet beaucoup pour les temps à venir. Ce genre est actuellement trop peu connu en France alors que pourtant il mériterait les devants de la scène tant il vient trancher avec ce qui se fait habituellement, et cela donne, je dois dire, un aspect clairement rafraîchissant à l’ensemble. Nicolas Le Breton maîtrise son sujet à la perfection et vient nous embarquer dans une aventure inattendue, pleine de saveurs et de découvertes. Le rythme est enlevé, le style précis, pour que le lecteur se perde avec délectation dans ces pages. Un magnifique succès littéraire à découvrir d’urgence.
Les Âmes envolées
Pax Germanica I
Nicolas Le Breton
Bibliothèque Voltaïque
Les Moutons électriques
22 €